Patchwork – La courte pointe du Grand Chantier est terminée

La Courte pointe du Grand Chantier est terminée.

Ce défi lancé par la Mère Castor a démarré il y a juste un an.

Je viens de finir le matelassage.

Je souffre de mon index droit, mais je suis contente du résultat.

C’est une vue d’une rue de New York qui m’a servi de support pour faire plaisir à Adèle,

après  avoir planté les racines de cet ouvrage,

quelqu’un devait apparaitre…

Les mots des pages imposées m’emmenaient à chaque fois plus loin … vers Rosalie, Mathurin et Maurice,

chacun y a mis son grain de sel… la Mère voulait un grain de sable…  et tout s’est grippé…

j’ai continué mon bout de chemin, d’autres idées germaient,

Des autres ont pris les grands chemins et, pour eux, l’inéluctable est arrivé, la fin aussi pour certains.

Mais le retour, pour ceux qui restaient, fut encore plus beau, ce fut l’été

et comme une brise, Amphoxius est passé en voiture … ou à vélo, je ne sais plus

en tous cas c’est sans aucune contrariété que l’automne est arrivé,

et avec le pouvoir de l’imagination, les mots couraient en guise de points sur les tissus,

et les points écrivaient des messages d’amour.

C’est avec une très grande joie que j’ai participé à ce Grand Chantier. J’avançais à pas très irréguliers tout au long de l’année, pas trop vite, ni trop doucement quand même.  J’ai découvert les projets des autres participants avec surprise et délectation. Il y avait du visuel et de l’écrit, c’était un pur régal. Je vais frapper chez la Mère, et elle fera peut-être signe en montrant son chantier terminé.

certains du  “grand chantier”sont ici et ou , , , , , , , , , , , et plouf

Patchwork – Tesselations sur un couvre lit

Cette courte pointe recouvre son lit. On y retrouve les tabliers de ma grand-mère, les chemises de mon mari, des restes de robes que j’ai faites …

Elle a choisi les couleurs des tissus et m’a laissé libre choix pour les assembler à ma façon. Elle m’avait entendu coudre tout un dimanche…

Je revois ses yeux et ceux de ma mère quand j’ai retiré l’ouvrage de ma MAC, en disant que le top était fini.

une petite bordure de triangles entoure l’ensemble … et puis j’ai matelassé chaque fleur différemment…

Patchwork – Paper piecing pour un autre portrait

« Elle me rend mon ticket. J’étudie ses mouvements, sa voix, la manière dont ses yeux me balaient de haut en bas. Elle sent le savon, et le parfum… Ses cheveux noirs jusqu’aux épaules sont légèrement humides, et je m’imagine qu’elle a pris une douche … Sa peau olivâtre lui donne un air légèrement exotique, et elle parle avec un accent érotique. Elle a un beau corps bien musclé et une peau ferme. Ses yeux bleu foncé plongent dans les miens et voient en moi… Ses doigts frottent délibérément ma main. Elle me désire, mais je l’aime trop comme chauffeur de bus pour lui accorder ça.…peut-être vais attendre qu’elle change de boulot…»

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Un autre portrait que j’ai assemblé en utilisant la technique du paper piecing

Patchwork – Des mots une histoire 76

Des mots, une histoire … me trottent dans la tête …

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…Il fallait se rendre à l’évidence, il n’était pas disposé à finasser maintenant, il avait vécu des moments époustouflants, intensément jusqu’à saturation dans un univers fabuleux où se succédaient attentes et rituels. Il ne semblait pas aimer être enquiquiné, et ne chicanait pas non plus.

Avait-il l’age d’être en retraite? Quand j’y pense, il avait une certaine prestance avec sa chevelure d’un blanc grisonnant. Rien à voir à côté de cette collection d’individus adossés aux portières des voitures sur le parking devant l‘hôpital, tels des mollusques qui passaient leur temps à tordre leurs cheveux aux couleurs de flammèches, pour les dresser en huppes au-dessus de leurs têtes. Nouveauté de la mode ou simple marque de ralliement?…

Edit : c’est ma participation à « Des mots, une histoire » 76ème édition sur le blog d’Olivia Billington. Les mots imposés sont ceux mis en gras.

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Patchwork – Poule libre au poulailler

Poule libre ou renard libre ?   Ou comment faire réfléchir en développant une analogie un peu rapide.

Il y avait dans un coin de Patchworkie un poulailler qui n’avait plus de fermier, et dont les poules avaient obtenu la clef. Dans les environs rôdait un renard, sans Dieu ni maître il convoitait la tendre chair blanche des poules.

Pendant les premiers jours, celui-ci entreprit d’attraper les poules pour s’en nourrir. Celles-ci, émancipées récemment et déterminées à rester maîtresses de leur destinée, organisèrent des tours de garde et se réfugiaient à la moindre alerte dans l’enceinte grillagée du poulailler. Elles colmataient bravement tout début de trou sous le grillage, que le renard s’essayait à creuser la nuit, renforçant la grille par des pierres qu’elles soulevaient de concert. Elles mirent également au point un relais de poules qui indiquaient à tout instant où avait été vu le renard, permettant d’organiser des voyages hors du poulailler partout où le renard n’était point.

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Les poules douées de la meilleure vue et de l’ouïe la plus fine, qui surveillaient, recevaient en échange une part de la récolte des poules endurantes et courageuses, qui sortaient sous la protection de leur surveillance. Le travail était ainsi réparti et malgré les efforts nécessaires pour se garder du renard, elles prospérèrent doucement.

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Bien vite, la faim se mit à ronger l’estomac du renard, qui se voyait privé de juteuse volaille par la farouche autodéfense des gallinacés. Il échafauda cependant un plan. Arborant un drapeau blanc, il s’approcha du grillage et demanda à être entendu. Quelques poules s’approchèrent prudemment pour l’écouter.

“Mes chères poules, cette nuit, une révélation s’est faite en mon âme et conscience. Je reconnais mes torts passés, mes criminelles tentatives pour vous dévorer agressivement. Je renonce à ces voies iniques, et vous propose gracieusement mes services pour vous protéger des dangers que j’ai vu dans la forêt.
– Des dangers dans la forêt ? Ma foi, nous n’en avons jusqu’ici jamais eu vent, répondit une poule hardie.
– Hélas, mes chères poules, il y a dans ces bois obscurs et touffus bien des monstres plus effrayants, plus voraces et plus violents que je ne l’étais jusqu’à aujourd’hui, reprit le renard. Des loups, des dragons, des centaures chasseurs et des salamandres géantes s’y cachent, et le ciel s’emplit la nuit de rapaces terrifiants et silencieux !
– Voilà qui est effrayant en effet ! Mais pourquoi aurions-nous besoin de ta protection ?

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– Je connais leurs odeurs, les heures tardives où ils s’approchent de votre poulailler. Ils sont d’ailleurs nombreux à tenter de creuser des trous sous votre grillage.
– Ma foi, nous ignorions que ces trous étaient l’œuvre de telles créatures ! Il est vrai que, étant des oiseaux, nous dormons toute la nuit et n’avons pas l’occasion de les voir faire.
– Voyez ! La menace est concrète, qui sait combien de temps il faudra à ces engeances démoniaques pour renverser votre grillage et vous dévorer toutes ?” (A ces mots le renard dût faire un effort pour réprimer la salive qui lui montait aux babines.) “Laissez-moi vous prodiguer mes conseils, et vous protéger la nuit. Je ne demande qu’une maigre part de vos cueillettes en retour, et je n’entrerai pas à l’intérieur du grillage. Je dormirai le jour et veillerai la nuit, ainsi vous n’aurez plus à faire tant d’efforts pour me surveiller tant que le soleil luira: cela compensera de multiples fois la part de récolte que je vous demanderai en échange.”

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Les poules ne répondirent pas de suite, elles se concertèrent, débattirent, se disputèrent comme à leur habitude, sans pouvoir se mettre d’accord. Un tiers d’entre elles environ refusaient de faire confiance au renard. Ce dernier suggéra alors:
“Très chères amies, une telle décision concerne toute votre communauté, elle ne peut qu’engager la totalité d’entre vous ou aucune. Comptez les avis de chacune d’entre vous, et que le plus grand nombre l’emporte sur l’avis des autres !”

La décision paraissait raisonnable. Ainsi fut-il fait: les poules votèrent, le scrutin détermina de laisser sa chance au renard. Celui-ci se ménagea un abri de pierres contre le grillage, ostensiblement tourné vers la forêt, ce qui empêchait les poules d’en voir l’intérieur. “De là, se dit-il, je pourrai tout à mon loisir creuser un tunnel jusque vers l’intérieur du grillage sans être vu, en creusant un peu chaque jour. Je ne suis point pressé, et les poules assureront ma subsistance en attendant le jour du festin.”

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Chaque jour, les poules vaquaient à leurs occupations, jetant de temps en temps un regard inquiet vers la forêt. Qu’un craquement de brindille se fasse entendre dans les environs, les poules imaginaient aussitôt une invasion des pires monstres que la terre eût porté, et elles se rassemblaient vite derrière l’abri du renard. La nuit, le renard tournait bruyamment autour du grillage d’un pas martial, l’air déterminé, jusqu’à ce que les poules fussent suffisamment endormies. Après cela, il grattait la terre dans son abri pour étendre son tunnel.

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Néanmoins, cela représentait bien des efforts, et rapidement il résolut de se faire plus copieusement entretenir par les poules. Une nuit, il renversa quelques pierres contre le grillage, poussant de grands cris. Les poules alertées par ce vacarme se précipitèrent hors de leur abri, et le renard posa fièrement devant elles, affirmant avoir mis en déroute un dragon. Il exhiba une entaille superficielle dans son flan, qu’il avait faite de ses propres griffes, et déclama: “Mes pauvres amies, voyez la blessure terrible que le monstre m’a infligé, voyez le prix que je paie à votre service ! Souffrez donc de m’apporter quelques menus gibiers demain pour m’aider à me rétablir, ainsi je pourrai continuer à vous défendre.”

Les poules convinrent par un nouveau vote que l’accord avec le renard serait ainsi révisé. La récolte des gallinacés, jusqu’ici composée de vers de terre et de grains, comprit dès lors une part croissante de rongeurs et grenouilles. L’excédent de travail ralentit les projets individuels des poules, mais elles y consentirent de bon cœur, persuadées que cela les mettrait hors d’atteinte des terribles créatures nocturnes.

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Le renard prit ses aises, il ne creusait son tunnel qu’avec d’autant moins d’entrain que son estomac était plein. Il se prit à réfléchir pendant sa digestion: “Que ferais-je donc d’un festin de volailles, si je dois ensuite retourner dans les bois chasser les limaces ? J’ai bien meilleur jeu de garder ces poules ignares en esclavage !”

Ainsi fit-il, jouant comédie nocturne, n’épargnant pas ses efforts pour se rendre important auprès des gallinacés. Il en récoltait chaque lendemain la juteuse récompense. Cependant, trois poules plus futées se trouvèrent d’accord pour contester le butin jugé excessif que le renard prélevait sur leur récolte. Le renard saisit immédiatement l’importance du danger qu’il y avait à les laisser mettre en doute son indispensable présence. Il disparut donc pendant toute une journée.

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Les poules qui avaient douté du renard furent conspuées par les autres: “Folles que vous êtes, par votre irrespect pour le bien-être de notre communauté, vous avez mis en fuite notre protecteur ! Nous voilà à la merci des loups et des diables des fourrés !” Toute la journée, la tension se fit sentir dans le poulailler, et on jetait des regards fiévreusement inquiets en direction de la forêt. Les poules votèrent l’éviction des fauteuses de trouble le soir même, et le renard n’eût aucune peine à surprendre deux d’entre elles en pleine nuit, hors de l’abri du grillage. Il dévora la première, et se félicita de sa ruse, mais se dit qu’il avait encore meilleur jeu de faire usage de cette situation providentielle.

Il frotta de l’ail-des-ours sous ses yeux pour les faire pleurer, s’arracha quelques touffes de poil du dos, se roula dans une flaque de boue, et il ramena au poulailler le cadavre de la seconde poule après s’être repu de la première. D’une voix larmoyante, il conta aux poules son combat contre un loup noir immense pour sauver les poules renégates malgré leur attitude envers lui, invoquant le “devoir sacré de protection” qui lui était tout dévolu. Et il proposa aux poules d’enterrer lui-même la dernière des infortunées, ce qui lui fut accordé rapidement. Hors de leur vue, il dévora celle-ci, et devisa de nouvelles façons d’encourager les poules à se perdre dans les bois. Il ne s’inquiéta pas du sort de la dernière poule, après tout il y avait bien des animaux dans la forêt qui se chargeraient de la manger.

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La ruse fonctionna pendant des lunes, le renard jouant de l’ignorance et de la peur des poules, les encourageant à se multiplier, puis à lancer des expéditions plus loin qu’à leur habitude pour tenter de rapporter quelques merveilleuses nourritures aperçues par lui à l’occasion d’une ronde de garde, et il dévorait alors quelques-uns de ces naïfs volatiles. Il gérait ainsi son troupeau de poules, qui assurait en plus sa propre subsistance pendant la journée.

Rien ne vint mettre en danger l’organisation du renard… si ce n’est sa propre gourmandise. L’hiver vint, et les poules ne purent plus récolter grand chose pour nourrir le renard. Celui-ci en conçut grande frustration, sa sinécure était menacée par les intempéries ? Cela ne serait pas permis. Il redoubla d’efforts nocturnes pour impressionner les poules, n’épargna pas son pelage en belles estafilades, fit rouler des pierres, imita un hurlement de loup lors de la pleine lune, creusant à l’occasion quelque début de trou sous le grillage. Des poches se formèrent sous ses yeux de ces longues veilles, il déclara aux poules qu’il ne pouvait continuer ainsi: “Voyez, en hiver, la nuit s’étire en longueur, mettant à mal ma résistance, alors que le jour qui voit votre propre peine se réduit d’autant. Cela, sûrement, appelle quelque compensation !”

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Là encore les poules votèrent que le raisonnement du renard était sage, et elles fustigèrent leur propre inconséquence. Il y eut bien quelques poules pour remarquer que, le jour décroissant, elles avaient moins de temps pour récolter et donc nourrir le renard tout en assurant leurs propres besoins, mais leurs objections furent balayées par les autres gallinacés. Elles offrirent leurs propres œufs au renard. Le rusé canin passa ainsi l’hiver le ventre plein, pendant que les poules s’épuisaient à faire des œufs en subsistant sur de maigres réserves faites à la saison précédente, grattant quelques lichens qui poussaient sur le bois du poulailler. Le printemps vint, et elles étaient exténuées, incapables de sortir pour aller récolter.

Le renard sentit que son calcul tournait court, bien vite il n’aurait plus d’esclaves pour le nourrir gratis. Mais plutôt que de mettre fin à la mascarade de suite, il employa une nouvelle ruse: “Mes chères amies à plumes, il faut se rendre à l’évidence, vous n’êtes pas capable de vous sustenter et de croître en nombre indéfiniment par votre système de partage libre du travail. En tant qu’observateur extérieur et donc impartial, je peux en distinguer les causes: il y a parmi vous des poules qui profitent des autres, qui les exploitent et les acculent à la ruine, les inégalités entre chacune d’entre vous sont la vraie cause de votre malheur ! Mais heureusement, je suis là et je peux vous apprendre à vous organiser pour remonter la pente.” Affamées, les poules ne se posèrent pas plus de question, sauf une poule rousse débrouillarde qui avait réussi à cultiver des plants d’orge pendant l’hiver derrière son nid en épargnant quelques grains de sa propre récolte, et en échangeait quelques fruits contre de menus services à d’autres poules, et qui parvenait encore à penser sans être interrompue par un estomac gargouillant. Mais elle était seule et dû suivre l’avis de la majorité, ainsi qu’elle en avait pris l’habitude comme les autres.

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Le renard fut ainsi élevé de défenseur des poules, au rang de décideur suprême du poulailler. Il s’empressa de mettre au pas la poule rousse, qui était trop maligne à son goût, en disant aux autres poules qu’elles pouvaient se servir dans sa culture d’orge, arguant qu’il était juste de donner aux affamées la nourriture produite par le travail d’une autre. Très vite, il n’y eut plus de grains d’orge du tout, et le renard accusa alors la rousse d’avoir caché ses semailles pour la soustraire aux autres poule, et demanda qu’on lui livre cette “poule égoïste, individualiste et exploiteuse”. Les poules, conciliantes avec le renard qui leur avait permis de piller les cultures de la rousse, ne furent pas très regardantes quant aux arguments avancés, et s’empressèrent de s’exécuter. La pauvre rousse fut dévorée sous les yeux vengeurs des autres volatiles.

Le renard prit ses aises, il décidait de tout et de rien dans le poulailler: qui couverait les oeufs, qui irait chercher l’eau, qui comblerait les trous des “créatures des bois”… Il désigna certaines poules comme ses exécutantes, décréta que les autres devaient se soumettre à leur autorité dans l’intérêt du poulailler tout entier. Ainsi il put diviser pour mieux régner, ses exécutantes menaient les autres, et chaque décision du renard était approuvé par un vote des poules. Le printemps puis l’été et enfin l’automne passèrent, et il maintenait adroitement les poules dans un état de servitude hébétée. Celles-ci oubliaient régulièrement de fermer le grillage pour la nuit, et le renard en profitait de temps en temps pour aller en douce croquer un gallinacé, de préférence de celles qui posaient trop de questions ou avaient l’inimitié d’une de ses exécutantes. Il blâmait le lendemain tel ou tel monstre fantastique, exhibant une égratignure sur son flan bien rebondi en guise de preuve.

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Quelques poules se demandèrent bien comment le prochain hiver se passerait, mais le renard s’appropriait toujours l’essentiel de la récolte des poules, il leur disait qu’il s’occupait lui-même des réserves (alors qu’en fait il dévorait goulûment le tout à la nuit tombée). Il se disait “si l’une d’elles m’accuse, je pourrai toujours la dévorer ou monter les autres contre elle.” Son appétit ne cessait d’augmenter avec son oisiveté.

Cependant, l’hiver fut terrible, et dès les premiers jours, les poules regrettèrent l’absence de la rousse cultivatrice, qui aurait au moins pu leur apprendre à faire pousser l’orge. Le renard trouvant son abri trop peu confortable, enjoint les poules à le rénover et à le consolider. Ce fut autant de temps perdu pour les poules qui sentaient leur bréchet pointer sous la peau, mais elles se disaient qu’il fallait bien entretenir le renard pour défendre la communauté. Le renard restait oisif, et ne s’embêtait qu’à peine à faire semblant de garder le poulailler chaque nuit. L’effort l’incommodait car il était devenu bien gras. Il se dit entre deux bouchées qu’il lui faudrait réfléchir à une ruse pour convaincre les poules de monter la garde elles-même, à sa place…

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Alors qu’un matin, les poules se réveillèrent transies de froid, un appel vint de dehors. Hagardes, elles allèrent voir qui d’autre que le renard, assoupi en ces heures-là d’habitude, pouvait bien se trouver là. C’était la poule renégate, une simple poule grise perlée, la seule survivante de l’épisode sanglant qui avait suivi l’absence d’une journée du renard. Elle semblait se porter fort bien, ses plumes étaient lisses et bien huilées, la maintenant au chaud dans la bise mordante de la matinée. Elle raconta son histoire: que, se méfiant du renard, elle s’était réfugiée là où il n’irait pas la chercher: dans les bois. A ces mots, les autre poules frissonnèrent d’effroi… Elles n’avaient jamais conçu de douter de l’existence de ces monstres effrayants, ces dragons décrits avec tant de détails par le renard, qui lui avaient causés toutes ces blessures et avaient renversé tant de pierres. Les autres poules s’empressèrent de conter à la perlée ce qu’il était advenu d’elles pendant son absence, et ce récit la fit bouillir de colère.

“Le renard a fait de vous ses esclaves, il est le seul vrai responsable de tous vos malheurs ! Ces monstres, ces chimères effrayantes avec lesquelles il justifie sa présence chez vous, ne sont que le fruit de votre imagination soumise à sa verve insidieuse de renard ! La forêt est un abri sûr pour nous, ses fourrés nous offrent des abris si l’on se donne la peine d’y tailler un chemin, ses arbres nous donnent leurs fruits et leurs noix, ses buissons leurs racines juteuses si l’on s donne la peine de creuser. C’est là le lieu idéal pour vivre, pour une poule qui ne rechigne pas aux efforts.
– Mais il y a bien des bêtes dangereuses dans les bois ?
– Oui, elles existent, mais elles sont bien moins dangereuses que le renard lui-même, quoi qu’il ait pu vous raconter ! J’ai échappé à ces prédateurs par moi-même, et j’ai pu mener ma vie comme je l’entendais ! Venez avec moi, et vivez libre, loin du renard esclavagiste et voleur !”

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Les poules étaient ébranlées dans leurs convictions. Elles se réunirent, débattirent, et s’apprêtaient à voter pour ou contre l’abandon du poulailler, quand la perlée leur dit: “Foin de toutes ces simagrées, cessez donc de vous accrocher au vote, cette invention du renard ! La décision de me suivre ne concerne que chacune d’entre vous séparément, vous êtes libres de décider par vous-même, au lieu de vous soumettre à l’avis de la majorité. Vivez selon les règles qui s’offrent à votre intelligence au lieu d’imposer aux unes celles qu’ont choisi les autres.”

A ces mots, de nombreuses poules s’offusquèrent. “Comment, cette poule prétend nous dire comment prendre nos décisions ? Si nous n’avons pas de règles communes à toutes, comment pourrions-nous répartir nos maigres ressources ? Comment, sans le renard, pourrions-nous décider qui ramènera l’eau, qui ira chercher des grains, et qui couvera les œufs ?
– Ces règles communes ne sont qu’une illusion pour masquer et détourner les règles naturelles que vous pratiquiez avant la venue du renard. Avez-vous donc oublié votre propre liberté passée ?”

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Chaque poule réfléchit, et fit le bilan de ces derniers mois. Le temps d’avant le renard était bien loin et les souvenirs de cette époque, bien embrumés dans leur petite cervelle de gallinacé, au point pour certaines poules qu’elles doutaient qu’ils eurent jamais existé. Environ deux tiers d’entre les poules suivirent la perlée dans les bois, les autres se trouvèrent trop attachées à la sûreté de leur existence que leur garantissait le renard, la vie dans les bois leur paraissait si chaotique, si imprévisible qu’elles ne pouvaient se résoudre à déménager.

Le soir, le renard s’éveilla, s’étira, et ne trouva qu’une maigre ration d’une seule souris devant sa porte. Furieux, il appela les poules, et fit le compte des quelques oiseaux faméliques qui étaient présents. Il ne put cacher sa surprise, interrogea les poules, mais celles-ci, avant le départ de leurs sœurs, avaient juré de ne point parler de la perlée et des poules des bois: elles lui dirent qu’elles s’étaient perdues pendant les récoltes du jour. Sentant qu’on lui dissimulait la vérité, et voyant son pouvoir réduit autant que son troupeau d’esclaves consentants, le renard laissa éclater sa colère: “Cette trahison ne mérite aucune pitié ! Et vous, vous êtes complices !” s’écria-t-il. Il désigna une des poules et lui ordonna d’ouvrir la porte du poulailler, avec l’intention de la dévorer pour rassasier son ventre gargouillant. Elle s’exécuta, et alors les dernières poules restantes purent voir la vérité de leur situation, dans toute son horreur. Terrorisées, elles restèrent sur place, tandis que le renard, toujours furieux, entra dans le poulailler et les mit à mort l’une après l’autre.

Étourdi par son copieux repas et la digestion qui s’ensuivit, marchant au hasard dans la nuit à la recherche des poules fuyardes, toujours aussi enragé de leur évasion de cette prison si subtile qu’il avait mis tant de temps à bâtir autour d’elles, il ne sut que tourner en rond et revenir sur ses pas. Ayant perdu l’habitude de chasser, il resta au beau milieu du poulailler, dans l’espoir fou de voir “ses” poules revenir.

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Elles ne retournèrent jamais plus au poulailler.

Patchwork – Des mots une histoire 75

Des mots, une histoire  …   me trottent dans la tête….

patchcath

…Je déguste mon thé, enfoncée dans mon canapé comme dans un cocon,  en pensant à cette rencontre.

Cet instant m’a paru interminable …  Depuis longtemps, il avait perdu ses papiers, m’avait-t-il dit de façon dogmatique, il n’avait plus de carte d’identité ni de permis, d’ailleurs qu’en ferait-il donc? Il n’avait plus l’autorisation de conduire…  J’aurais voulu entrer dans un bar et partager une boisson sur le zinc avec lui,  mais la poursuite de la conversation se fit là, au milieu des bruits des machines à moteur.

Il avait quelque souvenir de voyage en bateau à voile, d’une vie en pays lointains, où on ne vit qu’en bras de chemise à l’ombre des palétuviers… il avait même essayé d’écrire en ce temps-là, une envie inavouée. Aujourd’hui, il souffre d’une maladie de foie. Il ne sera plus l’idole de personne. Il m’a montré sa pastille de cyanure dans sa petite boite qu’il a toujours sur lui …

Edit : c’est ma participation à « Des mots, une histoire » 75ème édition sur le blog d’Olivia Billington. Les mots imposés sont ceux mis en gras.

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Des poules picorent sur mes patchworks

Une poule avait pour habitude de descendre chaque jour au bord de la rivière afin d’y chercher de la nourriture.
Un crocodile la regardait l’estomac envieux de la voir si grassouillette

 patchcath

Un jour, le crocodile vient près d’elle et menace de la manger mais la poule s’écrie :
–  Frère, O mon frère, ne faites pas cela !

Le crocodile en est si troublé qu’il s’en va, pensant qu’il pouvait bien être le frère de la poule.
Chaque matin, il revient près de la rive la rive, bien décidé à faire de la poule son repas. Chaque matin, la poule se met à crier :
–  Frère, O mon frère, ne faites pas cela !

Et le crocodile s’en va en maudissant la poule

patchcath 

Comment puis-je donc être le frère de cette poule, se demande un jour le crocodile ?  Elle vit sur la terre, et moi je vis dans l’eau. Elle est dodue et moi je ne suis qu’un sac d’os. Je vais aller voir mon ami Mbambi afin de l’interroger et régler une fois pour toute la question

 patchcath

Le crocodile se met en route. Il n’était pas encore bien loin quand il rencontre son ami Mbambi une sorte d’immense lézard

– Mbambi, lui dit-il, je suis très troublé.  Tous les jours, une jolie poule grasse vient au fleuve pour manger; chaque jour, quand je veux la saisir et l’emporter chez moi pour la manger, elle m’effraie et m’appelle son frère. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester ainsi plus longtemps et j’allais trouver Mbambi pour tenir une palabre avec lui

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– Oh ! tu n’es qu’un sot, répond Mbambi. Tu ne dois rien faire de tout cela car autrement, tu perdrais tes paroles et tu montrerais que tu es un ignorant. Ne sais-tu pas, mon cher crocodile, que les canards vivent dans l’eau et pondent des œufs et que les tortues en font de même. Moi aussi, d’ailleurs, je ponds des œufs, tout comme les poules. Et toi, mon stupide ami, que fais-tu donc ? Nous sommes donc tous frères dans un certain sens. C’est pour cette raison que les crocodiles ne mangent pas les poules

patchcath

Patchwork – Des mots, une histoire

Des mots, une histoire … trottent dans ma tête.

patchcath

… Avec beaucoup de persévérance, il avait monté son laboratoire , qu’il avait géré en collaboration avec un ami en qui il avait toute confiance. Un vrai sérail, qu’il disait, il vivait dans un écrin doré… Quel mot bizarre avait-il employé? Ah oui: ziggourat! Tout n’était qu’avantage, les embauches se multipliaient. Et puis un jour, cet obstacle: tout avait été inspecté à la loupe, des irrégularités étaient apparues dans les comptes, la totalité de l’activité fut mise en quarantaine, tout explosa comme l’éruption d’un volcan… A la réflexion, c’est son coeur d’artichaut qui l’avait amené au bord du surplomb où il se trouvait…

Edit : c’est ma participation à « Des mots, une histoire » 74ème édition sur le blog d’Olivia Billington. Les mots imposés sont ceux mis en gras.

patchcath

Patchwork – Des mots, une histoire

Des mots, une histoire … trottent dans ma tête.

patchacth

Je rentre à la maison, je quitte mes tennis dans l’entrée, mes pieds se détendent sur le carrelage. J’enlève mon médaillon et le dépose sur le guéridon, à côté de mes clés et d’une fleur d’hortensia. Je passe à la cuisine et me prépare une collation, j’aime assez ce concept de plateau-repas. Je fais chauffer de l’eau pour mon thé et me remplis une petite verrine de crème anglaise. Je verse une cuillère de sucre dans ma tasse brune préférée et me sers deux muffins à la carotte. Je sens une légère fatigue entre les épaules, comme une morsure dans le haut du dos. Je pense à ce qu’il a dit, que « sa vie n’est plus qu’une bagatelle, qu’il a connu l’exil et n’est plus du genre à prendre des pincettes avec qui que ce soit, il n’est même pas désolé car la vie ne le passionne plus ». Non il n’a pas fait de lapsus, « Il a joué à la roulette russe et dépassé la ligne rouge »…

Edit : c’est ma participation à « Des mots, une histoire » 73ème édition sur le blog d’Olivia Billington. Les mots imposés sont ceux mis en gras.

patchcath

Patchwork – Dégustation et saveur du raisin

Le raisin grossit sur la treille, et mûrira bientôt si le soleil persiste

patchcath

En attendant, profitons de quelques rayons sur la table et dans l’assiette

patchcath

et ce joli poème à déguster, sans modération

patchcath

Que mon

Flacon

Me semble bon ;

Sans lui

L’ennui

Me nuit,

Me suit ;

Je sens

Mes sens

Mourants

Pesants.

Quand je le tiens

Dieu que je suis bien !

Que son aspect est agréable !

Que je fais cas de ses divers présents !

C’est de son sein fécond et de ses heureux flancs

Que coule ce nectar si doux, si délectable,

Qui rend dans les esprits tous les cœurs satisfaits,

Cher objet de mes vœux tu fais toute ma gloire,

Tant que mon cœur vivra de tes charmants bienfaits

Il saura conserver la fidèle mémoire.

Ma muse à te louer se consacre à jamais,

Tantôt dans un caveau, tantôt sous une treille,

Répétera cent fois cette aimable chanson :

Règne sans fin ma charmante bouteille

Règne sans cesse, mon cher flacon.

Panard

patchcath

à votre santé! bon appétit!

Patchwork – L’énergie, la gaieté et les bulles dans le vent juste pour toi

J’avais noté que  « le jaune et l’orange  sont des couleurs qui élèvent l’esprit, stimulent l’énergie et apportent de la gaieté ».

Alors je te l’ai offert mercredi dernier, « des bulles dans le vent de sassafras » juste pour toi!

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Je t’embrasse très fort! Courage Louis!

Patchwork – Jaune Klimt

L’orange et le jaune sont des couleurs qui élèvent l’esprit, stimulent l’énergie et apportent de la gaieté. L’orange est associé à la joie, à la créativité, à l’exaltation et au mouvement. Le jaune est associé à la volonté, l’intellect et les sentiments d’indifférence. Ce sont des couleurs chaudes et optimistes qui ont la faculté de nous réjouir le cœur et de nous remonter le moral.

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Il y a au moins 5 définitions pour cette couleur; comme définition naturelle du jaune, on dira que c’est la couleur du citron, l’écorce de ce fruit étant une référence spontanée à la couleur jaune dans de très nombreuses cultures.
En physique, « c’est la couleur de la lumière dont la longueur d’onde est comprise entre 565 et 590 nm ». C’est notamment la couleur du fameux « doublet du sodium», 2 raies d’émission très proches.
En  chromie et en synthèse additive  « c’est le mélange des lumières rouge et verte».

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En peinture, c’est une des trois couleurs primaires et le complément du violet : les pigments jaunes absorbent toutes les longueurs d’onde de la lumière exceptées celles qui correspondent à la sensation jaune, qu’ils réfléchissent.
En imprimerie et en synthèse soustractive le jaune est, avec le cyan et le magenta, l’une des trois couleurs primaires. Avec le noir, c’est la base de l’impression en couleur que l’on appelle quadrichromie.

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En ce qui concerne la nuance de cette couleur, le Jaune : du latin « galbinus » : « De la couleur du citron, du soufre… » est placé dans le spectre solaire entre le vert et l’orangé.
C’est la plus lumineuse de toutes les couleurs, il ressemble à un blanc plus dense, plus matériel et rayonnant.
Dans la peinture byzantine, l’or fut employé pour les arrière-plans des coupoles, des icônes afin de symboliser le divin  (la lumière divine).

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Les peintres du Moyen-âge ont inventé des recettes à base de pigments pour recomposer un or mussif  aussi puissant que l’or véritable car il manquait dans leur palette un jaune aussi vif que le bleu du lapis-lazuli ou le rouge cinabre.
De nombreux jaunes se sont succédés depuis les ocres de la Préhistoire jusqu’au cadmium du XIX° siècle, en passant par le très dangereux orpiment, avec, comme motivation première pour les peintres, la recherche d’un jaune vif et stable.

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Et pour sa signification, nulle couleur n’est plus joyeuse que le jaune. Couleur du soleil, de la fête et de la joie, elle permet d’égayer un univers et de le faire rayonner. Il est vrai que le jaune est une couleur chaleureuse et stimulante. Tout comme le soleil qui diffuse ses rassurants rayons porteurs de vie sur terre, le jaune est la couleur de la vie et du mouvement. Pourtant, derrière cet aspect joyeux, le jaune peut parfois se révéler négatif. Associé aux traîtres, à l’adultère et au mensonge, le jaune est une couleur qui mêle les contrastes. Le jaune pâle contrairement au jaune vif s’écarte de ce chemin régénérateur pour plutôt pointer la maladie, la morosité et la tristesse.

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Le jaune est également associé à la puissance, au pouvoir et à l’ego (c’était la couleur de l’Empereur de Chine). On retiendra avant tout que le jaune est la couleur de l’ouverture et du contact social : on l’associe à l’amitié et la fraternité ainsi qu’au savoir. Le jaune est le parfait compagnon des marrons, du blanc, du noir et du crème.
Cette couleur est riche d’histoire et symbolisme; le jaune est la couleur du soleil, de la lumière et du métal le plus précieux, l’or. Cette couleur possède une vertu magique.

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C’est le symbole de Jeunesse et de Force. Dans pratiquement tous les peuples l’or fût lié à la richesse, donc à la noblesse, au pouvoir. C’est la couleur de Dieu (on ne peut regarder le soleil). Couleur de l’immortalité, elle est couleur divine, donc celle de l’Empereur et des rois aussi bien en Europe qu’en Chine, Inde ou Égypte.
C’est une couleur chaude, associée souvent à l’air. Mais elle éblouit et a la dureté du métal. Elle correspond à la richesse, à la foi.
En Égypte le jaune d’or symbolisait « le char du Soleil et ses dieux » ; de nombreuses chambres funéraires sont peintes en jaune (et bleu) pour assurer la survie de l’âme.

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Chez les Aztèques Huitzilopochtli le Dieu du soleil de midi est peint en jaune et bleu.
En Perse Mithra est en jaune d’or comme Apollon en Grèce.
En Inde le jaune correspond au centre racine et à l’élément lumière. C’est la couleur de la robe des moines bouddhistes.
En Chine c’est la couleur de l’Empereur qui est au centre de la terre, comme le soleil est au centre du ciel. Le jaune émerge du noir comme le soleil de la nuit, la pépite d’or de la terre. Il assure la fertilité. Pour cela on orne la couche nuptiale de draps, oreillers, voiles de soie et gazes jaunes. Tout doit être jaune.

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Pour les chrétiens le jaune est couleur d’éternité et l’or est son métal. Nous retrouvons ainsi le jaune dans le drapeau du Vatican avec l’or du ciboire et la croix de la chasuble.
Mais il y a ambivalence car, couleur des grains mûrs (blé, mais, millet … ), la couleur jaune annonce l’automne. Elle dessèche comme l’or qui entraîne envie et jouissance.

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Dans la mythologie grecque, les pommes d’or du jardin des Hespérides sont symbole d’amour et de concorde, mais la guerre de Troie fut déclenchée par une pomme d’or, pomme d’orgueil et de jalousie.  Pour l’Islam le jaune est lié à la trahison et la déception.
En Chine les sources jaunes mènent au royaume des morts. Dans le théâtre de Pékin, le maquillage jaune des acteurs signifie cruauté, dissimulation, cynisme.

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Chez les Chrétiens, le jaune signifiait aussi trahison : Judas est représenté avec une robe jaune ainsi que les Juifs. C’est pourquoi en 1215 le Concile de Latran leur imposa une rouelle jaune sur leur vêtement, ancêtre de cette triste étoile jaune de sinistre mémoire. Vers la fin du Moyen Age, le jaune est lié au désordre, à la folie : les bouffons et les fous sont habillés en jaune (le nain jaune). Le jaune est associé à Lucifer, au soufre, et aux traîtres. Paradoxalement il correspond aux maris trompés alors qu’originellement il indiquait le trompeur.
Si le jaune correspond à la richesse, à la gloire, le jaune pâle signifie trahison, hypocrisie, avarice, envie : on rit jaune.
C’est une des couleurs les plus ambivalentes.

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On ne peut dissocier le jaune de l’or. L’or est le métal le plus pur connu depuis l’antiquité, donc considéré comme le plus précieux. Il a l’éclat de la lumière et du soleil, donc de Dieu. En Inde on dit qu’il est lumière minérale, on représente donc Bouddha en or, car c’est le signe de l’illumination, de la perfection absolue, de l’immortalité.
L’or vient de la terre (pépites) mais évoque le soleil. Il est une arme de lumière, ce qui explique les couteaux sacrificiels en or et la faucille d’or des druides.  Au Moyen Age la recherche alchimique visait la transmutation des métaux en or.

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On a cru aussi à la valeur de l’or comme cordial ou fortifiant. On raconte que « Diane de Poitiers devait le maintien de sa jeunesse et de sa beauté à un bouillon composé d’or potable dont elle usait tous les matins ». L’utilisation de sels d’or en thérapeutique dut sa vogue autant à son symbolisme qu’à ses résultats. La charge spécifique de l’or dans les aiguilles d’acupuncture de la médecine chinoise procède des mêmes concepts.
L’orange symbolise le point d’équilibre de l’esprit et de la libido, à mi-chemin entre le rouge et le jaune donc entre la raison et la tempérance.
Si l’équilibre tend à se rompre vers le jaune, il y a révélation de l’amour divin.

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C’est à cette conception que se rattachent la robe safranée des moines bouddhistes et la croix orangée des chevaliers du Saint Esprit. Le voile des fiancés, le flammuneum, est  » l’emblème de la perpétuité du mariage « . Les muses étaient vêtues de safran, comme le voile d’Hélène.

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L’orange symbolise aussi la fidélité. Mais dans son déséquilibre vers le rouge elle indique infidélité et luxure. Dyonisos était vêtu d’orange ; « né du feu (Zeus), il fut élevé par la pluie » (Nymphas Hyades que Zeus remercia en les transformant en étoiles qui amènent la pluie). Son culte débridé correspond à l’ivresse provoquée par le vin ou rouge ou « blanc »- aune, dans le cadre d’une orgie rituelle, mais en vue de la recherche divine « puisque l’âme est incorruptible et immortelle ».

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Dans son traité de l’Homme Parfait (Insan-ul-Kâmi) Jili décrit 7 cieux, puis 7 limbes de la terre dont la Terre de la nature, couleur jaune safran, habitée par les Jins incroyants.

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L’orange signifie l’union de l’homme à Dieu, « symbole des noces mystiques », mais paradoxalement le jaune et l’orange sont l’attribut des maris trompés…  Toujours ambivalent, l’orange chez les Anglo-saxons indique la santé et l’émotion.

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Patchwork – L’oiseau bleu que le vent caresse

Souffle caresse était un vent né voici fort longtemps. Comme il était tout petit, tout léger, tout doux, on ne lui prédisait pas un grand avenir.
Ici, au pays des vents, seuls survivaient les plus forts, les plus violents, ceux qui arrachaient les feuilles,

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ceux qui déracinaient les arbres,

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ceux qui démontaient la mer et qui auraient pu décroché les étoiles.

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Au milieu de ces déchaînements, Souffle caresse paraissait plutôt inaperçu.
-« Va te cacher petit, le grand Mistral du Nord arrive, et crois-moi, par expérience, il vaut mieux ne pas être en travers de sa route… » lui conseilla Missouri, une feuille d’un arbre, occupée à consolider sa tige pour qu’elle tienne bien à sa branche.

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Dans le même arbre, l’oiseau bleu cherchait à s’installer confortablement pour ne pas perdre ses plumes.

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Allait-il choisir de rester vers les grosses feuilles de platane ?

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ou de se caler dans un panier ?

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Un peu plus bas dans le tronc, des lapins  s’empressaient de clouer des planches à chaque nœud, histoire que le vent ne s’y engouffre pas.
-« Je me rappelle l’année dernière, un coup de vent avait pénétré dans le tronc et fait chuter toutes nos réserves bien rangées sur l’étagère…J’espère que cette année, nos renforts seront plus solides… » dit Lapin.

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Toute cette agitation n’annonçait rien de bon. Souffle caresse décida d’attendre la bourrasque, là, niché entre Missouri et une autre feuille.

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Au loin, on entendait un sifflement qui annonçait l’arrivée du grand Mistral.
Souffle caresse osa jeter un œil. Il aperçut en fond, un gros nuage chargé de milliers d’objets tourbillonnants, emportés par le puissant souffle.

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Celui-ci grossissait à vue d’œil et le sifflement se fit grondement, au fur et à mesure qu’il approchait.

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Dans l’arbre, tous se préparaient à subir le cataclysme. Les feuilles se rigidifiaient, les oiseaux tremblaient d’effroi, et se serraient les uns contre les autres

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les lapins continuaient à clouer planches sur planches, avec effervescence.

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-« Fouououhouhouh ! »
Les premiers souffles du vent se firent sentir. Les feuilles frémirent, les plumes des oiseaux se décoiffèrent, les planches des lapins craquèrent doucement…

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Puis, cela monta en puissance. -« FOUOUF OUF OUOUF OUF ! » Les premières feuilles s’envolèrent,

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les branches commencèrent à osciller, les planches se courbèrent…

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-« FOUOUOUOUOUOUOUOUUUU ! »
Cette fois, c’était parti. Ils étaient dans le cœur de la bourrasque ! Les arbres se couchaient

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Missouri se cramponna. -« Ne résiste pas, laisse-toi flotter dans le sens du vent, en mettant juste ce qu’il faut de tension dans ta tige pour tenir à ta branche… Courage, ça va aller ! » l’encouragea Souffle caresse, qui profita de sa frêle consistance pour s’alléger encore plus.
Pour les fruits, c’était la panique.

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Mais le Mistral était fort. Il s’engouffra sous une plume de l’oiseau bleu, puis sous les feuilles de la branche et délogea victorieusement un fruit qu’il fit tournoyer avec panache dans son grand ciel.

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Profitant de l’effroi, il en dénicha un deuxième qu’il envoya dans les airs.

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-« FOUOUHOUHOUHOUHOUH ! » soufflait-t-il avec éclat.
L’oiseau bleu resserra ses plumes, les feuilles renforcèrent leur prise sur les branches, les lapins se cachèrent au plus profond de leur terrier, mais les fruits se détachaient les uns après les autres.

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Alors Souffle caresse intervint. Il quitta Missouri, et se laissa porter à son tour par les tourbillons. Bientôt, plus transparent que jamais, il rejoignit l’un des fruits, qu’il enveloppa délicatement. Hop, il fila ensuite pour rattraper les autres. Voilà qui était fait !
Les fruits soigneusement lovés dans son souffle léger, il se laissa alors divaguer. En haut… En bas… à gauche… à droite… Les fruits suivaient le mouvement, dans leur ouate toute douce. Cela dura un long moment. Souffle caresse déposa délicatement les fruits à terre.

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Le Mistral eut beau souffler son soûl, il ne parvint pas les faire tomber plus vite, empêché par un souffle transparent qui n’en était pas moins costaud.
-« FOOOUououh ouh ouh… »
Voilà, le Mistral semblait s’affaiblir, poursuivant sa route plus loin. L’oiseau bleu regardait ce manège avec admiration.

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-« Je crois que les fruits sont intacts… » lança Lapin aux oiseaux, et aux autres lapins
En haut de l’arbre, Missouri applaudissait, heureuse.
-« Merci Souffle caresse ! » clamèrent les habitants de l’arbre.
-« Merci à vous tous ! » répondit Souffle caresse.

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Tous les grands vents pouvaient désormais souffler, isolément et ponctuellement. Il savait qu’on resterait fort et imbattable devant les plus puissants, quand on est encouragé et aimé des autres.
La Terre était peuplée d’êtres vivants qui tous étaient dotés, devant leurs bouches, d’un souffle léger. L’amour était plus fort que les catastrophes!

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d’après Valérie Bonenfant

A l’approche de la fête de la musique, j’ai pensé à l’oiseau siffleur, l’oiseau chanteur (je ne suis pas la seule) et j’ai subitement eu envie de vous montrer cet ouvrage « l’oiseau bleu et le vent souffleur »

Nous sommes 2 à l’Atelier à avoir eu envie de réaliser un ouvrage sur ce thème de l’oiseau dans le vent sur une branche.

Patchwork – le vent souffle dans les branches de sassafras

Le shérif justicier solitaire,

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le bandit,

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l’indien rusé et ses flèches,

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le couple de colons

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la fille qui rêve d’en sortir

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et le fils rebelle un peu paumé,

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la poupée au grand cœur,

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et le prisonnier,

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Le patriarche vert,

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la matrone,

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le médecin imbibé d’alcool,

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le nostalgique,

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les joyeux drilles

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et les amoureux,

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les travailleurs,

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les fournisseurs

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et les consommateurs,

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ils sont tous là, à l’écran,

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ou dans leur cadre,

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à leur fenêtre

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ou sous leur toit.

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On peut sentir le grondement des Peaux-Rouges aux abords du ranch,

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deviner la horde de bisons au bord de la rivière.

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Ils gesticulent, un peu pitoyables,

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croient encore à un monde qui n’est plus,

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entre les murs d’une maison effondrée,

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que le vent disperse

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et laisse entendre son souffle dans les branches de sassafras.

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En fait, c’est bien après avoir terminé cet ouvrage, que j’ai remarqué que presque tous les éléments de cette courtepointe collaient avec cette histoire.

L’idée de départ était bien plus simple ; je m’étais lancé le défi de n’assembler que des carrés de même dimension dans un dégradé de jaunes… et j’ai commencé par découper les pièces dans mes tissus de couleur jaune. Petit à petit, j’ai vu que certains viraient sur les beiges et gris, et d’autres sur le vert. Au fur et à mesure du découpage et pour rompre la monotonie, j’ai eu envie de représenter quelque chose sur cet ouvrage…Le soleil de notre région et le vent. Oui, le vent nous rend visite au moins 250 jours par an. Rendre visite ! c’est souffler à 60km/h au moins !

Alors j’ai voulu représenter des arbres et leurs feuilles dans le vent, et des maisons et leurs habitants aux fenêtres qui s’envolaient avec lui.

Les habitants, ben ma foi, ce sont simplement les personnages que j’ai trouvés sur mes tissus.

Patchwork – Chat rouge et poisson bleu

Elle voulait des couleurs qui rayonnent,

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qui apportent de la lumière…

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Je lui ai raconté l’histoire des chats rouges

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autour du bassin à poissons bleus

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qui s’échappent dans l’herbe

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et qui ne se font jamais attraper

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car ils savent changer de couleur

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pour se fondre et se confondre aux reflets de l’eau.

C’est une courte pointe que j’ai confectionnée pour Léa.

Atelier Patchwork – Ma bibliothèque

Vous est-il arrivé de vous demander ce qui se passe dans une bibliothèque, une fois que les livres sont rangés et que les portes se sont fermées ? Rien !

Je ne pense pas ! Les histoires génèrent tant d’images dans nos têtes, très différentes chez les uns et chez les autres !

Le soir venu, quand les livres posés sur les rayonnages brillent dans la lueur de la nuit, les pages s’entrouvrent et un nouveau monde s’anime, les feuilles des arbres prennent des couleurs inhabituelles.

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les oies sauvages s’envolent dans le ciel et vont inviter les étoiles à se rapprocher des fenêtres,

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Les poissons nagent en dehors de l’eau, certains se transforment en fleurs magnifiques,

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et les papillons volent tout près du bout du nez des chats,

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et le dragon a étalé sa queue sur le haut du rideau pour dormir encore un peu et se reposer de sa rude journée avec les enfants.

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Voici ce qu’il se passe dans une bibliothèque pendant la nuit,

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ce sont les chats et la petite sorcière qui me l’ont dit cette année-là.