Le temps qui passe

« L’horloge ne mesure pas seulement le temps qui passe, mais également la durée d’un ennui et l’impatience d’une attente. » Cette dernière phrase lue me fit lever la tête.
Allez savoir pourquoi ?! je pensai à ma grand-mère qui me disait que la sarriette d’été était préférable à la sarriette d’hiver pour la fabrication de saucisses en raison de son arôme plus doux et plus délicat, et qui ajoutait que, malgré tout, quelque soit la saison ou le temps la cuisine était toujours appréciée si elle était faite avec amour.
A propos de temps, je regardai les murs de la salle. Pas de pendule.
Je ne porte plus de montre depuis belle lurette et mon téléphone était resté dans le cagibi où j’avais laissé quelques affaires avant d’entrer ici. Mais là, j’en étais sûre, je savais que je lisais depuis un moment déjà.
Ma main caressa le dessus de chaise sur laquelle j’étais assise depuis que l’autre m’avait quittée.
Je remarquai que sa toile était rêche, j’aurais préféré tâter du velours, ç’aurait été plus doux et plus chaud.
Je réalisai alors que le zéphyr que je percevais depuis que j’étais dans cette pièce venait d’un léger frémissement de la climatisation installée au dessus du matériel et son faible tremblement devenait une fixation.
Et puis mon regard se posa plus précisément sur cet énorme matériel utilisé pour ce contrôle habituel qui occupait pratiquement tout l’espace. La couleur des vitres m’intriguait soudain. Etait-ce du givre ? Misère, pensai-je alors, nous voilà bien si les frimas s’installent à l intérieur ! Je me levai pour vérifier, et me rassis aussitôt. J’avais froid.

J’étais seule et torse nu, mais elle m’avait dit que ça ne serait pas long et que j’avais bien fait de prendre un livre. D’accord, mais quand même !
Un torrent de mauvaises pensées faisait flot dans ma tête à me fendre le cœur et me faire presque fondre en larmes quand subitement une nouvelle personne apparut sur le seuil de la porte d’en face : Ah, vous êtes toujours là !? Je vais voir, on vous a sûrement oubliée !

Pour répondre à Brigetoun pour l’Agenda Ironique de Mars, car elle disait que pour ce mois-ci le thème était attente, avec utilisation des mots frémissement, zéphyr, frimas, velours, fendre, torrent, seuil et sarriette.

Et pour donner de la couleur et chaleur à cet article, voici ici.

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On est allé au musée en ce jour de rentrée

On est allé au musée en ce jour de rentrée

-On devait être critique d’art pour le tableau que l’on avait tiré au sort parmi cinq au choix.
Adèle continue et explique que cette visite était virtuelle, que les tableaux représentaient tous une scène estivale et que Mémé devra trouver le titre de chacun quand tous auront parlé :
-… comme tu le fais parfois pour raccommoder un torchon, ici c’est avec une multitude de petits points brodés en noir sur toile de drap blanc que sont représentés les mouvements rapides des grains de sable fin soulevés par le passage d’un petit chien tenu en laisse par sa maîtresse dont on ne voyait que les pieds et le bas de sa jupe.
Pour représenter cette agitation, le peintre a laissé tomber toutes ces mitochondries avec justesse et un pinceau spécial sans doute. Cette toile est placée dans celles du futurisme, c’est marrant quand même non ?
N’avait-il qu’une seule couleur sur sa palette, a-t-il voulu donner un côté moderne de photo en noir et blanc en oubliant les couleurs de l’été, ou avait-il vécu la scène lui-même allongé sur la plage avec des lunettes de soleil ?
Ça on ne le saura jamais et ça n’a aucune importance puisqu’on voit juste et bien ce qu’il a voulu montrer.

Mémé apprécie, trouve ce début bien joli et sourit :
-Keskecébo, à qui le tour maintenant ?

Bébert s’avance et précise que chacun devait également utiliser un mot nouveau, et là-aussi Mémé devra les deviner. Son tableau a presque les mêmes dimensions que celui d’Adèle mais plus ancien et représente un magnifique paysage maritime :
-Les couleurs du ciel d’été, des montagnes pâles et les bateaux aux voiles claires se reflètent dans la mer jusqu’aux confinités de l’horizon. On voit en premier plan, des personnages en pleines activités de l’été. Un laboureur et un berger, très proches l’un de l’autre sans pourtant vouloir se parler plus que ça.
Un peu comme le meunier et Pépé quand on va au moulin, l’un à surveiller la roue qui tourne correctement et l’autre qui siffle discrètement entre ses dents parce qu’il sait qu’il va te faire plaisir avec tout ce qu’il va rapporter.
Et bien là, l’un est absorbé par la profondeur parfaite de ses tranchées parallèles dans un sol bien tendre pour obtenir une belle récolte, et l’autre qui a le nez face au vent du large et le regard perdu vers les bateaux et dont les moutons se gardent tout seuls entre le champ et la mer.
Ils pourraient tomber à l’eau, comme ce gars dont on n’aperçoit que les jambes qui se noie peut-être et que personne ne voit, pas même le pêcheur sur la rive tout près de lui.
Est-il tombé du ciel ou d’un bateau, s’entraîne-il au meilleur des plongeons ou est-il à la recherche d’huîtres perlières ? Comme ça n’était pas la mode de représenter des concours de plongeons ou des chercheurs de perles, on peut écarter ces idées.
Alors c’est lui, ce gars, qui est important dans ce tableau, et insignifiant et presque invisible dans cette beauté qu’est la Nature. Il est peint dans un coin sombre, où la mer est d’un vert émeraude et lugubre, alors que le reste est de couleurs claires et ensoleillées. Il est dans un endroit poissonneux et pourrait bien se faire manger par un plus gros de cette espèce.
Il semble en grande difficulté, mais personne ne fait attention à lui, comme s’il était puni d’avoir désobéi. Comme quand maman me mettait au coin après une bêtise, tu sais Mémé, et disait « il est puni, on ne le regarde plus et il reste tout seul ».
On pourrait craindre le plus grand des malheurs pour lui avec ce rouge sang du foulard du pêcheur et la chemise du paysan au centre du tableau qui a soudain son importance.

-Keskesameplet, on continue ?

-Mon tableau, dit Coco maintenant, est bien plus grand que les deux premiers présentés là, mais contemporain de celui d’Adèle. Il paraît tout simple comme ça, mais plus on l’observe, plus le choix des détails et des couleurs à son importance.
On aperçoit le ciel et la mer à l’horizon par deux lignes de bleus à peine différents l’un de l’autre qu’ils pourraient se confondre. Mais ce sont trois hommes tous nus jouant aux boules sur une pelouse bien verte qui sont l’objet principal de la scène. La nudité des personnages et le jeu de pétanque en fait un tableau estival.
Quoique les boules sont noires, et cette couleur trompe-l’œil pourraient les faire passer pour des truffes que ces jeunes gens auraient trouvées.
Oui, ils sont jeunes car les épaules sont fines, leurs torses sont parfaits, leurs ventres pas bedonnants et les silhouettes juvéniles. Le fait d’être nus peut aussi marquer un signe de liberté pour ces trois hommes.
La façon désinvolte de porter sa chlamyde pour l’un d’eux montre le peu d’habitude de se bien vêtir ou signe d’insouciance… ou est-ce que ce personnage debout est plus important que les deux autres encore inclinés devant lui ?
Ou sont-ils tellement absorbés par ce qu’ils font, en train d’inventer et de créer ?
D’ailleurs, le vert de l’herbe et le rose des corps en font quelque chose de frais et de nouveau et les têtes baissées et leurs yeux à peine ouverts leur donnent en air pensant.

-Kelbonidécemuzé, je ne m’en lasse pas

-Mon tableau est très coloré et immense, annonce Dédé, tu peux bien ajouter un mètre de plus en longueur et largeur aux dimensions de celui dont Coco a parlé.
Le mien représente deux femmes à bicyclettes. Leurs cheveux sont courts et flamboyants et les vélos bleu turquoise.
La chaleur est ardente car le fond du tableau est jaune d’or en grandes traînées verticales pour montrer le soleil de plomb.
Et les femmes sont torses nus. On en voit une de face qui parle et qui à l’air contente, d’ailleurs elle porte un rouge à lèvres assorti à sa chevelure. Mais l’autre de profil avec un slip noir paraît fatiguée et semble aller dans une autre direction.
C’est une scène de rue, un peu banale, où ces dames, l’été en bord de mer, parfois dénudées, font des tours de vélo à se promener sans but précis juste parce qu’il fait beau.
Le peintre original a voulu l’accrocher avec une révolution d’un demi-tour et présenter ces femmes la tête en bas.
Mais la poitrine de la femme de face n’a pas changé de sens, et ça, c’est trop rigolo, n’est-ce pas Mémé ?

-Komecébien, en effet c’est rigolo et magnifiquement intéressant tout ce que vous savez voir dans un tableau.

-Attends Mémé, dit Emma, il reste le mien. Il n’est pas rigolo du tout, même s’il y a un visage très souriant en son milieu.
Mon tableau est moderne, puisque l’homme qui y est représenté porte un T-shirt blanc et un pantalon noir, un peu comme n’importe qui aujourd’hui.
Cet homme court pieds nus sur un sol gris clair qui pourrait être du sable. On ne voit pas de marques de pas au sol, trop court. Ce manque de profondeur pourrait marquer qu’il arrive au dessus d’une dune ou sur une route en haut d’une côte. L’ombre est courte et sombre par terre et sur le devant de son maillot, il peut être midi. Et le ciel est beau bleu porteur de cumulus très blancs annonçant une merveilleuse journée.
Le visage au rire franc et massif montre une bouche aux lèvres rouges démesurément ouverte par un rire laissant apercevoir les dents blanches impeccables comme les touches d’un piano et le noir du fond de sa gorge comme un trou béant. Les cheveux sont noirs également, et courts, un peu plaqués.
Ce pourrait être une mascarade, ou un spectacle. Mais ce rire paraît forcé et tellement grand que les yeux sont fermés. D’ailleurs, ce visage n’a rien à regarder puisqu’il est dans les mains de celui qui court. Comme si l’autre criait pour se faire remarquer et dire tout le contraire de ce qui fait rire habituellement.
J’aurais dit qu’il n’y avait que trois couleurs pour ce tableau : bleu pour le ciel, blanc pur pour les nuages et blanc-ivoire pour le visage et gris, allant du très clair ou noir, mais il y a ce rouge à lèvres sanguinaire très important.
Un tableau d’aujourd’hui tracé comme une affiche de propagande d’une autre époque. C’est assez frappant et dérangeant.

Mémé n’en revient pas. Elle reste sans voix et les étreint l’un après l’autre. Puis elle s’apprête à jouer le jeu des devinettes en s’appliquant. Mais les enfants plus pressés et excités d’avoir émerveillé Mémé en l’emmenant au musée, dévoilent très vite les noms des tableaux, les auteurs et les mots imposés.

Pour répondre à la proposition de JPL des Arts et des Mots pour l’Agenda Ironique de mai avec 6 mots à placer (Confinités- Révolution- Mascarade- Mitochondries- Trompe l’œil et keskecébo) et 5 tableaux (je n’ai pas su choisir) suivants :
la Chute d’Icare de Pieter Brueghel l’Ancien (datant de 1558) 73,5x112cm
Les Joueurs de boules de Henri Matisse (datant de 1908) 115×147cm
Dynamisme d’un chien en laisse de Giacomo Balla (datant de 1912) 90,8×110cm
Les demoiselles d’Olmo II de Georg Baselitz (datant de 1981) 250x249cm
Le céphalophore de Yué Minjun

En avril ne lâche pas le fil

« En avril ne lâche pas le fil »


Il a ressorti des gravures jaunies conservées sans doute dans une de ses milles boites au fin fond de son grenier.
Ah ce blog porte bien son nom. Je n’ose imaginer la taille du grenier, la grandeur des boites et le nombre de Carnets. Paresseux ? pour sûr ! Il y a tellement de détails sur ces gravures que l’on passe un temps fou à regarder tout ça.
C’est fameux et il devait bien rire quand le doigt l’a pointé pour avril. Oui, il devait préparer ça depuis le début du confinement en se disant qu’on allait s’y laisser prendre.
Il nous fait don de douze images et quatre mots ( giboulée, zébu, cognassier, riboulaine ) pour faire le parcours d’avril. Allez voir tout ça ici et prenez-vous au jeu.

Souvent dans ses rêves
Lézards, serpents et grenouilles
Du porche grouillent et fuient

Dors bébé, respire
La vie est belle, rose et longue,
Laisse l’Ancien partir

Plonger, nager, mais…
Lui, à la barque accroché
Tout un jour d’été

Contre zébus âgés
Deux chevaux aident maintenant
Laboureur au champ

Sèment en suant
Observent vent et pluie longtemps
Moissonnent en chantant

Usé, fatigué
Sous fruitiers et cognassiers
Souriant à la vie

Chien, chemin faisant
Quand deux pèlerins rencontrant,
Papotent et se quittent

Deux malfaiteurs braquent
Convoitent sa bourse ou famille
Et le bonhomme craque

Si ni l’un ni l’autre
Convoite la Belle et son cœur
Pourquoi ce duel ?

Giboulée d’avril
Sous tempête et gros éclairs
Caravelle navigue

Femme à son ami
Ecrit et conte ses journées
Mêlant riz-boue-laine

Heureux, fier de lui,
Bien mis, bourse pleine
Revient de voyage

J’ai classé les douze vues en essayant d’inventer l’histoire d’un homme… mais ça n’avait ni queue ni tête, et c’est sous forme de haïku que je réponds à cet Agenda Ironique d’avril proposé par Carnets Paresseux.

Nicolas-François Gromort, Spécimen des caractères d’affiches, vignettes et fleurons des fonderies et stéréotypie, 1837Gallica/BnF.

J’ai décidé de t’écrire une lettre

Prise d’insomnie à nouveau cette nuit, j’ai décidé de t’écrire une lettre.

J’abandonnai mon édredon et trouvai ma plume.
Avec un peu de recul, je pense que l’approche de l’équinoxe vernal n’y est pour rien.
Mais tu sais, à la réflexion, mes quelques jours de repos m’ont fait du bien, loin de Popol.
Car quand nous nous sommes revus, il m’a dit que je n’avais plus mon teint marmoréen et que mon visage avait retrouvé ses aspérités.
Tu le connais, il est de plus en plus bohème, sur lui et au dedans, et a souvent l’esprit engorgé, et dit le contraire de ce qu’il pense, mais que pense-t-il vraiment ?. Je ne lui en veux pas.
Ce soir, devant les infos, il m’a répété deux ou trois fois qu’il y avait foule dans sa tête avec continuellement le bruit d’un train qui passe dans un tunnel… puis, que depuis bien longtemps il a oublié comment on résout une équation. Je n’y vois rien de plus grave que la semaine dernière.
Sur les insistances des précautions à prendre à propos de ce virus, il a eu une attitude assez singulière.
Il voulait me convaincre que sa cape d’invisibilité le protégeait et que je ne devais pas avoir peur car il n’était pas invalide. Il allait pouvoir aisément se débarrasser de ce truc corrosif en le jetant par dessus le mur du puits et le laisser se dissoudre dans la rivière souterraine.
Tu penses bien, j’étais là à ouvrir grands mes yeux et à me retenir de sourire. Monsieur Popples a des yeux de framboises et se demande connaissance et contoise. Il y vit de la moquerie et ressentit de la rancœur.
Je tentai de m’excuser en affirmant que ce n’était que de la curiosité et même de la fierté pour cet élan vengeur qu’il avait su exprimer. Il se mit en boule. Il en avait marre de tous ces ragots, et il partit dans son berlingot. Je suis encore là à l’attendre.
Si tu le permets, je ne t’enverrai pas ce courrier et laisserai cette page dans mon journal à côté de toutes les autres.

Pour répondre à l’atelier 115 chez Ghislaine (avec la proposition suivante: puits, vengeur, mur, ragot, visage, attitude, rancœur, recul, lettre), aux plumes chez Emilie (avec les mots suivants: insomnie, invisibilité, peur, invalide, réflexion, foule, équation, oublier, curiosité, boule, train, tunnel, attendre), à des mots, une histoire chez Olivia (avec la récolte 40 : berlingot, repos, engorger, rivière, virus, bohème, marmoréen, aspérité, vernal ) et à L’AIE chez L’impertinence de JoBougon

Un saut de dix jours dans le futur

Un saut de dix jours dans le futur

-Que dirais-tu de faire un saut de dix jours dans le futur en une seule nuit, dix jours rayés de ton agenda, sans jamais pouvoir dire hier ou avant-hier !?

-Alors là tant mieux, je serais déjà en vacances, dans un endroit idéal, et une fée serait sûrement venue finir et boucler les projets et ouvrages avant mon départ dans ce délire.

-C’est une réalité, ça s’est vraiment passé, il y a un peu plus de quatre cents ans, quand Henri de Navarre n’avait pas trente ans et n’était pas encore devenu Henri IV, ni père de son fils qui deviendra LouisXIII qui connaîtra d’Artagnan et qui prendra à son service les quatre mousquetaires.

-…ah oui, et quand les quatre filles du docteur March vivaient au bord du lac des Quatre Cantons, hein !? Dis, ces jours ont été effacés pour le monde entier avec du tétrachloroéthylène, sans doute ? On est vraiment dans une tétradimension, avec toi !

-D’accord pour les mousquetaires, autrement tout est vrai. D’abord des pays catholiques d’Europe, comme l’Italie et la péninsule ibérique, ont adopté ce nouveau calendrier du jeudi 4 octobre au vendredi 15 octobre 1582 alors que la France n’a seulement accepté ce passage du 9 au 20 décembre de la même année, juste un peu avant Noël…

-Et bien bonjour pour que les cadeaux soient prêts à temps pour Noël ! Dis, sans rire, je te savais atteint de tétracapillectomie, mais ne serais-tu pas tétraploïde aussi ?

-Tu vois que tu t’y mets ! …puis des pays protestants ont acté ce changement, mais certains ont traîné longtemps les pieds si bien qu’en Russie la révolution d’octobre s’est déroulée en novembre pour les français car le calendrier grégorien n’avait pas remplacé julien…

-Tu vois bien que tu as l’art d’embrouiller les choses, avoue ! Pourquoi Grégorien a voulu rouler et remplacer Julien ?

-… (Rire) pour que notre calendrier, avec une année bissextile tous les quatre ans, et nos saisons soient en phase avec la révolution de la Terre autour du Soleil.

-Je ne vois pas bien l’importance de changer tout ça. On aurait pu rêver de fêter Noël en été ou au printemps sans que rien ne change rien à la Terre et au Soleil.

-Compliquer les choses, c’est le propre de l’humain et je pense qu’un poète de l’époque a du vouloir en parler dans une suite de quatrains intitulée « contre la présence réelle », regarde ce que j’ai trouvé et ça commence comme ça :

« N’est-ce point sans raison que ces champis désirent
Etre sur les humains respectés en tous lieux,
Car ils sont demi-dieux, puisque leurs pères tirent
Leur louable excrément de substance des Dieux… »

-Dis m’en plus, ne t’arrête pas, je ne comprends pas tout mais c’est beau et ça ne m’embrouille point.

– C’est de Théodore Agrippa d’Aubigné, originaire d’une région qui m’est chère et grand-père d’une marquise bien connue de l’histoire …
« …Et si vous adorez un ciboire pour être
Logis de votre Dieu, vous devez, sans mentir,
Adorer ou le ventre ou bien le cul d’un Prêtre,
Quand ce Dieu même y loge et est prêt d’en sortir.

Tout ce que tient le Prêtre en sa poche, en sa manche,
En sa braguette est saint et de plus je vous dis
Qu’en ayant déjeuné de son Dieu le dimanche,
Vous devez adorer son étron du lundi.

Trouvez-vous cette phrase et dure et messéante ?
Le prophète Esaïe en traitant de ce point
En usait, appelant vos Dieux Dieux de fiente,
Or digérez le tout et ne m’en laissez point. »

Pour répondre à Jacou qui posait cette question : MAIS, OÙ DONC SONT PASSÉS CES DIX JOURS ? Chers adeptes et ami.e.s de l’agenda ironique,  je vous propose de répondre à cette question, avec quelques contraintes :
– Placer dans votre texte, au choix  : Henri IV, les quatre mousquetaires, les quatre filles du docteur March, le lac des Quatre Cantons,
– Le texte ne devra pas dépasser 29 phrases.
– Insérer un quatrain.
Saupoudrer de quelques mots comportant le suffixe tétra.
Je n’ai aucun mérite, j’ai tout trouvé sur le Net, et même Max-Louis nous avait entraînés dans sa fiction, il y a peu.

De beaux voyages à raconter

Il y en a toujours qui ont de beaux voyages à raconter.

Il y en a toujours qui pensent aux endroits extraordinaires à découvrir et aux images inoubliables de lieux indescriptibles à garder en mémoires. Dans ma famille on a pas vraiment voyagé si ce n’est que de l’étable pour aller aux champs et quelquefois, un peu plus loin, sur les pans de la colline. Il y a bien des cousins qui partent un jour en charrette ou en camion à l’abattoir. Mais de là, ils n’en sont jamais revenus et n’ont donc pas pu dire si le voyage était beau.

Ah ! mais j’y pense, il y a bien cette virée que j’ai faite quand j’étais jeune effrontée, un peu écervelée et qui a changé ma vie. Car il faut que je vous dise, je suis une vache. On fait partie de la famille des bovins, m’a-t-on dit un jour. Maman, mes sœurs et mes cousines étaient aussi des vaches. Mon père, un taureau et mes oncles et mes cousins étaient des bœufs. Il y a pleins de mots différents pour nous qualifier, parfois compliqués et d’autres dont on ne connaît pas bien la signification. Aussi j’ai toujours eu l’audace de demander des explications, comme abattoir par exemple, ou la différence entre taureau et bœuf… je sais, je saoulais le troupeau avec mes questions. Les plus anciennes ronchonnaient en affirmant que la vie est toute simple et doit le rester, qu’elle se résume pour nous à brouter et ruminer, et que ces tracas ne sont pas bons pour la viande et le lait. Mais ma mère répondait que personne ne devrait avoir envie de mourir idiot, surtout s’il risque de se réincarner en topinambaulx. Elle me faisait taire d’un coup de langue sur le museau, reniflait tendrement à mon oreille et m’invitait doucement à ne pas envenimer les choses. Mes sœurs, envieuses peut-être un peu, se moquaient de moi et me disaient que les baisers aspirants de la mère avaient déjà effacé mes taches à ma naissance et finiraient par me vider complètement de mes connaissances. Oui, car je suis une vache sans tache. J’en étais désolée à l’époque.

Ça me gênait énormément. Tout le monde avait un pelage de couleur, ou tacheté. Moi, j’étais blanche. Tout blanche, d’un blanc laiteux. Et surtout, j’étais la seule petite vache comme ça. C’est d’ailleurs pour ça qu’on m’a appelée Blanchette. Comme la chèvre de Monsieur Seguin, c’est ça, mais ça c’est une autre histoire… J’avais des copines aux noms aussi originaux que moi. Il y avait Roquette qui avec une queue à la forme curieuse, et Frisette qui avait une touffe entre les deux oreilles et dont le poil d’hiver avait tendance à friser énormément. On rigolait bien ensemble, on gambadait souvent, on sautait beaucoup, faisant des entrechats à tout va au lieu de brouter. Mais elles savaient bien aussi se moquer de moi.

Un matin, alors que le jaquemart venait de sonner l’heure de la rumination, Frisette s’est installée près de moi, car elle savait là que c’était mon moment de détresse. Toute excitée, elle riait à gorge déployée et pleine d’herbe qui lui cachait entièrement les dents du fond. Son frère avait rencontré un faiseur de couleurs et de taches qui venait chaque soir de pleine lune. Il fallait rester toute la nuit à regarder l’astre droit dans les yeux sans jamais fermer l’œil. Si par malheur cela arrivait, c’en était fini de la couleur ou des taches ! Bien sûr que je suis sortie ce soir de pleine lune, toute seule et sans bruit. L’obscurité n’était pas rassurante du tout. Je serais bien rentrée me coucher à l’étable, mais les taches c’était ce soir ! Je suis donc restée au milieu du pré, les yeux fixés sur ce disque brillant, luttant pour ne pas m’endormir. Des cris déchiraient la nuit, à m’effrayer et me faire sourciller. Mais c’était des cris du hibou qui hululait et j’ai tenu bon jusqu’au matin. Alors là, j’ai couru à la mare pour voir mon reflet. Rien, pas une tache, aucune couleur. Rien que du blanc ! Frisette m’a trouvée là en train de pleurer. Navrée, elle m’a avoué qu’elle et son frère m’avaient fait une blague. Et c’est ce jour-là que j’ai décidé de partir. J’allais voir l’artiste Pruneau.

Si le faiseur de couleurs et de taches n’existait pas, Pruneau lui, existait bien. Tout le monde en parlait quand on partait chaque été sur la colline. C’était un artiste qui avait le don de rendre le monde merveilleux. Il habitait de l’autre côté de la montagne, sur la face non visible d’ici. En passant, j’ai dit au revoir au dindon blanc de la basse-cour, qui s’évertuait à glouglouter et à plaire à sa grosse dinde. J’ai traversé le bocage, j’ai franchi des haies, j’ai avancé difficilement sur les rampes caillouteuses, j’ai traversé des champs fleuris de marguerites toutes blanches exhibant leur cœur jaune au soleil. J’ai rencontré des brebis et des chèvres, toutes blanches et qui étaient fières de leur pelage immaculé. J’ai croisé la famille des lapins blancs qui s’étaient salis et couraient à la rivière pour se nettoyer. J’ai dormi en compagnie de la chouette blanche qui ne comprenait pas mon problème. Mais moi, j’étais une vache tout de même et je voulais des taches.

Tous connaissaient Pruneau qui vivait sous les pruniers, et me confirmèrent que j’étais sur le bon chemin… et je suis arrivée. Pruneau était joyeux, et voulait un monde heureux. Il portait un chapeau qui lui cachait les yeux, et quand je lui exposai mon souci, il se mit à réfléchir longtemps, longtemps… et j’ai bien cru qu’il s’était endormi. Quand il eut réfléchi, il sourit et trempa sa queue dans une flaque de boue. Il dessina des taches sur mon dos. Des taches en formes de cœurs et de fleurs, de ronds et carrés et me demanda d’attendre jusqu’à ce que la boue soit sèche. J’étais heureuse, et filai à la mare pour découvrir et constater mon nouveau look. Folle de joie, je remerciai Pruneau et jouai tout l’après-midi dans les prés à saute mouton avec mes nouveaux amis au grand dam de leurs parents. A cette saison, les orages étaient fréquents et la pluie et ses trombes d’eau effacèrent mes taches. Quand le soleil réapparut, j’étais redevenue une vache toute blanche et triste. J’éclatai en sanglots et mon chagrin affecta l’artiste. Il s’assit à côté de moi et me pria de sécher mes larmes, il voulait me montrer quelque chose.

On a marché un moment côte à côte en silence… puis on s’est arrêté sous un arbre. Il me demanda alors de regarder mon dos. L’ombre de l’arbre avait dessiné des taches plus foncées sur mon pelage clair. J’étais belle et heureuse. J’avais retrouvé le sourire. Puis on se déplaça en plein soleil et mes taches disparurent bien sûr. C’est à ce moment là, qu’avec un grand sourire et avant que je perde le mien, il m’expliqua que si je voulais des taches, je n’avais qu’à retourner sous un arbre. Et il ajouta :  « L’essentiel est invisible pour les yeux ».

C’est ma participation au voyage de l’Agenda Ironique proposé par Vérojardine illustrée d’une future page de livre textile. Il y a de belles phrases, comme ça, qui termine bien l’histoire.

 

Voyage au bout de l’an

Décrire un voyage au bout de l’an pour l’Agenda Ironique de décembre.

Carnets Paresseux nous a invité à décrire un voyage au bout de l’an pour l’Agenda Ironique de décembre. Elle a eu la bonne idée de récapituler la consigne: un voyage inspiré de l’atlas de Joan Martines, deux dates, six mots avec une demi-douzaine de liens, et j’en ai retenu un, celui des instructions élémentaires

Instructions pour voyager

N’emportez pas une échelle même si elle est en graphène, c’est juste trop volumineux, et prévoyez de revenir avant Noël, ou partez après. On ne sait jamais si les rennes cette année avaient enfin l’idée de venir avec the red guy et le traîneau rempli de cadeaux ce 24 décembre, ce serait dommage de les manquer. J’espère simplement que vous n’avez pas prévu partir demain, parce que là c’est trop tard pour lire attentivement les instructions qui suivent et trop tôt pour préparer minutieusement votre matériel et votre esprit.

Étalez d’abord quelques cartes routières récentes sur la table et observez. Ah vous n’en avez pas, et bien il faudra faire sans. Un petit conseil, ignorez celles où les villes sont trop visibles, nombreuses et très étendues, repliez-les immédiatement car vous n’aurez pas l’impression de changer de capharnaüm habituel et finalement ce sera un gouffre financier pour votre bourse.
Regardez plutôt celles qui présentent de grandes étendues, où vous pourrez aller respirer et vous détendre. Et si toutefois quelques lieux notés vous inspirent, c’est là qu’il faut aller ou fermer les yeux et écouter.

Si quelques signalisations de sites et châteaux sont mentionnées, votre séjour n’en sera que plus intéressant. Soyez attentifs et respectueux des lacs, rivières, littoraux… L’eau est précieuse, autant que des diamants ou les étoiles. L’ambiance doit être agréable et les points de vue magnifiques. Toutefois, sans être trop tatillon, préférez un seul littoral visible à la fois, sinon vous risqueriez de choisir une île et vous en aurez vite fait le tour. Méfiez-vous d’une région de lagune où la bande de terre est étroite et étriquée voire même infestée de moustiques, et là… Vérifiez que votre trousse à pharmacie soit bien dans votre sac et facilement accessible. Quoique… si vous partez avec des amis, il en auront sûrement une aussi, alors laissez tomber la trousse, et votre sac en sera moins lourd.

Ne vous encombrez pas inutilement et déchargez immédiatement vos objets et ustensiles qui vous paraîtraient superflus. Et si vous êtes vraiment avec de bons amis, vous partagerez facilement entre vous ce qui manque à l’un ou l’autre.

Ah oui, un truc important à connaitre, car il y a toujours un moment où l’atmosphère est malgré tout plus ou moins électrique. Apprenez à chanter pour divertir et calmer les plus énervés. Ou jouer de la guitare mais là, il faudra la transporter, et c’est fragile et encombrant. Alors apprenez à souffler dans un harmonica, et peut-être même que vos amis vous féliciteront pour votre sens pratique et votre don de musicien.

Une dernière chose. N’emportez pas de bijoux, vous risqueriez de les égarer. Après tout, si vous partez c’est pour faire de jolies rencontres. Et tisser des liens avec les autochtones seront toujours possibles. Ils vous offriront bien un souvenir du pays, et s’ils vous donnent le choix, optez  pour un bijou. N’acceptez pas n’importe quoi, restez vigilant sur le volume et le poids… et l’effet beauté bien sûr. Si besoin, vous pourrez le refiler à quelque de vos amis pour un service rendu, ou si l’ambiance et électrique à cause de vous et que vous n’auriez pas eu le temps d’apprendre à chanter ou à jouer d’un instrument. Voilà, vous êtes prêt.

Repliez votre carte quand vous aurez fait le choix de votre destination et glissez-la dans votre sac, réservez vos billets ou faites le plein d’essence, à votre convenance, car on peut très bien voyager pas trop loin de chez soi. Surtout faites bon voyage.

Dans le cas où vous n’auriez pas envie de voyager seul et que vous n’auriez pas encore décidé vos amis pour vous accompagner, griffonnez joliment un message mystérieux. Emballez cette carte-trésor dans un papier cadeau comme vous le feriez pour un livre à offrir. Et déposez ce paquet dans la main de quelqu’un qui vous la tendra dans la rue un soir de ce mois.

Faites-le. Avant le 31 décembre. Et qui sait ? il appréciera votre geste, et je suis pratiquement sûre qu’il vous offrira un sourire en retour.

Je me suis concentrée sur les préparatifs parce que, comme pour n’importe quelle fête, c’est une part extraordinaire et importante pour réussir un beau voyage. 

***

Illustrations : Joan Martines, Atlas Nautique du Monde, 1586. Gallica/bnF

Ah j’en ai connues des lunes

Ah j’en ai connues des lunes…

L’une et l’autre se ressemblent vraiment, tellement pareilles, quasi identiques,
L’autre lune est plus grande et grosse, volatile et liquide, presque élastique
Blanche et bleue et fort sympathique.

Toutes trois se tournent autour depuis toujours sur des orbites concentriques,
Les jumelles dans un sens et l’autre dans l’autre, à des distances kilométriques
Comme des êtres excentriques.

L’une et l’autre en lucioles évoluent au-dessus du sol
L’autre lune si énorme ne montre d’une partie de sa fiole,
Juste une coupole.

Fallait-il être jobastre pour venir ici sur l’aire et vivre sur cet astre.
Au début ça m’a flanqué les boules et des coups dans l’hypogastre,
Mais avec quelques piastres, on y est arrivé sans trop de désastres.

L’important ce n’est pas d’où l’on vient, de Castres ou d’ailleurs
C’est d’être bien à l’intérieur, et respirer à pleins poumons un air meilleur
Pour être gai dans notre cœur.

« Surprise » m’avait-il dit et me l’avait promis pour mon anniversaire,
Dam’ sans penser à la pierre angulaire, j’espérais pas plus qu’une soirée culinaire,
Mais trois lunes à la fois, et la lumière à mes pieds, quelle affaire
Car depuis, nous vivons sur Sol’aire.

Je n’ai rien demandé, et sans la décrocher, il a su m’y emmener,
Loin de ce monde vain, quand d’autres y sont restés et peuvent tous aboyer,
Mais à ce roc doré, mon cœur s’est accroché,
Et reste énamouré.

Si pour être en équilibre, il faut trois pattes à un canard
Ou pour sembler heureux, se goberger de caviar,
Pour moi, c’est simple, pas compliqué et sans homard
ce sera choucroute au lard… et beaucoup d’art.

Le hasard nous a déposés là, au gré des vents et sans tourment.
Nous sommes partis avec un chien, un chat et avons eu trois enfants
Un noir, un blanc et le troisième, j’sais plus comment,
On a plus la forme d’antan, mais avant c’était avant assurément,
Et tous sont bien contents, puisqu’ils ont fait nos petits-enfants.

Ce dont j’vous cause, c’est y a longtemps, car aujourd’hui
Les lunes sont là en plein midi et même la nuit… pour faire joli
Dans le décor. Le sol, l’aire et l’air en sont remplis
De gens d’ici, des autres d’ailleurs et ceux qui rient
Et moi je prie

Je n’ai rien pris, il a suffit d’un pas, un pas de toi vers moi, et un de moi vers toi, nos doigts levés montraient ce là, pour un voyage de miel on y rêvait déjà. Quand l’un posa le pied, l’autre l’a suivi, toi et moi ici de là-bas partis.
Pourtant le 21 ils étaient trois, partis de là et aluner ici. Ils parlèrent d’un sol gris et tout dégarni, ils n’ont pas vu tout ce qu’on voit, surtout celle-là, toute verte à deux pas, et qu’il y en avait trois.
Au fait, trois quoi ? Trois lunes ? trois astres ? trois pas ? Les valeurs d’ici on ne les connait pas, mais en tous cas, on est tous là, venus y vivre et on mourra. Loin de tout ça, Belle Bleue là-bas, on la voit notre Terre d’avant derrière nos toits.

Ce sera ma participation à l’Agenda Ironique de Juillet en hymne à la Lune proposée par Louise deMathurinades. En illustration, quatre petits falzars que j’ai cousus pour cacher quatre petits pétards. Ah j’en ai connues des lunes !

et les autres textes sont là.

La brocante de juin

Approchez pour la brocante de juin,

Approchez mes voisins, mes copains, mes cousins,
Car dans quelques jours c’est l’été.
L’été revient et toutes ces folies et dérisions,
Retour des amis et leur déraison.
Y’aura d’abord Maud qui voudra arroser son bac à Laure et A,
Ou quelques trois ou cinq fois plus que ça
Puis y’aura Mauricette qui prendra et fêtera sa retraite
Sans jamais avoir eu son baccalauréat,
Alors Mortimer partira chez sa mère au bord de la mer,
Et Mohamed rêvera du Club Med à Bab el Oued
Y’aura Momo avec son nom sur son maillot,
Le seul qu’il sache écrire avec des m et des o,
comme les vieux, disait-il, avec des cannes et des os.
Ce sera l’été, la plus jolie des saisons et le retour des maux,
Vaises habitudes de quelques cafards abrutis et leurs sales timbales,
qui ne banquent même pas avec des m…euh d’excuses ou des mots gentils.
M’autorisez-vous à déblatérer et piocher des mo… sans haine
comme je peux le faire pour mes tricots de laines ?
Les mosaïques ornant les tables en terrasses,
Chaudes en couleurs comme les chapiteaux de cirques,
Les monopoly dépliés pour les jours de pluie,
Ou le mortier écrasant comme la chaleur de l’été.
Le morbier ou tout autre fromage après le potage,
La Morelle de Balbis pour épater Isabelle et Barbie
Les morcelés trouveront leur dessert glacé trop gelé,
Les mojitos alcool-citron-menthe non appréciés des lève-tôt,
Et les motards vrombisseurs haïs des couche-tard,
Le motoculteur pétaradeur du voisin dont j’ai horreur,
Le monnayeur en panne me signalant d’aller ailleurs,
Les motocyclettes en va-et-vient bruyants à casser nos têtes,
Les momifiés sur les plages étalés à se cramer,
Les monogames reluquant et rêvant d’être polyg…
Les monégasques polis jamais las de toutes ces frasques
Une morphologie de rêve et un corps d’Ève,
Dans un monokini pour un temps, car avec l’âge allant c’est fini ou très défraîchi,
Les mocassins râpés, usés et mouillés par l’eau du bassin,
Du moniteur devenu maître nageur,
Une modestie sans fin,
Par émotion
Pour une motion
Un mode d’emploi que je n’ai pas,
Une mort subite avalée pour oublier la suite…

Approchez pour la brocante de juin,
approchez mes voisins, mes copains, mes cousins,
car dans quelques jours c’est l’été,
et ce sera l’heure et le temps de trouver les mots et tout célébrer.

C’est ma participation à l’Agenda Ironique de Juin proposé par Vérojardine sur le thème de l’été au rythme des mots de la rue Kétanou quand la rue est partagée à cette saison, et que l’espace de chacun doit être respecté, et tous les textes de la brocante de juin sont là.

Palette et Plume d’expression fragile

Palette et Plume d’expression fragile

Pour nourrir l’âne, on devait aller chercher le foin,
Alors on a marché longtemps, pourtant ce n’était pas loin.
Là dans l’air brûlant de l’après-midi, elle a perdu ses escarpins,
Et les moustiques dansaient avec les maringouins,
Tourbillonnaient et nous piquaient avec soin sans besoin,
Tant et si bien qu’on a fini par arriver chez les pingouins.
Enfin, on vit leurs œufs.

Elle les a peints de couleurs vives, fallait voir ses frusques.
Trop pressée, elle faisait des mouvements brusques,
Puis se grattait la tête, mettait ses cheveux en lambrusques,
Lentement elle se grimait la face comme chez les étrusques,
Une envie soudaine de se donner un air de mollusque !?
Magnifique Apolline que rien n’offusque
Et n’émeut, ou juste un peu.

D’ailleurs il faudra la convaincre et qu’on l’emmène
Effectivement dans cette maison spéciale pour schizophrènes
Xénélasie exigée de ce monde par de méchantes graines.
Patiemment on en a déjà parlé de sa dégaine et de cette gêne
Ressentie, rarement appréciée de certains par dizaines.
Elle paraît prendre ces remarques comme une rengaine,
Semble se jouer de tout ce qui se dit autour de ça, l’inhumaine.
Seulement le jour viendra, elle sait, en est certaine,
Ici, avec les gens qui l’aiment, elle se sent forte comme un chêne
Oublie qu’elle n’est pas reine dans son domaine,
Nargue d’un pied de nez et fait un vœu.

Faut pas croire, elle se battra, se démènera l’énergumène.
Rien ne sera facile, faudra peut-être demander de l’aide urbaine.
A moins que… j’ai une idée ! aucune n’est vaine.
Gauchement, mais rapidement je lui tricoterai une mitaine
Illico elle l’enfilera voulant ressembler à Philomène
Lèvera la main et prendra, encore une fois, son air froid qui m’enchifrène,
En attendant, on ne fait pas toujours ce qu’on veut.

C’est ma participation à L’agenda Ironique de mai proposé et hébergé cette fois-ci chez Palette d’expressions et la Plume Fragile au rythme résonnant des mots perdus et retrouvés, imposés pas facile à placer avec une certaine idée d’Apollinaire, mais là on fait ce qu’on peut !

La tante Bocha et le père Eskia

Je crois bien que la tante Bocha et le père Eskia sont les plus anciens habitants du village aujourd’hui.

Ils n’ont pas toujours habité là. Ma grand-mère les a connus quand ils se sont pointés dans la région. Ils disaient venir d’un pays couvert de cactus et habité par les pires espèces de la terre, et ils avaient aussi précisé qu’ils n’y retourneraient plus jamais. C’étaient des personnes qui aimaient déjà beaucoup plaisanter, alors fallait-il les croire ?

A leur arrivée au pays, elle s’installa dans la grande maison qu’elle occupe encore, pour prendre l’intendance de l’orphelinat qui n’existe plus à ce jour ; et lui l’aidait dans tout ce qui touchait les travaux extérieurs. Il avait également, remplacé le vieux sacristain dès son arrivée, et s’installa à la cure attenante à la chapelle. Il sonnait les cloches aux horaires des offices affichés, tenait entre autres, cette fonction avec sérieux, et laissait quelquefois participer les enfants, ce qui les faisait beaucoup rire. Mais ça ne se fait plus maintenant, car l’église a disparu, elle a été démolie, la cure aussi, et avec l’électrification depuis quelques bonnes années déjà, il a quitté la cure et habite le moulin. Il le fait fonctionner avec ses petits-neveux, comme il aime à dire, qui sont adultes maintenant mais dont on ne leur connaît ni l’Eve ni l’Adam.

Même si ces deux personnages ont toujours semblé bizarres et originaux, elle avec sa grosse chevelure d’un rouge naturel très vif et lui avec ses gros biscoteaux, ils se sont bien adaptés et ont tout faits pour être adoptés par la population. Ils sont très sympathiques, ont toujours aimé les enfants, et pourtant n’en ont jamais eus. Ils sont très attachés l’un à l’autre mais n’ont jamais vécu ensemble. Il s’est dit à l’époque, qu’ils auraient peut-être été frère et sœur, tout du moins ça apaisait les esprits de le croire. Aujourd’hui, on s’en moque carrément.

Pourtant, à ce qu’il paraît, lui était prêtre défroqué quand on les a connus. Ça faisait sourire dans le village, mais de son passé à elle, personne n’en connaît rien. A ce qui se disait quand même c’est que c’étaient de grandes cicatrices qui lui barraient le visage quand ils sont arrivés et qui faisaient sursauter ceux qui la regardaient pour la première fois malgré son sourire. Elle a toujours souri, si bien qu’aujourd’hui celles-là se sont estompées et ont pratiquement disparu dans les plis de ses rides. Ou on s’est peut-être simplement habitué à sa figure fripée et son regard tendre reste le plus doux à voir.

On en a raconté des choses sur ces deux phénomènes, et inventé des secrets à leur sujet qu’on aurait bien voulu connaître et dévoiler… Il n’y avait sans doute rien d’exceptionnel à découvrir. Ces gens sont simples, et faciles d’abord. Lui est impressionnant de corpulence, et de sa voix grave, il sait raconter comme personne, des histoires toujours nouvelles et un peu effrayantes qu’on aime écouter à la tombée du soir ou durant les nuits d’été. Elle, a plutôt une voix rauque et suave, dont les jeunes enfants savourent quand elle entonne des berceuses pour les rassurer ou les endormir. En tous cas, un grand nombre de ces tous petits qui ont grandi dans la grande maison, reviennent leur rendre visite au village, et chacun a un métier ou est artisan de la vie à sa manière. Je ne sais pas pourquoi on les appelle comme ça ces deux-là, et je doute que ce soit leurs vrais noms, mais peu importe ça leur va bien.

Si je vous parle d’eux, c’est que justement comme chaque année à cette saison quand le printemps est là et qu’on est passé à l’heure d’été, tante Bocha a envie de renouveau. Elle sort alors ses fourneaux hors de sa maison, les protégeant sous la tonnelle pour un grand ménage et pour faire plus de place à l’intérieur. Elle a de la force et du caractère. Elle tient à remettre en marche, à la mode d’antan, les deux fours du village bordant la grande propriété, et ce, jusqu’au prochain changement d’heure. Du bois de chauffe est toujours prêt dans les abris sur les côtés. On n’a plus qu’à apporter les plats à cuire et étendre ou dresser les grandes tables et les bancs.

C’est une habitude au village, que la communauté vienne à la belle saison se servir des fours et cuisiner ensemble pour tous. Des senteurs et de bonnes odeurs envahissent l’air ambiant, le tintamarre des conversations et les rires des enfants colorent les jours et claironnent comme une fanfare jusqu’aux soirs, même tard au milieu de la nuit. On trouve le sommeil, ou on en sort, comme on peut. D’ailleurs, cette pratique est devenue un rituel auquel les gens du pays ont donné un nom spécial pour cette moitié d’année, « les fours mi-temps Bocha », où l’on vit et se retrouve autour des fours. On aime l’entendre rire de toute sa gorge et dire que tout ce remue-ménage l’enchante, que le retour des beaux jours lui font du bien, que ce brin de folie épice sa vie et que c’est le Père Eskia qui apporte tout le piquant dont elle a besoin à ses jours et sa vie.

Non en fait, si je vous ai parlé de ça, c’est parce que le piaillement des oiseaux à l’aube m’a réveillée, que je me suis levée trop tôt et qu’en plus j’ai trouvé des fourmis autour du pot de miel, sans doute mal rebouché lors d’une utilisation précédente. J’ai eu soudain la tête comme remplie d’oursins et d’orties tant j’étais énervée.
Et je me suis rappelée du poème d’Aimé Césaire proposé par Anna Coquelicot pour l’Agenda Ironique d’avril. Avec des mots comme ça, Aimé, Coquelicot, ironique, comment ne pas se calmer, sourire à nouveau et admirer la Nature ?

Le voilà ce poème d’Aimé Césaire, qu’il a intitulé : -Insolites bâtisseurs-
tant pis si la forêt se fane en épis de pereskia
tant pis si l’avancée est celle des fourmis tambocha
tant pis si le drapeau ne se hisse qu’à des hampes desséchées
tant pis
tant pis si l’eau s’épaissit en latex vénéneux
préserve la parole
rends fragile l’apparence
capte aux décors le secret des racines la résistance
ressuscite autour de quelques fantômes plus vrais que leur allure insolites bâtisseurs—

C’est ma façon de sourire à la vie et de répondre à Anna Coquelicot qui nous proposait de traiter des épis de pereskia et des fourmis tambocha, de chercher à connaitre cette faune et cette flore, en prose ou en vers pour l’Agenda Ironique d’Avril.

 

Les maux sans dessus-dessous

– J’ai les maux sans dessus-dessous. Tu sais, j’en avais marre d’observer la rue toute la journée sans que personne ne me voit vraiment ! Les passants m’ignorent presque systématiquement, s’appuient lourdement tout au long de ma cuisse en attendant le bus et me fatiguent, d’autres sont pressés et me rasent à croire que je les gênerais presque sur le trottoir où la ville m’a posé. Je me fais toujours renifler les pieds par les chiens et certains même règlent leur petite commission en liquide. Pouah ! Ah, et j’ai mal partout de toujours me tenir bien droit.

– Je suis placé au début d’une jolie impasse fréquentée par de nombreuses familles et leurs enfants. C’est chouette, ils jouent souvent à cache-cache et me font participer à leurs jeux que j’ai l’impression de danser, ils crient, rient, me bousculent et me chatouillent, et le soir les amoureux me caressent le bas des reins pendant qu’ils s’embrassent. En face, une rue descend en escaliers dont je n’aperçois pas l’en haut, et les ballons des petits arrivent plus vite à mes pieds et bien avant que pointe leur tête.

– Je respire toute la journée les gaz d’échappements, les klaxons des voitures me cassent la tête. Au milieu de cette rue, j’envie mes voisins, ils ont une vie bien plus belle que moi. Celui de droite a le tramway qui passe quasiment à ses pieds, le frôle et agite l’air avec douceur, à ce qu’il dit. Celui de gauche donne sur l’avenue et la vraie vie de la ville, auprès de boutiques de choix, un bouquiniste heureux de vivre qui chante à tue-tête pour haranguer ses futurs clients, un fleuriste qui étale dans de vastes récipients tous les matins de fleurs fraîches à ses pieds et le protègent et embaument et en face un confiseur et marchand de glaces. Ce sont des gens joyeux qui l’approchent, lui. J’te jure, si ce n’est pas le bus qui s’arrête à mes pieds, c’est le camion-benne des éboueurs qui m’enfume avec tout son charivari émétique. Il était temps qu’ils nous offrent ce repos, d’ailleurs ils m’ont déjà remplacé temporairement par de drôles de lampions pour faire des travaux. C’est moche !

– On va nous refaire une beauté, changer de look et de design, j’espère. Sais-tu si on attend longtemps avant qu’ils nous entreprennent ? Qu’est-ce qu’on est bien sur ce banc. C’est ça qu’on appelle un Chesterfield ? Dis, que bougonnes-tu ?. Au fait on m’appelle Carmen dans le quartier parce tu vois j’ai le pied en forme de jupe de danseuse espagnole. Un peu cabossée, mais c’est un peu pour ça qu’on est là. Ça me fait du bien de te connaître, je ne pensais pas qu’on puisse être si différents, et tu me décris un monde que j’ignore et que je n’imaginais même pas.

– Les habitants avaient l’air de trouver les lampions à leur goût, c’est peut-être pas si temporaire que ça… j’aimerais bien changer de rue quand ils m’auront retapé et…

– Chut ! la Hurlette, cesse un peu, ferme les yeux et profite, écoute le clapotis à nos pieds, j’ai toujours rêvé de voir la mer, et on l’entend. Dis, ça te dirait d’être au bord de l’Atlantique.

– Pouah ! arrête d’évoquer l’océan ! une autre odeur, une puanteur de poissons morts et de coquilles et crustacés. Avec les pieds dans le sable, le vent qui décoiffe et rend encore plus fou ! Et les phares au loin, plus grands que nous qui éclairent toute la surface de l’eau et de la terre jusqu’à l’horizon. Jamais on aurait la vedette.

– J’aime bien ma ville, j’irais bien au coin du marché cette fois-ci.

C’est ma participation à l’Agenda Ironique de mars hébergé chez Max-Louis sur le dessous des mots, dont le thème était le lampadaire avec quatre mots imposés, et illustrée de photos trouvées sur le Net.

La liste des textes ayant participé à cet Agenda Ironique sont ici et c’est Anna Coquelicot qui gagne.

Agenda onirique

La fée vrillée !? bien sûr que j’en ai rêvée pour l’agenda onirique.

J’avais encore jamais été au phare à mentir. Il a fallu quand même que le mistral souffle très fort pour que le vent m’emporte jusqu’ici. Je suis tombé là comme un cheveu sur la soupe (enfin, façon de parler parce que je n’avais toujours rien trouvé à me mettre sous la dent). Après avoir longé la route des bruyères (ce devait être ça puisqu’il y en avait plein au bord du chemin) j’étais maintenant arrivé sur la route du beau repère. Je l’ai su quand j’ai vu l’animal qui tourna devant moi. J’avais ralenti et m’abritais sous les arcades pour que le blizzard ne me pousse pas au hasard plus avant. A un cheveu, nos chemins se seraient croisés. Il ne m’avait pas vu, ni senti. Heureusement, le flot de l’air avait subitement changé de sens et soufflait de face. Il me précédait, dodelinait de l’arrière-train et rasait les murs de son flanc. La bête était énorme de carrure imposante. Les cheveux d’ange de son pelage dansaient sur son dos à cette heure de la nuit sous les réverbères ou les rayons de lune, mais le démon l’habitait bien, c’est mon cousin garou qui m’en avait causé. « Gare à toi s’il te voit ». J’ai gardé la distance et elle nous a séparés ce soir-là définitivement.

Le temps passait et le mistral soufflait encore très fort. Il retournait les ombrelles et parapluies suivant les saisons, emportait les chapeaux de ceux dont les mains n’étaient pas assez rapides pour les retenir. A ne pas bouger et se laisser faire beaucoup étaient chauves maintenant et restaient baba en regardant leur bibi courir à terre pendant que d’autres riaient. Ces autres, nouveaux sans doute et encore lestes, se réfugiaient prestement sous les auvents ou les balcons et restaient coiffés ou à peu près bien peignés. Certains comme moi, un peu décoiffés, zigzaguions ou avancions à rebrousse poil. Il s’en ait fallu d’un cheveu que je reprenne le char à vent.

Cependant on ne peut pas toujours l’éviter, quand la bise fut venue, j’ai revu mon cousin. Toujours de bon poil, le garou, et droit dans ses bottes, il est quelquefois tatillon à vouloir trop de précisions et prêt à couper les cheveux en quatre sur la tête des autres, car lui n’a plus que quelques poils sur le caillou mais il suffit de le caresser dans le bon sens du poil (enfin sur ce qu’il en reste). Vous allez trouver que mon histoire n’a ni queue ni tête, est un peu tirée par les cheveux, et vous aurez raison. C’est que je n’ai pas une vie toute tracée et une seule voie à prendre, moi, des tas de pattes d’oies s’ouvrent devant moi, mais je n’en vois pas souvent (des oies, pardi ! ben oui, parties). Je vis au fil de l’eau et au gré du vent, et ce gré m’a porté ici aujourd’hui.

J’ai sauté dans le char, me suis accroché dans les virages jusqu’à ce qu’un soubresaut me jette chez mon cousin garou près du phare à mentir et nous avons causé. J’ai pu constater qu’il a un sacré poil dans la main, l’énergumène. Vous me direz que c’est normal vu l’animal et son âge, mais c’est presque une queue de vache comme aurait dit ma grand-mère. Seulement la mère-grand aujourd’hui est morte, mangée par le loup, le chasseur n’a pu récupérer que le red hat, car les humains avaient séjourné trop longtemps dans le ventre du monstre et avaient disparus dissous par les sucs gastriques. Le loup lui s’en est remis, en santé et plein la panse. Par contre ça, on ne le dit pas aux enfants, on a laissé le Père O grimer le conte. Au fait ce n’est pas de ça qu’on a causé avec mon cousin garou. Juste de l’air du temps et du vent sur terre qui fait s’envoler les objets et les mets et qui lui apporte parfois son repas tout prêt tout près, souvent juste devant lui et il vit ravi de ce que le vent ravit pour lui. Ce jour-là on a fait les fous, je lui ai un peu forcé la patte pour qu’il se bouge un peu plus et on a sauté à droite et à gauche de plus en plus vite pour tout attraper en vol et être servis. Tout ça tombait pile poil, car ce matin-là, quand je suis arrivé sous la pluie battante, je n’avais plus un poil de sec, ça nous a séchés et nourris en même temps.

Le zeph souffle encore et toujours, alors je suis resté et on s’est refait du poil neuf et du feu dans le poêle. On a continué à faire les sots et des sauts à droite à gauche et tant que ça dure, on n’est pas près à se faire des cheveux blancs. Quand même, le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté.

« Ferme tes yeux pour rêver et fais vriller » m’a dit février. Absolument, j’ai fait vriller pour à l’agenda onirique chez Ecri’turbulente avec quelques contraintes dues à Eugène et Groucho.

La recette de la jumeleine

La recette de la jumeleine

La recette de la jumeleine

La vraie recette, je doute que quelqu’un la connaisse réellement bientôt…
Ah il y a bien celle de la rouste, qu’on reçoit un peu trop vite pour l’avoir goûtée trop tôt.
Rares sont ceux qui oseront parler des lilas, des « je t’aime » et des frites chez Eugène
Et bien là, ça vaut le cinéma en semaine car je vous parlerai de mes jumeleins et jumeleine.
C’est pas que je sois spécialiste, ai creusé la chose, non, ils m’ont été offerts par la vie,
Et ça n’a rien à voir avec la laine, bien que ce soit doux et le plus gros de mes penchants.
Tout est venu subitement, c’était l’année de mes soixante ans,
Trente ans s’étaient écoulés depuis ma primiparentalité assouvie et suivie.
En cette année donc, mes aînées eurent alors la même idée,
Deux d’entre elles, à six mois d’intervalles, commandèrent un bébé
Et deux ans plus tard, leur vint la même envie.
Juste qu’en première cavale le cadeau de la vie m’offrit deux cousins jumeleins,
Une seconde expérience m’apporta une poupoule et un poulain germains.
Mémé que je devins, fut comblée de ces petits biens, j’admirai leurs doigts, leurs mains…
Et depuis qu’ils grandissent, Jumala se nourrit de leurs mots malins et regards coquins,
Liens devenus passion, derrière cette fantaisie, énorme réminiscence du lien maternel,
Émotion, la plus innocente des origines, aspect charmant d’un fantasme réel.
Ici, saveur du moment, odeur du bonheur, pour sûr qu’homo sapiens est un croque mitaine,
N’ignorant pas la mauvaise haleine des juments et des baleines, ni celle des bas de laine.
Et si, chez vous, la clef reste introuvable, voyez Red Hat ou Pinocchio, ils vous conteront la vie.

Cet acrostiche pour répondre à l’Agenda Ironique de Janvier sur une idée de Carnets Paresseux ici et là, et clin d’oeil à celui de l’Aönd, douce prose illustrée de mes dernières mitaines dont le modèle est ici.

Jusqu’au dernier flocon

Rien n’est plus grisant que d’aimer la vie jusqu’au dernier flocon.

Jusqu'au dernier flocon

Juste encore un conte qui commence ainsi : Il était une fois…
Un petit flocon qui rêvait de voir le printemps.
Si petit , si transparent et insignifiant
Qu’on ne le vit presque pas sur le bord de la fenêtre où il se tapit.
Une toute petite maisonnette illuminée de mille bougies et si
Accueillante qu’il aurait bien voulu y entrer.
Un vent glacial soufflait au dehors et le charriait
Dans l’embrasure où il courrait et s’agitait,
Étourdit, bousculé et éméché.
Rien n’était plus drôle,  avec les autres flocons, que de danser,
N’hésitant pas à se coller les uns aux autres pour résister
Ignorant ceux qui dégringolaient à terre
Et ceux qui s’envolaient plus loin portés dans l’air.
Résistant au fil des jours plus longs et rassuré par la lumière,
Flocon s’accrocha caché dans un coin d’ombre et vit derrière
Les autres fondre et partir dans les rayons du soleil qui revint.
On parla de beaux jours et de nouvelles pousses au jardin.
« C’est le printemps qui revient » que les oiseaux chantèrent.
On vit la mousse et le lichen reprendre vie sur le muret de pierre
Nul baiser sur son cœur ne fut meilleur pour la fleur que cette goutte en forme de croix.

Juste un sourire, une respiration (pour apaiser mon cœur) et l’an sera fini. Juste un regard sur lundi vieux et d’un battement de cils l’an dit neuf est là.

Vous êtes nombreux à avoir voté pour les textes de l’AI de l’Ond , et les pourcentages le disent, alors j’écris (ou je crie, c’est juste une histoire d’accent) « Mets tes palmes, Carnets Paresseux, digne de prendre le relais de l’Aönd pour rejoindre son pingouin et son canard pour l’an dit neuf et cancaner ou jaboter, caqueter ou braire (oui oui oui 😉 ) comme il te plaira ».
(¯`v´¯)
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¸.•´.•´¨) ¸.•¨)
¸.•(¸.•´(¸.•´ (¸.•¨¯`♥*  ¸¸.•*¨*• ☆

Ne pas perdre de temps

Ne pas perdre de temps…

Ne pas perdre de temps

Non, il est trop précieux !
Et Fatalimace, à force de courir, l’année court à sa fin.
Parce qu’il y eut l’Avent, il y a maintenant l’après.
Ah, bien sûr, hargneux serait resté le Zébulon de l’önd
S’il n’avait pas pu finir l’AI et emballer les cadeaux.
Parce qu’il avait dit ça, vous avez dit « Chat noir »
Et il a vu là « la dynastie des morts ».
Rond et rond petit r’Ondelette … poursuit sa course
Dans la nuit. Onésime au pingouinzoo
Revisite l’épopée du Pingouin
Et du canard sur l’önd.
Dans ces mots, on entend la neige tomber doucement,
Et dans ce froid, nous étions nus
Tellement imparablement fragiles et soufflés
Ensuite ils passèrent une seconde d’inattention à se tortiller
Mettant le feu et attisant les braises de l’agenda
Pour un weekend à Zuydcoote
Soulignant l’actu brillante de l’Ond.

Parce que c’est le bout du chemin, sans limite, le terme est là, une cessation de l’ond, un achèvement dont on est fier, un aboutissement apprécié, enfin le but de cet objectif qu’on s’était fixé, une issue originale sans parler vraiment d’arrêt ni de chute, une légère suspension pour une belle sortie.

Carnets paresseux s’est proposé pour ouvrir l’AI de l’an dit neuf, alors votez pour le texte que vous avez lu, relu et re-relu… , et vous pouvez toujours proposer votre candidature pour héberger une suite (à votre sauce) de l’Aönd…

Il était un foie de canard de l’önd parti à la rencontre du pingouin de l’ai qui croît et croyait en sa mère, Onésime, Madeleine et Elodie et croisa les jumeleines, le scarabée des sables et votre attention…

Avec joie, bonheur et sourire de l’AI
et toutes mes excuses si j’ai oublié vos mots et textes, il est encore temps de coller votre lien ci-dessous.

Hiver de ma vie

Hiver de ma vie

Hiver de ma vie

Hiver premier de ma nouvelle vie,
Il fait un temps à ne pas mettre un önd dehors
Vivement les beaux jours de fin d’année
Et les grandes fêtes en famille ou entre amis
Regadmirer les bienfaits du soleil dans le jardin
De la joie dans les yeux des enfants
Et du bonheur dans ceux de Mémé
Mirifiques lectures et mergnifiques ouvrages
Au programme, attentions tendres pour les uns
Véhémence et passion contenues pour les autres
Il est temps de prendre du temps, quel qu’il soit
Et de continuer à aimer la vie.

Cet acrostiche illustre bien mon état d’esprit du moment, je profite de ce temps de chien et toute cette pluie pour des canards (et des pingouins) pour un récapitulatif de l’AI de l’ond (j’espère n’oublier personne):

https://carnetsparesseux.wordpress.com/2018/12/21/fatamalice-lannee-court-a-sa-fin/

https://patchcath.wordpress.com/2018/12/20/avent-il-y-a-lapres/

https://carnetsparesseux.wordpress.com/2018/12/16/hargneux-le-zebulon-de-lond/

https://jacou33.wordpress.com/2018/12/13/agenda-ironique-decembre-2018/

https://patchcath.wordpress.com/2018/12/11/emballer-les-cadeaux/

https://jobougon.wordpress.com/2018/12/08/chat-noir-chat-noir-vous-avez-dit-chat-noir/

https://jobougon.wordpress.com/2018/12/08/la-dynastie-des-morts/

Ondelette. Agenda ironique 12-2018

https://differencepropre.wordpress.com/2018/12/05/laond-poursuit-sa-course-dans-la-nuit-agenda-i/

https://laglobule2.wordpress.com/2018/12/04/onesime-au-pingouinzoo/

https://palimpzeste.wordpress.com/2018/12/04/lepopee-du-pingouin/

https://carnetsparesseux.wordpress.com/2018/12/04/un-canard-sur-lond/

https://patchcath.wordpress.com/2018/12/04/on-entend-la-neige-tomber-doucement/

https://ledessousdesmots.wordpress.com/2018/12/02/nous-etions-nus-et-imparablement-fragiles-et-souffles/

https://asimon.eu/blog/agenda-ironique/week-end-a-zuydcoote/

et si vous voulez participer l’idée est ici car le clap de fin… on a dit le 26/12, non ? comme ça, s’il se passe quelque chose à Noël qu’on voudrait raconter… et ça me donnera le temps de… rien du tout mais j’en aurai quand même 😉 l’AI a des règles qu’on ne suit pas toujours et la fin de ce mois-ci est un peu spéciale, Aie aie aie (Agenda Ironique Espécial ) 😉 Celui qui poste le 31/12 sera répertorié mais on saura qu’il ne veut pas qu’on vote pour lui. D’ailleurs va-t-on voter? parce que là, aie aie aie 😦 je ne me rappelle plus très bien comme on fait tout ça sur WP… Vous pouvez toujours proposer (vos astuces ou ) votre candidature ci-dessous…

Avent, il y a l’après

Il y eut l’Avent, il y a l’après.

Avent, il y a l'après

Sens-tu l’air chargé d’iode, le goût du sel qui pénètre ta peau ? disait le filet mignon au maigret de l’ond.

Tandis qu’ils riaient à nouveau, nous mangeâmes madeleine et jumeleines que ma mère avait offerts. Même si à ce moment là, Onésime réalisa à quel point il était en retard et tempêtait : « Tu peux pas t’en empêcher ! Pff ils sont pour moi ! »

Elodie répliqua très vite, incommodée par le grognement du mioche : « Chut ! Fatalimace ! Mets tes bottes » en lui fixant les yeux dans les yeux un rendez-vous créaginaire

Alors, on n’a prononcé des mots d’amour comme ça et ils se tiennent chaud ! »

Les odeurs de brioche remplacent allègrement celles des Mc Bacon et autres Cheeseburgers.

La pinguouination est assez complexe mais il n’y a plus trop de temps. C’est marée haute, la mer s’approche, et la fin de l’ond aussi. L’étendue de la récolte est mergnifique.

Des écriames et des pingouinations attendent peut-être encore que la polimalie des virgules se solve en délibules mirifiques mais il sera trop tard.

Je serai en insolitude. La route court depuis longtemps sous l’eau d’artificelles habitudes. C’est comme ça, c’est pas moi, c’est le Zébulon, et Les Douze Coups de Midi vont sonner au clocher, je vais rentrer chez moi, sans honte sans confusion ni juron, car il est tard et il fait bon de ne plus s’y laisser prendre. Demain, c’est l’hiver, je n’irai plus au travail, il y a l’après, je serai en retraite.

Voilà pourquoi j’ai choisi ce thème pour l’Ai de l’ond.

Accrocher des chaussettes sur la cheminée

Chacun tricote son morceau, à sa façon pour accrocher des chaussettes sur la cheminée, décorer la maison en ce temps d’Avent, et avoir le plaisir de recevoir quelque surprise des uns ou des autres. Maman y glissait des douceurs et Papa un petit mot écrit de sa main…

Accrocher des chaussettes sur la cheminée

Tricoter chaque morceau aux couleurs de chacun, s’attachant si bien aux autres qu’on aimera les porter pour les montrer. Des chaussettes ou des moufles jolies pour la décoration et chaudes pour le confort. La douceur de leur contact protégera de la froideur ambiante, piquante et mordante… Plus que quelques jours… et ce sera la fin… l’hiver arrivera… et Noël illuminera la nuit de ses lumières…

Je voulais aussi faire un récapitulatif des textes de l’AI de l’ond, si ça vous dit de participer, l’idée est ici et les premiers textes sont :

https://patchcath.wordpress.com/2018/12/11/emballer-les-cadeaux/

https://jobougon.wordpress.com/2018/12/08/la-dynastie-des-morts/

Ondelette. Agenda ironique 12-2018

https://differencepropre.wordpress.com/2018/12/05/laond-poursuit-sa-course-dans-la-nuit-agenda-i/

https://laglobule2.wordpress.com/2018/12/04/onesime-au-pingouinzoo/

https://palimpzeste.wordpress.com/2018/12/04/lepopee-du-pingouin/

https://carnetsparesseux.wordpress.com/2018/12/04/un-canard-sur-lond/

https://patchcath.wordpress.com/2018/12/04/on-entend-la-neige-tomber-doucement/

https://ledessousdesmots.wordpress.com/2018/12/02/nous-etions-nus-et-imparablement-fragiles-et-souffles/

https://asimon.eu/blog/agenda-ironique/week-end-a-zuydcoote/

Tout le monde s’affaire

Tout le monde s’affaire en cuisine pour confectionner un bon repas et dans le salon pour décorer la maison.

Tout le monde s'affaire
Les cakes, bûches et gâteaux de toutes sortes s’étalent déjà sur une table et embaument la maison et sur un présentoir, les fromages et les fruits sont à l’honneur. Des champignons émincés fricassent dans la poêle sur un fond de beurre et d’échalotes finement hachées. Quand tous les morceaux sont légèrement dorés, j’ajoute un peu de vin (blanc pour ne pas changer la couleur, mais le rouge convient également et colore de façon peu ordinaire) et feu doux pour la suite de la cuisson. Quand le liquide a réduit de moitié, je verse un peu de crème, un tour de poivre, une pincée de sel et mélange le tout avant de servir bien chaud sur de petites tranches de pain poêlé et grillé dans un fond de beurre.

Je tenais à partager, pour cette période de l’Avent, ma recette de croûtes forestières que je prépare souvent pour une entrée chaude, et comme d’autres s’affairent aussi pour l’AI de l’önd, voici déjà la liste des textes parus à ce jour:

https://laglobule2.wordpress.com/2018/12/04/onesime-au-pingouinzoo/

https://palimpzeste.wordpress.com/2018/12/04/lepopee-du-pingouin/

https://carnetsparesseux.wordpress.com/2018/12/04/un-canard-sur-lond/

https://patchcath.wordpress.com/2018/12/04/on-entend-la-neige-tomber-doucement/

https://ledessousdesmots.wordpress.com/2018/12/02/nous-etions-nus-et-imparablement-fragiles-et-souffles/

https://asimon.eu/blog/agenda-ironique/week-end-a-zuydcoote/