Je pourrais ranger mes tiroirs de cuisine…
Oui, ranger mes tiroirs et classer les objets par catégories. Les plus moches, les plus précieux, les plus inutiles, les plus exotiques, les plus incongrus. Mais c’est déjà fait. Il y a une dizaine de jours à peine quand j’ai cherché une cuillère toute spéciale et que j’ai vu que les casiers étaient plein de miettes. Je n’en suis pas revenue de toutes ces poussières et cochonneries minuscules qui s’étaient introduites là, et là. J’ai tout vidé et tout lavé. Tant pis pour les incongrus.
Je parle de ranger mais je n’en ai aucune envie… de ranger. Je fais ça depuis que je suis en retraite. Ranger au fur et à mesure, puis trier et regrouper, ça m’a plu au début. Car j’ai découvert des objets, matières, tissus, mercerie que j’avais gardés pour le jour où j’aurais plus de temps. Et alors j’ai commencé à ne plus ranger pour déballer les matériaux retrouvés et exposer les ouvrages en cours, et puis j’ai recommencé à rechercher des choses dont j’ai eu besoin pour embellir ou renforcer ou compléter, et que je croyais être à tel endroit, et que j’avais du déplacer parce qu’où elles n’étaient pas trop leur place et pour les mieux ranger…
Je parle et écris tout ça parce que… je voulais juste recoudre un bouton sur ma chemise et que je ne retrouve pas. Il me semblait pourtant bien l’avoir déposé là où je les mets toujours habituellement. Dans ma boite à épingles ! Oh je vous entends rire et ça n’est pas gentil. C’est une ancienne boite de pastilles, que j’ai avec moi depuis que je fais de la couture toute seule, je pense. Et c’est là, j’en suis sûre que j’ai déposé mon petit bouton blanc. Dans mes autres boites à boutons, on trouve tous les boutons que je garde en réserve, pour mes prochains ouvrages ou pour remplacer un bouton qui se serait arraché et perdu. Il y a une boite pour les blancs uniquement, et une autre pour les petits de couleurs, et une autre pour les gros, et une pour les boutons-pressions, et une pour les boucles de ceintures et les crochets de jupes… Mais dans ma boite à épingles, je garde le bouton qui sera à coudre après la lessive ou au moment du repassage. Je devrais le trouver quand même…
C’est un peu la boite de pandore, vous me direz. Je l’avoue. Non, il n’y a trop de dés ! Un pour quilter dont les bords sont relevés pour éviter de se crever la peau et faire une tache, puis deux autres dés pour coudre normalement parce que mes doigts me font souffrir de temps en temps et enflent, alors il y en a un plus gros que l’autre. Et deux dés tout-petits pour mes petits quand ils viennent « picoter » avec moi quand ils sont en vacances. En vraies vacances ! Il y a, oui, une pièce de deux euros. De Malte avec la belle croix des chevaliers. Non ce n’est pas un porte-bonheur. Il y en a une autre, une jaune de dix cents, ce sont des gabarits pour tracer des cercles pour mes ouvrages. Et je peux prendre une bobine et ma boite à épingles pour des faire des ronds plus gros. Une épingle à nourrice pour passer les lacets, des élastiques… C’est pratique d’en avoir toujours une sous la main. Ah, une paillette rouge, c’est un cadeau d’une amie qui met des sequins partout sur ses ouvrages, elle m’en avait donné quelques autres, des bleus que j’ai cousus sur le dos d’un petit poisson… Un kiki de boucle d’oreille en caoutchouc, c’est une des filles qui l’a perdu l’autre jour et que j’ai récupéré avant qu’il ne passe dans l’aspirateur… Ah ben voilà mon bouton! Tiens un autre, je n’ai pas vu où il manquait celui-ci, tant pis.