Je les observais… Après leur avoir donner les consignes, elles étaient libres d’œuvrer à leur façon maintenant. Elles ont démarré très vite et se sont calmées doucement. Je les voyais studieuses et contraintes à la fois, n’osant redresser la tête de leur ouvrage. Attendaient-elles qu’une première se dévoue pour poser une question ? Je les sentais obligées d’exécuter ce qu’elles n’avaient pas l’habitude de faire. Les gestes étaient lourds, saccadés avec des mouvements de bras et de mains subitement stoppés. Craignaient-elles d’oublier ce qu’elles avaient entendu et ne voulaient sans doute omettre aucune étape. Alors je pris à nouveau la parole et leur donnai plusieurs astuces pour poser les gabarits et border les coutures avant la découpe…
Je les ai observées… j’espère qu’elles ne m’ont pas vue blêmir, pâlir, compatir et douter à mon tour, puis aplanir les difficultés avec mes mots de l’instant.
Oui je les ai observées… et les ai vues obéir avec entrain et choisir des toiles colorées, accomplir et aplanir les coutures avec le sourire, agrandir et garnir leur ouvrage, réagir et rebondir, discuter enfin, partager leurs impressions, s’étonner de la vitesse du temps qui passe, s’interroger au sujet de la prochaine séance…
Pour répondre à l’atelier d’écriture n°198 de Ghislaine et pour dire le plaisir du retour de l’atelier patchwork et tout le bien thérapeutique ressenti. Merci de me lire.
mais il est rare de rencontrer cette expression dans des écrits et encore plus rare de l’entendre lors d’une conversation, car elle vient du latin, langue morte et donc plus utilisée aujourd’hui chez les humains. Mais chez les ornitho , hein !? …
Donc, naguère, chez les ornitho et les autres, le rendez-vous des épicuriens était hebdomadaire ou bimensuel mais rarement annuel. J’aurais cru ce rythme éternel. Je me souviens… A l’ouverture de la boite en début de semaine l’émotion était certaine et douce comme un duvet, très vite remplacée par l’impatience de ce qui allait être partager. Alors ce duvet éphémère devenait plumes qui grattaient le papier virtuel sous les touches d’un clavier. Je vous laisse imaginer l’ornitho dont les plumes le grattent. Toute une semaine festive à cogiter avec plaisir et lisser les plumes. Quelquefois, la ponte était rapide et le plaisir n’en était pas moins grand. Au contraire, c’était pure jouissance. L’ouverture des boites en fin de semaine procurait une immense joie quand on découvrait l’effet produit de ce partage entre tous. Comme une pyramide de verres où l’on verse en cascade quelque chose qui pétille qu’on va déguster. C’est peut-être ça qu’on appelle une re-jouissance.
« L’horloge ne mesure pas seulement le temps qui passe, mais également la durée d’un ennui et l’impatience d’une attente. » Cette dernière phrase lue me fit lever la tête. Allez savoir pourquoi ?! je pensai à ma grand-mère qui me disait que la sarriette d’été était préférable à la sarriette d’hiver pour la fabrication de saucisses en raison de son arôme plus doux et plus délicat, et qui ajoutait que, malgré tout, quelque soit la saison ou le temps la cuisine était toujours appréciée si elle était faite avec amour. A propos de temps, je regardai les murs de la salle. Pas de pendule. Je ne porte plus de montre depuis belle lurette et mon téléphone était resté dans le cagibi où j’avais laissé quelques affaires avant d’entrer ici. Mais là, j’en étais sûre, je savais que je lisais depuis un moment déjà. Ma main caressa le dessus de chaise sur laquelle j’étais assise depuis que l’autre m’avait quittée. Je remarquai que sa toile était rêche, j’aurais préféré tâter du velours, ç’aurait été plus doux et plus chaud. Je réalisai alors que le zéphyr que je percevais depuis que j’étais dans cette pièce venait d’un léger frémissement de la climatisation installée au dessus du matériel et son faible tremblement devenait une fixation. Et puis mon regard se posa plus précisément sur cet énorme matériel utilisé pour ce contrôle habituel qui occupait pratiquement tout l’espace. La couleur des vitres m’intriguait soudain. Etait-ce du givre ? Misère, pensai-je alors, nous voilà bien si les frimas s’installent à l intérieur ! Je me levai pour vérifier, et me rassis aussitôt. J’avais froid.
J’étais seule et torse nu, mais elle m’avait dit que ça ne serait pas long et que j’avais bien fait de prendre un livre. D’accord, mais quand même ! Un torrent de mauvaises pensées faisait flot dans ma tête à me fendre le cœur et me faire presque fondre en larmes quand subitement une nouvelle personne apparut sur le seuil de la porte d’en face : Ah, vous êtes toujours là !? Je vais voir, on vous a sûrement oubliée !
Pour répondre à Brigetoun pour l’Agenda Ironique de Mars, car elle disait que pour ce mois-ci le thème était attente, avec utilisation des mots frémissement, zéphyr, frimas, velours, fendre, torrent, seuil et sarriette.
Et pour donner de la couleur et chaleur à cet article, voici ici.
Pour savoir si ce modèle est à votre taille, tricotez un seul gant pour une toute première fois et adaptez ces explications aux mains qui porteront la paire que vous ferez. Et vous verrez que vous aurez envie d’en tricoter d’autres, encore et encore.
Ces gants pour l’hiver sont faciles à tricoter, indémodables, confortables et adaptables à toutes les mains, avec juste quelques petites modifications:
J’utilise souvent du fil à tricoter qui se tricote avec des aiguilles allant du n°2 au n°3,5 pas plus. Au-delà, si je dois prendre des aiguilles et du fil à tricoter de grosseurs plus importantes, j’aurais les doigts trop écartés et je préfère me faire des moufles. Mais certaines personnes travaillent dehors, alors pourquoi pas !?
Mes explications sont données avec des aiguilles n°2. Mais si vous prenez de la laine qui se tricote avec du n°2,5, vous monterez 2m de moins pour chacun des rangs et ferez un aller et retour de moins pour chaque doigt ou pour deux doigts sur quatre.
Pour l’assemblage, je vous conseille de faire des coutures bord à bord ou « à plat », ce qui veut dire que vous pourriez enfiler vos gants sur l’endroit ou sur l’envers sans jamais voir la couture d’assemblage.
Avec ces explications, vous pourrez tricoter des mitaines ou gants pour l’hiver sans doigt. Et si vous aimez la fantaisie et pour utiliser tous vos restes de laines pourquoi ne pas tricoter des gants pour l’hiver très personnalisés avec une multitude de couleurs !?
J’ai l’esprit léger comme une plume. Je suis contente d’être en congés.
Ma collègue m’a proposé de partir en nomades avec sa bande de copains, comme ils en ont pris l’habitude depuis quelques années. On y trouvera ensemble cette liberté qu’ont les forains de partir sur la route et de se poser là où ils le décident.
Ensemble… elle peut toujours repasser. Les uns avaient perdu leurs matériel et véhicules dans les feux de forêt la semaine d’avant. Et puis, les autres avaient attrapé froid les jours suivants à vouloir rester dormir en pleine nature à la belle étoile et finissant souvent sous la pluie.
Alors… on est donc parti toutes les deux, en mini convoi, à vélo, à la découverte de notre monde. Mes sacoches contenaient la tente et les accessoires, nos vêtements et la nourriture. Les siennes, plus petites, étaient remplies de cosmétiques et de médicaments, on en a toujours besoin.
Elle était devant et pédalait à vive allure. Je la suivais et admirais le paysage. Dans les montées je respirais plus fort l’air pur et odorant de la campagne. Je m’arrêtais pour faire quelques photos et garder un souvenir de notre périple. Elle avait chaussé les écouteurs de son mp3 sur ses deux oreilles et n’entendait rien d’autre que sa musique, je m’en rendis vite compte.
Elle m’avait recommandé de prendre un parapluie pliant, on ne sait jamais, il pourrait toujours nous servir d’ombrelle quand le soleil serait trop cuisant. En fait d’ombrelle, je l’ai plutôt utilisé, ce premier jour, en guise de bouclier pour faire décamper le chien de la ferme qui nous a coursé durant les quelques lacets qui nous menaient au col. Au fait, qui disait que les chiens ne font que japper quand… ? Oh qu’importe !
Elle m’a distancée. Je l’ai rattrapée plus loin, plus bas au bord de l’eau, où elle s’était arrêtée. Elle avait eu chaud, s’était douchée et m’attendait pour que l’on s’installe et pour manger surtout. Elle a simplement trouvé bizarre de me voir rafistoler une ou deux baleines dans la soirée, et pensait juste que je m’étais assurer de bon état du matériel avant notre départ…
Pour répondre aux Plumes chez Emilie avec les mots récoltés en cette fin de mois d’aout sur le thème de la caravane: chien, musique, pliant, découverte, camper, soleil, route, repasser, dormir, nature, nomade, liberté, feu, forain, froid.
J’étais allée danser avec mes copines jusqu’au bout de la nuit comme toutes le semaines. Etait-ce notre âge ou le genre de musique ? C’était devenu une passion pour nous trois. Mais ce soir-là, une ombre s’est pointée et tout a tourné au délire. Un regard avait suffi pour que Marie Jo accepte d’absorber cette satanée boisson éventée et qu’elle s’enflamme en un rien de temps comme envoûtée avec ce machin-là. Ah il aurait fallu la voir ! S’il y en avait eu un, le thermomètre aurait dépassé tous les degrés possibles. Puis, petit à petit, elle perdit toute sa fraîcheur. Mais le pire, c’est qu’elle se mit soudain à tousser. Tousser très fort à se faire sortir tripes et boyaux. En ce temps-là il n’y avait pas de Sam parce qu’on n’avait pas de bagnole, ni téléphone non plus. On était venu à vélo. Alors on a attendu, Martine et moi, sur le bas-côté de la route que la crise de l’autre finisse par passer pour se décider à rentrer toutes les trois, ensemble comme à chaque fois.
C’est ma participation aux Plumes de juin chez Emilie avec les mots de la récolte en gras dans le texte. Bien sûr, les prénoms ici n’ont rien à voir avec des personnes connues. C’était juste pour écrire et poster quelque chose aujourd’hui.
C’étaient les jeudis après-midis qu’on allait rendre visite à Mémé.
On chantait et sautait tout au long du trajet. On allait passer un bon moment ensemble. Rien qu’elle et nous. Elle nous attendait devant sa maison. On s’embrassait, se serrait. La petite dernière prolongeait les câlins en plongeant son nez entre ses deux seins, ce qui les faisait rire toutes les deux. Mémé n’était jamais à court d’idées et on savait qu’elle aimait nous faire découvrir et s’essayer à de nouvelles choses et des nouveaux outils.
Selon le temps qu’il faisait ou la saison, on allait d’abord faire un tour à pieds, donner à manger aux bêtes, admirer la nature ou ses dernières confections et on rentrait faire un jeu de société ou bricoler avec elle. On jardinait parfois, ou on faisait des travaux de peinture comme des adultes. Elle nous a appris à tricoter avec de la laine ou des brins d’herbe et nous a montré comment broder nos espadrilles pour les raccommoder ou rafraichir les murs de sa cuisine façon patchwork quand il ne lui restait que des fins de pots.
Puis, par instinct de trop d’amour ou par expérience parce qu’elle voulait nous remercier de partager ces instants de vie, elle prévoyait toujours un super goûter. Sa crème au lait de brebis, qu’elle présentait dans des petits ramequins, était ma préférée. En effet, Mémé avait une « moutonne » qu’elle allait traire tous les soirs, avec un ou deux petits en début de printemps, et le jeudi elle avançait un peu l’heure de la traite car on aimait bien la regarder faire. Elle incorporait à ce dessert deux ou trois bons œufs de ses poules et elle l’épaississait aux perles du japon pour remédier à l’intolérance au gluten ou à la protéine de lait de l’un ou l’autre. C’est ce qui lui donnait cette texture veloutée. On suçait nos cuillères jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une goutte au fond de nos bols. Pour les goules sucrées ou les affamés, elle sortait aussi le pot de miel et des carrés de chocolat noir qu’elle étalait ou râpait sur une galette de maïs beurrée ou des crêpes.
Pour terminer, elle ouvrait sa boite de bonbons en nous proposant un berlingot ou une bêtise en nous faisant promettre de bien se brosser les dents le soir venu. Ils étaient beaux, colorés et sentaient bon. Je me souviens avoir longtemps souri avant d’avoir vraiment compris ce qu’elle nous disait là. Et avant de partir, on se serrait à nouveau et on s’embrassait, chacun à sa manière.
Miel perle brebis crème sein velouté traire chocolat poule berlingot intolérance incorporer instinct étaient les mots récoltés pour les dernières Plumes de mai chez Emilie.
C’est vrai qu’elle est curieuse, et je la regarde faire.
Ivre de joie de me revoir sûrement, comme tous les soirs, elle plonge la main à l’intérieur de mon sac et ressort mon petit flacon de solution hydro alcoolique. Elle mime le geste de s’en mettre et masse ses mains qui font le bruit de papier froissé en commentant qu’elle préfère ça au savon car elle déteste la mousse et surtout le gaspillage de l’eau. C’est vrai qu’elle est curieuse et je trouve ça comique. Elle fouille un peu plus et fait soudain une grimace. Elle extirpe une aiguille qu’elle a coincée entre son pouce et l’index et qu’elle me tend, puis suce le bout de son doigt piqué. Pendant que je range l’épingle dans sa boite à couture, je la vois retourner subitement mon sac et le vider entièrement sur la table pour plus de sécurité sans doute et ne pas se refaire piquer. Un stylo et ma bourse en tombent et quelques feuilles de mon petit carnet s’éparpillent. C’est vrai qu’il est plus léger maintenant. J’éclate de rire et elle rit aussi. Puis elle se met à écrire, ou plutôt dessiner car il faut dire que ça ne ressemble plus vraiment à rien maintenant… et me demande subitement si je suis passée chez la lingère chercher son armure. Je dois la regarder avec un drôle d’air, car elle remet à rire. Et là elle m’annonce qu’elle boirait bien du champagne pour fêter son envol de demain. Grand Dieu, à quoi pense-t-elle donc réellement à cet instant !? Dites, elle est curieuse, non ? Ou est-ce le fait de vivre dans ma bulle qui fait que les autres me semblent bizarres ?
Savon champagne ivre écrire intérieur envol lingère léger éclater sécurité coincer mousse air aiguille armure étaient les mots récoltés pour les premières Plumes de mai chez Emilie.
Depuis l’enfance, comme dans le complexe de l’ornithorynque, ses pensées ont toujours été très compliquées.
Il n’a plus trop souvenir de leur première rencontre si ce n’est qu’elle avait quelque chose de tendre. Le rose de sa robe qu’elle portait ce jour-là et qui lui va toujours si bien, ou peut-être son parfum léger qu’elle porte encore aujourd’hui, ou simplement sa voix. Elle n’élève jamais le ton tellement elle est sûre d’elle et rit discrètement quand elle vient de dire une blague.
Ils sont très vite devenus plus qu’amis. Ça ne serait pas différent aujourd’hui. Ils n’étaient pas issus du même milieu, mais ont aimé tout de suite rester serrés l’un contre l’autre. Leurs liens se sont resserrés sans aucune barrière ni aucune distance entre eux, car elle a toujours eu une très grande maîtrise de tout et elle lui propose le mariage. Il ne peut que sourire à ce moment-là alors que son cœur bat à tout rompre. Il sent qu’avec elle, il va savoir se maîtriser et aplanir ses frontières intérieures.
Dans leur vie désormais commune, son esprit ne va plus du tout rester cloisonné dans son espace étriqué actuel. De ce fait, la meilleure de ses idées illumine à l’instant son visage, aussi soudaine qu’une étoile filante, mais bientôt unique, envahissante et persistante. C’est comme ça qu’il est donc parti à la recherche du chevalier servant idéal pour sa compagne. Sans problème il le trouve.
Dès lors il la voit chaque jour bien accompagnée. Il est sûr qu’elle n’a même jamais été effleurée par l’idée de divorcer. Dès le début il la prévient qu’il ne pourra pas avoir d’enfant avec elle et le lui dit. Pourtant une fois, elle lui en a pondu un, dans un jour d’oubli avec l’autre sans doute. Il prend alors conscience que partager la vie d’une femme a mine de rien des conséquences. Les années passent, les jours sont longs et nombreux.
Il se souvient à présent que ce jour-là il y avait un bruit. Un clapotis énorme de canalisations, ou étaient-ils près d’une rivière ? C’est confus dans sa tête, le lieu imprécis, mais ce bruit lui revient à nouveau dans les oreilles…
C’est ma participation aux Plumes 21-06 chez Emilie avec les mots récoltés, en alternant #lecturedumoment #ouvragetextile #boireuncafe et #confituremaison, parfois les mots du livre prenaient le dessus, puis les odeurs sucrées et les mots à placer alors que je venais de me piquer un doigt avec mon aiguille que j’avais prise pour mon stylo et qu’il fallait tourner la cuillère… dans ma tasse, dans le chaudron… je ne sais plus 😉
Ce n’est pas de ta faute si on t’oblige à commencer par un jour de blague. Et pour la seconde fois (je dis vraiment bien seconde et pas deuxième car dans ce cas, parait-il, la troisième ne vient pas), on peut dire que la farce est amère. Faute à qui ? Au pangolin ou à la chauve-souris !? on n’en parle plus de ceux-là, on n’en trouve plus sur nos étals, on n’ose même plus offrir un livre à nos petits parlant de l’une ou de l’autre de ces espèces. Alors !? rien n’en est moins sûr, mais on s’en est fait des cheveux, on en a eu des boutons, certains en sont même devenus chauves depuis un an, et ce ne sont pas les seuls à sourire (pour ne pas pleurer) tandis que les autres (à force de se gratter la peau et les méninges) en sont devenus tous écailleux, sans devenir poissons ou pangolins pour autant. OK d’accord, on n’en parle plus. Mais j’ai fait une blague. L’éternelle blague d’accrocher un poisson dans le dos de quelqu’un. Et comme ce jour là, il n’y avait que Pépé… il a gardé ce truc toute la journée dans le dos, l’a fait tomber en se déshabillant le soir… en me faisant remarquer ce qu’il venait de re-trouver… Et oui, la blague était tombée à l’eau.
Avril s’annonce ensoleillé cette année encore, avec une envie d’aller respirer, d’aller voir ailleurs, depuis le temps qu’on garde les pieds dans les mêmes chaussons. Et bien tu pourras. Tu pourras le faire avec tes gosses, si tu en as. Et pendant trois semaines. C’est pas cool tout ça ? Sortir sa chaise sur le balcon, en famille, pour manger, lire, rêver. C’est le pied quand même. Même aller au parc du quartier, à pied, au bout de la rue, derrière chez toi pour pique-niquer et piquer un roupillon, et avoir largement le temps de rentrer avant l’heure du couvre-feu. On prendra des photos qu’on enverra à Mémé. Elle nous remerciera illico en nous envoyant les siennes avec Pépé, ou avec ses cop’. Et puis zut, c’est un peu tombé dans la confusion des photos, pour l’envoi ou le choix, je ne sais plus…
Avril c’est le mois des fêtes, des chocolats et bons repas. Alors on s’aperçoit que Pépé et Mémé ont changé de régime, que les promenades quotidiennes sont remplacées par des parties de pétanques et de concours de fourchettes… Comme d’hab, mais on a le temps de leur dire de faire attention, de se garder en forme… On est rôdé cette année, et on plantera des graines au jardin ou dans des pots. Et re-photos… Ou on se mettra au dessin ou à la peinture pour faire une sorte de journal de bord, faute de carnet de voyage. Et puis, pour faire une blague (ou pour en avoir des neuves) j’ai lancé mes chaussures en l’air pour qu’elles s’accrochent à une branche et faire comme les jeunes mais il faudra encore un peu d’entrainement…
Du blanc cette fois-ci, pour une autre petite veste aussi. Est-ce la couverture de ma lecture du moment qui m’a inspirée ? Ou juste la douceur du fil sur mes doigts quand je les ai plongés dans mon sac ?
Tricoter c’est se bouger les doigts et apprécier la douceur. J’ai commencé cette petite veste par l’encolure. En top-down comme sur les explications que vous trouverez ici et qui vont si bien.
Tricoter c’est se bouger les méninges et compter un peu. Le fil n’était pas si fin que les fils utilisés précédemment. Et oui, c’est comme ça parfois. Dans la même marque et même catégorie pourtant et suivant le coloris, le câble n’est pas toujours de même grosseur. Ça ne méritait pas des aiguilles plus grosses car le tricotage n’aurait pas été joli. L’échantillon n’était pas identique aux autres, mais diminuer le nombre des mailles et des rangs en vaut-il la peine?
Tricoter c’est se bouger pour être inventif. Modifier les explications et ajouter une fantaisie. Et j’ai répété le point ajouré sur le bord des manches de cette petite veste blanche. Et je pense à cette Louise du premier chapitre retrouvée dénudée en pleine rue… alors je reprends ma lecture…
Tricoter c’est se bouger et avancer l’ouvrage. Seulement je rêve en pensant à cette petite personne qui portera ce vêtement très bientôt. Le vent s’est levé et ne cesse de souffler et refroidir l’atmosphère. Er mes aiguilles s’agitent sous mes doigts et accélèrent l’avancée de l’ouvrage. Et pourquoi donc Gaston a-t-il été enfermé dans cette atmosphère enfumée du blockhaus de ce deuxième chapitre… et j’ai ré-ouvert mon livre…
Tricoter c’est se bouger et terminer l’ouvrage sans presque s’en rendre compte. Finir la veste en répétant plus longuement le point ajouré comme sur les manches et vivre au rythme des chapitres d’un livre qui s’égrènent alors que le vent souffle toujours.
… et puis bouger coûte que coûte, à pied, à vélo, bouger c’est la santé.
Regarder les pieds des gens faire des pas dans la rue. Des pieds accompagnés, suivis ou devancés par des chiens, ou d’autres pieds. Des pieds de gens qui transportent des choses ou tirent des tucs, poussent des chariots ou courent après le vent.
Des vélos pour aller vite ou faire du sport. Participer aux courses et faire celles des autres, besoin de voir du monde et filer rapidement, vouloir rendre visite aux amis et passer devant chez eux en leur faisant seulement un signe de la main.
Chausser des pompes. User ses semelles jusqu’à la corde et chausser ses espadrilles pour aller voir la mer. Aller ou courir pieds nus sur le sable et glisser ses doigts dans ceux de la main d’à côté…
… et j’ai cousu des lettres aussi, comme mes petits me l’avaient si bien montré.
-Tu sais Mémé je sais écrire mon initiale. Je trace un trait qui mooonnte, et je descends un peu et je remont’ et je deeesceeennds et voilà. Et tu sais, c’est aussi la lettre de Maman.
-Mmm, tu y arrives drôlement bien.
Et lui, de fermer les yeux pendant qu’un sourire éclairait sa jolie frimousse aux joues bien roses.
-Et la mienne, dit un autre, c’est deux traits comme une tente d’indien pointue avec un petit trait horizontal comme une échelle.
-Aaaah…, répondis-je.
-Oui c’est ça, un A. Mais qui ne se prononce pas A dans mon prénom parce qu’il est suivi d’un M, ajouta-t-il très vite, fier de me le savoir et de me le faire découvrir.
-En effet… voulais-je ajouter mais très vite interrompue.
-C’est un peu ça ! mais dis, Mémé est-ce que En-effet est aussi un prénom ?
-Je ne crois pas, mon chou, fut ma seule réponse, je trouvais ça drôle et pertinent à la fois.
La petite me dit que son initiale faisait la chaise, le grand me confirma que la sienne aussi et qu’on la prononçait L. Et la pitchoune de répéter aussitôt : « Elle, Aile, L… » avec la bouche bien ouverte montrant le bout de sa langue collé sur son palais. Et le grand ajouta que cette lettre au milieu d’un mot sur un livre c’était un simple bâton, mais qu’en écriture « crussive » à la main c’est une graaannde boucle. Je souriais, le cœur serré d’une infinie tendresse. Je les regardais. Je les admirais et leur ai dit qu’ils avaient bien grandi depuis les dernières vacances. Ils étaient contents sans doute car ils se sont regardés les uns les autres en éclatant de rire.
… et quand mes petits filous ont eu quitté la maison, j’ai cherché la douceur… dans mes sacs de toiles et de laines…. et j’ai cousu des lettres en tissus, comme mes petits me l’avaient si bien montré. Je les ai assemblées entre elles deux par deux. Et ça a formé des prénoms. Ces diminutifs pour des devants de sacs.
Je continuerai parce que j’ai des tas de chutes de toutes sortes et de toutes les couleurs et parce que j’ai bien aimé coudre ces lettres de couleurs vives pour celles qui me sont chères.
– Danser sur le vert tendre de la mousse, c’est ce que m’inspire ce mois de mars, dit Marguerite.
– M’asseoir sous un arbre et tricoter en regardant les rayons du soleil jouer entre les branches et les feuilles, ajouta Iris.
– Mettre mon chapeau émeraude et aller voir les enfants de l’école jardiner et semer leurs premières graines, poursuivit Violette avec entrain.
– Ce renouveau est un mélange d’espérance et de peur de ne pas savoir me ménager, finit par dire Rose un peu hésitante
– Mine de rien, l’exercice a été fructueux cet l’après-midi, conclut la monitrice aux quatre résidantes, en cette Saint Patrick je vous ai apporté du jus de cactus et du cake au thé matcha pour le goûter avec quelques petits pois au wasabi.
Vert tendre jardiner émeraude rayon arbre renouveau espérance graine peur chapeau danser soleil mousse ménager mine étaient les mots récoltés pourles Plumes de mars chez Emilie
Ah… et puis j’ai confectionné des trousses cet hiver.
J’avais assemblé des petites scénettes en appliqué avec mes chutes de tissus de la grandeur de cartes textiles. Pas plus. Une par jour durant le temps de l’avent. Pour les envoyer ? Non, sûrement pas ! Chaque jour la scène était posée et fixée, mais il manquait quelques traits de fil comme des traits de crayons pour souligner le mouvement et des ombres. Je les embellissais de fils ou de perles au fil des jours mais Noël est arrivé puis l’an nouveau et les cartes… je les aurais bien terminées en sorte de maniques ou genre petits tableaux et ça aurait fait… flop ! Alors je les ai rangées… pas trop loin et repris mon tricot.
J’aime bien alterné plusieurs activités sur une seule journée depuis quelques temps. Les sorties ne sont jamais très longues et pas lointaines ces temps-ci. Alors un peu de cuisine et de lecture, soudain interrompue par une musique et une furieuse envie de chanter, mais quand on a bien cassé les oreilles de ceux avec qui on partage le lieu, il faut sortir, et quand il pleut et vente trop fort, on s’en retourne aux fourneaux… et laines et tissus. Parce que là vient la question… faut-il vivre pour manger, ou manger pour vivre ?!
Alors j’ai classé ces petites scénettes pas trop finies par thèmes et par couleurs, ou par nuances et par grandeurs. Enfin je ne sais plus. En tout cas, j’en ai sélectionnées trois ou quatre, puis quatre ou cinq et parfois huit… enfin, j’ai cousu en séries des trousses fermées par une fermeture zippée. Ce fut de la couture détente, croyez-moi. J’en ai une bonne vingtaine maintenant. M’en reste-t-il à faire ? Je le crois, oui, deux ou trois petites scénettes, mais j’ai envie d’essayer un autre modèle de trousse…
J’ai beaucoup tricoté et j’aime tricoter les brassières, mais je m’aperçois de plus en plus que les brassières sont enfilées devant derrière et qu’elles sont utilisées comme des gilets, alors pourquoi ne pas tricoter directement un gilet ou veste quand une nouvelle naissance s’annonce. Et quand ce sont plusieurs naissances, c’est la fête. Il faut une pelote et demie pour une veste de taille naissance de zéro à trois mois, et j’ai trouvé dans ma réserve de la belle laine toute douce, grise pour une petite fille alors j’ai fait le boutonnage du bon côté, et jaune pour une deuxième naissance annoncée.
J’aime bien tricoter les pulls ou gilets en partant de l’encolure, c’est ce qu’on appelle top-down, on s’arrête quand l’aisance pour le bras est suffisante. Pour ces vestes, j’ai monté 83mailles sur des aiguilles n°2,5 pour une taille de zéro à 3mois et tricoté 4rangs au point mousse, au 5ème rang j’ai fait une boutonnière en tricotant les 3premières mailles endroit, 1jeté et 2m ensemble puis le reste du rang à l’endroit et 3 autres rangs au point mousse, donc 8rangs au point mousse pour le tour de cou pour la veste jaune, mais uniquement 2 autres rangs pour la veste grise et j’ai commencé le corps de la veste grise au R8 qui est devenu R9 des explications ici.
Pour un gilet de taille zéro à 3mois il faut compter 17mx2 pour les devants, 25m pour le dos et 12m pour chaque manche. Après, tout dépend du point ajouré choisi pour le raglan, mais pour une si petite taille le raglan ne peut pas dépasser la largeur de la manche, puisqu’il empiète de deux moitiés sur les devants et dos et sur chaque manche. Il peut être simple, ce raglan, avec un jeté avant et après une maille centrale tous les 2rgs. Dans le cas de la veste grise, le raglan s’étale sur 11m au premier rang avec une maille centrale jusqu’à 21m au dernier rang, et la maille centrale de chaque raglan était la maille du début et fin de chaque manche. Dans le cas de la veste jaune, le raglan s’étale sur 8m sans maille centrale, il empiète de 4m sur chaque côté et manche.
Le plastron raglan se fait sur 40rgs soit 20rgs d’augmentations de 8m tous les 2rgs sans oublier de faire 2 autres boutonnières au R25 et R45 comme au R5. Au R48, on obtient 243m que l’on répartit de la façon suivante : 37m pour un devant, 52m pour la manche, 65m pour le dos, 52m pour l’autre manche et 37m pour l’autre devant.
Je tricote toujours les 2manches en même temps mais séparément avec chacun des bouts d’une pelote. Là les 52m de chaque manche seront augmentées de 2m en début et 2m en fin du R1 de la manche. Les manches se tricotent au point mousse pendant 68rangs (ou 78rangs pour un revers de manche), en diminuant 1m à chaque extrémité des R11, R21, R31, R41 et R51 des manches. Et j’ai arrêté souplement toutes les mailles de chaque manche.
J’ai repris les mailles du corps en ajoutant 4m supplémentaires entre le premier devant et le dos et le dos et le deuxième devant et j’ai tricoté ces 147m du corps de la veste tout au point mousse pendant 70rangs (ou 80rangs pour veste plus longue) puis j’ai arrêté souplement toutes les mailles.
Il vous reste à fermer par une couture discrète les dessous des manches et coudre 3 boutons sur le devant en face des boutonnières.
Petit point rouge dans notre ciel quand tu te montres. Et d’autant plus que tu es à l’honneur et visitée ces temps-ci. Les romains ont bien donné ton nom au dieu de la guerre… Je m’adressais plutôt au troisième mois de l’année. Sans toi, je ne serais pas là. Et d’autres aussi. Où ailleurs… et autrement, sans doute.
Mois, tu apportes le printemps. Ou plutôt, tu fermes la porte à l’hiver. Aussi long que Janvier, tu sais te faire majestueux à travers la Nature, ses belles fleurs et nos jardins. Tu annonces la belle saison. Pas que l’hiver soit moche, parce que la neige est magnifique dans sa robe immaculée. Je te soignerai comme janvier et février. Je ne sais pas si tu seras porte ou fenêtre pour mon livre textile, car les jours de l’année s’écoulent avec leurs mystères et leurs surprises.
Je voyais une fenêtre pour février, donnant sur l’extérieur. Très tôt le ciel fut jaune, chargé de sable venu de là-bas. Libre, lui, alors que les frontières sont fermées et contrôlées, les voyages restreints et les projets filent au ralenti. Les jours étaient heureux malgré tout. La tornade de mes petits cœurs ont coloré mes jours, leurs dessins égayent mes murs et leurs mots joyeux habitent encore ma tête et mes pensées. Alors je suis allée chercher mes tissus roses pour ma page de février. J’avoue que c’est une des couleurs que j’avais en vue dès le début.
Roses pour dresser des murs intérieurs, parce que, mine de rien, février fut froid, venté et que les fenêtres sont souvent restées fermées. Roses aussi pour les odeurs et saveurs des mets et desserts au cours de ces jours. Un escalier central de plusieurs marches pour montrer que la situation actuelle n’est pas facile, même si tout va pour le mieux ici. Et j’ai placé, posé et accroché des fleurs. D’énormes bouquets fleuris pour du bonheur et des douceurs. Sans oublier un petit reste de tissu jaune, porteur de souvenir, pour le coin de ciel. Puis j’ai fait cette mince arche finement ouverte vers… quelque chose qu’on souhaite découvrir un jour.
Février, voici ma page rose aux allures de boite à bonbons. Les jours sont grands, frais et de plus en plus ensoleillés. Les oiseaux piaillent de plus en plus. Je crois bien que certains ont trouvé refuge dans mon toit… Les violettes, primevères et pâquerettes colorent mon pré.
Mars arrive sans piège ni filet. Les perspectives sont grises. Les uns viennent quand d’autres ne peuvent pas aller. Les projets continuent. Pas tous au même rythme. Qu’importe. Je vais continuer mon défi pour l’année. Je continuerai dans le recyclage d’éléments récupérés. Et je posterai ici à chaque fois comme une curiosité à lorgner #curiositealorgner . J’aimerais que ce soit à raison d’un assemblage par mois au moins. J’ai ouvert une porte et suis face à un escalier. L’intérieur est rose et agréable. Vais-je y rester ? Une ouverture là-haut mène peut-être vers quelque chose d’agréable à découvrir. Vais-je monter les marches ? Qu’aimerais-je découvrir ? C’est ce que je voudrais représenter pour ce mois de mars.
J’ai remarqué que les brassières étaient souvent maintenant enfilées comme des gilets, à l’envers de ce que nos grands-mères nous avaient appris. C’est pour ça que je ne parlerai ni de dos, ni de devant, mais plutôt de 2 petits et un grand cotés.
Cette brassière bleue pour bébé se tricote d’une seule pièce commencée par un petit côté boutonnant.
Fournitures : 2 pelotes Fil à tricoter de couleur 1 (bleu clair sur mes photos), 1/2 pelote Fil à tricoter de couleur 2 (bleu plus soutenu sur mes photos), Aiguilles n°2,5, Épingle à tricot
Points employés : Point mousse et point jersey
Explications : pour taille 3mois (6mois si aig n°3)
On commence par le petit côté boutonné
Monter 60m avec le fil de couleur 1 et tricoter 4 rgs mousse
au 5ème rg (rang des boutonnières) : tricoter 3m, 1jeté, 2m ens, *8m, 1jeté, 2m ens* (répéter * à * 5fois), 5m
et tricoter un 6ème rang au point mousse.
On continue en rangs incomplets de la manière suivante :
R1 : 5m en couleur 1 (bord de cou), prendre couleur 2 et terminer le rg (55m end)
R2 : revenir sur 55m end en couleur 2, tourner le travail
R3 : reprendre la couleur 1 (penser à croiser les fils au changement de couleur), tricoter 55m end
R4 : revenir sur 47m end, tourner le travail
R5 : tricoter 47m end
R6 : revenir sur 39m env, tourner le travail
R7 : tricoter 39m end
R8 : revenir sur toutes les mailles (60m end)
Répéter ces 8rgs pour qu’il y ait 8 rayures de couleur 2
Et, R3, R4, R5 et R6 de couleur 1
On continue par la première manche
Au R7, mettre 33mailles de gauche en attente, et monter 27mailles à la place de couleur 1 pour la manche
Continuer en rangs rayés comme ci-dessus en ne tricotant jamais les 5 dernières mailles du R1 de couleur 2 et du R5 de couleur 1 (pour le poignet)
Répéter jusqu’à ce qu’il y ait 12 rayures de couleur 2 sur la manche,
Et, R3, R4, R5 de couleur1
Au R6 arrêter 27m
On continue sur le grand côté de la brassière
Au R7 reprendre les 33m laissées en attente
Continuer en rangs rayés comme pour le dos
Répéter jusqu’à ce qu’il y ait 16 rayures de couleur 2 sur le devant
Et, R3, R4, R5 et R6 de couleur 1
On arrive à la seconde manche
Au R7, faire comme pour la manche gauche
Terminer cette manche par un R6 où l’on va arrêter 27m
Puis continuer par le dernier petit côté
Au R7 reprendre les 33m laissées en attente
Continuer en rangs rayés comme pour le premier petit côté jusqu’à ce qu’il y ait 8 rayures de couleur 2 jusqu’à R8 et finir par 4rgs de mousse de couleur1.
Terminer cette brassière bleue pour bébé en fermant par coutures invisibles les dessous de manches et Coudre des boutons sur le petit coté en vis à vis des boutonnières.
C’est pour un petit bonhomme qui s’est annoncé très vite que j’ai tricoté avec beaucoup de plaisir cette brassière en laine layette pour le fil clair et à bouclettes pour le bleu plus soutenu dégotés dans ma malle à douceurs.
Jocelyne, avait-elle une chance de réagir autrement dans cette affaire qui lui tord le ventre ?
Elle jette un œil à la pièce avant de la quitter. Tout est bien rangé. Rien ne dépasse, rien ne traîne. L’ordre et la rigueur sont les seuls garants du bon fonctionnement des choses. Le procureur est incroyablement bordélique. C’est une greffière comme elle dont il avait besoin. Il ne s’en serait jamais sorti autrement, Jocelyne en est certaine. Pourtant elle constate qu’il range bien soigneusement les courriers qu’il reçoit de cette jeune femme depuis des semaines dans cette nouvelle boite ornée d’une grosse cabosse dorée sur le couvercle. Preuve à ses yeux qu’elle est devenue plus importante que tout le reste. Et qu’il est capable de ranger quand il est motivé.
Elle arpente le boulevard sous son parapluie en évitant les aspérités et les crottes sur le trottoir. Elle déteste ces gens qui ne respectent rien et qui laissent traîner leur chien. Elle va encore devoir nettoyer ses talons. Il y a pourtant de nombreux distributeurs d’emballages spécialement réservés à cet usage.
Ce soir il lui faudra faire quelques courses pour sa mère. Elle savait que ce serait une mauvaise idée de prendre cet appartement dans le même immeuble. Mais sa maladie invalidante oblige à quelques sacrifices les plus fous parfois, et le désir de donner l’image d’une bonne fille serviable ne lui permet pas de fuir à l’autre bout du pays comme l’a fait sa sœur. Sa mère n’est pas méchante, elle est mauvaise.
Tu arrives tard !
C’est que je t’ai fait quelques courses.
Et tu as taché ta blouse !
Oui, une personne à la cantine à midi a lâché son plateau.
Ça fait négligé !
Je la mettrai à tremper en arrivant chez moi tout à l’heure.
Avant de partir, sors ma soupe du frigo, pose-la au chaud sur le bord du fourneau et mets un couvercle.
Elle s’exécute, et elle s’accroche à l’idée que les quelques marches et les deux étages qui les séparent l’une de l’autre est une sacrée chance pour elle. Que serait leur vie si elle était commune ?! En claquant enfin la porte de son modeste studio, elle s’appuie un instant contre le mur et ferme les yeux. La paroi dans son dos semble presque tiède comme un câlin. Elle n’en a jamais connu de la part de sa mère, seule sa grand-mère, décédée depuis si longtemps, portait sur elle un regard bienveillant. La seule « douceur » que sa mère lui propose parfois, c’est un carré de cette vieille tablette, au goût suranné, qu’elle conserve au frais derrière le récipient à soupe depuis que sa fille a eu la folle idée de lui acheter et gaspiller son argent. Il faut savoir limiter ses plaisirs, lui avait crié sa mère au lieu de lui dire merci. Il y a de quoi broyer du noir. Pourtant, sa grand-mère disait que c’est le chocolat que devrait souvent prescrire un médecin à ses patients. Puis elle se met à imaginer la vie de la femme du procureur, et elle sent monter en elle ce mélange de colère et tristesse. Puisqu’elle ne peut pas être sa femme, elle prendra sa défense. Même s’il avait eu la généreuse attention de partager et lui offrir le dernier chocolat de cette belle boite. Elle se souvient l’avoir fait fondre longtemps entre sa langue et son palais pour le déguster. C’était comme s’il lui avait offert toutes les viennoiseries et pâtisseries de la vitrine d’en face qu’elle regarde souvent avec envie et dont elle se prive depuis toujours. Mais était-ce une manière de la soudoyer, elle, qui s’applique à rester droite et ne pas sombrer dans la luxure ? parce qu’il a placé cette boite maintenant bien en vue pour la narguer, elle en est persuadée. Alors tant pis, il ne s’en tirera pas comme ça. C’est honteux de ne pas voir le mal qu’il fait ou qu’il est sur le point de faire. Honteux, mais il n’en reste pas moins bel homme, avec ce regard ténébreux et ce corps bien bâti. Tout le problème est là.
C’est un extrait de ce livre « Dans le murmure des feuilles qui dansent » de Agnès Ledig, rempli de personnages aussi attachants les uns que les autres, auquel j’ai ajouté les mots récoltés pour participer aux Plumes 21.04 chez Emilie.
Comment ? Serait-il encore question d’annulation ?! Oh non !
Les élèves ont travaillé sur le sujet, se sont décarcassés et espèrent bien porter cette machination à son terme. Ils ont tout de suite été emballés par le projet et l’ont accueilli avec enthousiasme et empressement. Ils ont cherché et trouvé des idées merveilleuses. On n’était pas loin d’affrontement parfois qui virait vite à la fanfaronnade.
Ils parlaient d’un défi un peu fou, le résultat est bluffant. Ils ont promis de tenir et remplir le cahier des charges en tous points. Chacun sera masqué de façon originale. Tout le monde portera une grosse tête qui lui couvrira correctement le visage et suffisamment ouverte et aérée sur l’arrière pour pouvoir garder cette structure durant toute l’exhibition. Une énorme femme-pantin vêtue de mille carrés de couleurs représentera Carmentran assis sur un char en bois. Et c’est l’ensemble qu’on brûlera le soir venu.
C’est Mademoiselle Merle, l’ancienne surveillante générale, qui les a inspirée. Celle qu’ils avaient surnommée Elmer depuis la nuit des temps pour se moquer de son caractère et de ses robes aussi sombres que l’oiseau éponyme. C’est elle aussi qui ne leur autorisait, comme seul moment de culture-détente durant le carême, l’entrée de la bibliothèque qu’en silence uniquement et sans musique, en confisquant les écouteurs et baladeurs des plus hardis, et qui privait de beignet celui ou celle qui ne respectait déjà pas les règles le mardi-gras. Oui, ils ont osé et ne se sont pas privés de dire tout ce qu’ils pensait d’elle.