Elle s’est adossée au mur à palabres

Elle s’est adossée au mur à palabres pour l’attendre en cette fin de journée.

Arrivée la première comme d’habitude, elle s’est assise sur le banc de craie, là où ils discutent tous les deux pendant des heures. En bi-coloriage avec des paroles sans fin, des discussions à imaginer un monde idéal, leurs échanges sont des plus chimériques. Ça la détend.

Parfois il vient avec un pote. L’autre jour, c’étaient un rêveur orbicole avec qui il partageait ses goûts et ses idées d’oniromancie. Avec qui viendra-t-il ce soir ?

La lune est claire, et pourtant un éclair corail et agile zèbre soudain le ciel et lui donne un teint boréal. Il annonce peut-être l’orage prochain.

Impatiente et soucieuse, elle bigle sur l’horizon obscur devenu cirage à présent. C’est qu’il travaille loin, au robage de cigare à la fabrique de l’autre côté du bocage.

Les yeux dans le vague, elle n’arrête pas d’enrouler autour de son index, un petit papier qu’elle a sorti de sa poche où elle avait noté sa liste des choses à faire aujourd’hui. Oh misère, elle a trop brodé et son doigt la fait souffrir. Elle était obligée finir ce boléro bariolé, très coloré. Elle regarde sa main, ce bandage de papier, chiffonné maintenant, qu’elle loge aussitôt dans une cavité du mur entre pierre et argile, et se lève pour se dégourdir les jambes et les bras en sautillant. Elle aperçoit enfin la silhouette gracile, sur un fond de ciel libre et élargi tout à coup.

Il est seul, lui fait signe de ses mains qu’il agite au dessus de sa tête et avance en cabriole et pas de danse comme s’il avait une superbe musique dans la tête. Il l’imite tout simplement et rigole. Heureuse, elle se rassied sur le banc de craie et s’adosse à nouveau au mur à palabres.

Pour répondre à des mots, une histoire chez Olivia avec les mots de la récolte 50 (liste, palabre, misère, mur, oniromancie, danse, chimérique) et au défi du mot-mystère 25 chez Lilou avec les mots anagrammes de acribologie en italique.

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Quelques pages de mon livre

« Et si tu me lisais quelques pages de mon livre », propose-t-elle dans l’après-midi.

« Comprends-tu maintenant, avec mes yeux de taupe, je ne peux plus lire n’importe quoi, il faut que ce soit écrit très gros; j’ai bien ma loupe mais ça n’est pas bien commode dehors…
-Oui, je le veux bien, sans souci.
Elle me tend son bouquin, un peu vieilli à force d’avoir été feuilleté, de la collection Le Masque avec un dessin d’empreinte digitale ensanglantée sur la couverture jaune, où je peux lire La ravissante idiote de Ch Exbrayat.
Je souris, je m’étonne du dessin et du format, le retourne, la regarde, elle a les yeux pétillants et son regard filou.
-C’est un roman d’espionnage Mémé !? avec une couturière, il me semble et…
-Pourquoi ? Qu’est-ce qui te dérange ?
-Oh rien, sauf que l’histoire n’est pas nouvelle. N’t’inquiète pas, je vais redécouvrir. C’est d’ailleurs marrant, je crois !
On s’assied sur la terrasse à l’ombre du lilas et j’ouvre…
C’est un carnet de recettes écrit de sa main et sur la page ouverte est noté Pastilla de pigeon aux amandes, coriandre, miel et cannelle…

Pour répondre à des mots, une histoire chez Olivia avec les mots de la récolte 48 (couverture, espionnage, taupe, filou, masque, empreinte, pigeon).

A la queue leu leu

Un groupe de personnes, une dizaine à peu près, marchaient à la queue leu leu.

Des randonneurs du troisième âge se suivaient ainsi chaque trimestre, pas plus souvent et par jour de beau temps seulement, tous espacés d’un bon mètre ou deux, suite à une habitude prise depuis le printemps légendaire de l’an XX qui avait marqué tout l’univers des terriens.

Ils voient un poulet au bord de la route, qui la traverse subitement.

-Pourquoi ce poulet a-t-il traversé la route ? dit l’un
A chacun sa réponse, et de participer ardemment au piaillement d’une basse-cour humaine tout juste sortie du poulailler.

-Pour aller de l’autre côté, pardi

-Pour laisser ses empreintes dans la boue fraîche. Regarde celles du tracteur sont encore visibles ici.

-Fait un drôle de bruit cet engin. Problème de courroie. Va pas travailler longtemps.

-C’est fou comme la brume du matin peut humidifier l’air et la terre en cette saison.

-Et je me demande si ces frimas sont bien bons pour la floraison des pruniers.

-Sans vouloir te froisser, t’as vu la tête du poulet ? Plutôt dodu, à mon avis c’est une poule ! Et cou-nu en plus de ça!

-Je te mets au défi de reconnaître un ornithorynque qui sortirait d’un terrier.

-C’est quoi ça, un produit de la ferme ?

-En quelque sorte, que l’on fait cuire à l’envers attaché au bout d’une cravate dans une lessiveuse remplie d’eau bouillante.

-Ecoutez le clapotis dans les fossés et les canaux…

-C’est le paysan qui vient d’ouvrir les vannes

-Où ça ? où ça ?

-Là-bas, près de la cabane. Il a arrêté son moteur et on aperçoit son chapeau au-dessus des grandes pousses.

-Bon, on continue notre tour, oui ou non ? on avance à rien à vouloir construire le monde avec des mots !

Pour sourire et répondre, à la queue leu leu, au défi 118 chez Ghislaine avec 8+2 mots (empreinte, visible, brume, froisser, envers, légendaire, clapotis, frimas, cou, pousses) ou le thème « Temps », aux mots, une histoire chez Olivia avec les mots de la récolte 45 (moteur, mots, terrier, ornithorynque, chapeau, cravate, cabane) et aux Plumes 9.20 chez Emilie avec les mots du thème ferme (tracteur poule, produit, lessiveuse, travailler, ouvrir, poulailler, paysan, dodu,  prunier, terre, construire, continuer, courroie).

 

 

Arrête de te plaindre

Arrête de te plaindre, disait ma mère pour la moindre récrimination que j’osais exprimer.

Puis elle me faisait peser le pour et le contre de la situation, et à vrai dire… Alors pour couvrir mes mots d’hier, j’ai trouvé à effacer mes maux et du courage pour réagir. De très beaux mots, si joliment écrits sous forme de fable, aussi maternels et revigorants qu’une eau fraîche que l’on boirait à la fontaine. Car il s’agit bien du « paon se plaignant à Junon » de Jean de La Fontaine

Le paon se plaignait à Junon.
 » Déesse, disait-il, ce n’est pas sans raison
Que je me plains, que je murmure :
Le chant dont vous m’avez fait don
Déplaît à toute la nature ;
Au lieu qu’un rossignol, chétive créature,
Forme des sons aussi doux qu’éclatants,
Est lui seul l’honneur du printemps.
Junon répondit en colère :
 » Oiseau jaloux, et qui devrais te taire,
Est-ce à toi d’envier la voix du rossignol,
Toi que l’on voit porter à l’entour de ton col
Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies ;
Qui te panades, qui déploies
Une si riche queue, et qui semble à nos yeux
La boutique d’un lapidaire ?
Est-il quelque oiseau sous les cieux
Plus que toi capable de plaire ?
Tout animal n’a pas toutes propriétés.
Nous vous avons donné diverses qualités :
Les uns ont la grandeur et la force en partage ;
Le faucon est léger, l’aigle plein de courage ;
Le corbeau sert pour le présage ;
La corneille avertit des malheurs à venir ;

Tous sont contents de leur ramage.
Cesse donc de te plaindre ; ou bien, pour te punir,
Je t’ôterai ton plumage. « 

Maîtres du jeu

Maîtres du jeu.

Maîtres du jeu


Mardi 6h55
Valise en main, elle se dirige vers l’autocar garé au milieu du parking. La porte ouverte, pourtant le chauffeur n’est pas là. Elle jette un œil alentour : personne. Rendez-vous fixé à 7h30, elle est en avance. Un peu anxieuse, comme chaque fois qu’elle emmène ses protégés en excursion, elle monte les marches du Mercedes. Un véhicule flambant neuf, ses mêmes vont être ravis ! Elle se retourne, tombe nez à nez avec un homme. Petit cri de frayeur.
– Pardon ! dit-elle en riant. Je ne vous avais pas entendu ! Vous devez être le chauffeur ?
Il se contente d’acquiescer.
– Sonia Lopez, l’éducatrice qui organise cette sortie. Enchantée !
Il saisit la main qu’elle lui tend, la serre un peu trop fort.
– Gilles.
– Ah… ? Votre patron m’avait parlé d’un Bernard quelque chose…
– Bernard a eu un malaise, je le remplace au pied levé.
– Pas trop grave, j’espère ?
– Quoi donc ?
– Le malaise…
– Pas sûr qu’il survive.
La jeune femme reste bouche bée.
– Je plaisante, précise le chauffeur avec un petit sourire.
Un type grand, mince, pour ne pas dire maigre, avec un visage taillé à la serpe. Qui la fixe droit dans les yeux. Ces yeux qu’il a clairs. Et fascinants.
– Comme la porte était ouverte, je me suis permise de monter.
Putain, ce regard… A tomber à la renverse. Fenêtre turquoise ouverte sur un abîme sans fond.
– Les gamins ne vont pas tarder, bavarde-telle pour dissimuler sa gêne.

Extrait de « Maîtres du jeu » de Karine Giebel, un tout petit recueil de deux nouvelles que j’aurais intitulé « frissons sous la chaleur ». Détente et fin de vacances.

C’était un joli restaurant indonésien

« C’était un joli restaurant indonésien bien situé, à l’intérieur spacieux et peu éclairé.

C’était un joli restaurant indonésien

Bougies, lumières indirectes, objets de bronze et de cuivre, renvoyaient des reflets parcimonieux sur les tables et les visages. Le long des murs, des silhouettes derrière les parois de toile projettent des ombres d’une troublante élégance. Pour les femmes, un avantage : le clair-obscur est clément avec les rides et autres imperfections. Pour les hommes, un avant-goût de victoire :on est déjà au lit, ou presque.

Elle avait choisi l’endroit pour une autre raison : les tables espacées ménageaient une vraie intimité. Elle ne voulait pas de témoins gênants pour la première rencontre. Curieusement, elle se sentait à l’aise, lui en revanche paraissait hors sujet. Elle savourait ce spectacle. Quel que soit le déroulement de la soirée, le contempler dans cette posture était un régal. »

et quelques chapitres et petits points plus loin :

« Quand le soleil se leva, il était un autre homme. Recroquevillé au fond d’une souche pourrie, recouvert de feuilles, il ne sentait plus les piqûres de moustiques ni les insectes qui grouillaient dans son froc. Enveloppé dans sa cape de pluie-indispensable dans la région- , il n’était plus qu’un élément parmi d’autres du bourbier.  »

Extraits de Congo Requiem de JC Grangé, lecture d’été, frissons d’un matin ensoleillé.

Ecrire deux ou trois mots pour dire quelque chose de bien

J’ai juste envie d’écrire deux ou trois mots pour dire quelque chose de bien.

Ecrire deux ou trois mots pour dire quelque chose de bien

Sans rêver d’emblée à un récit complet ou au premier roman « j’ai chargé mon Beretta » car il faut commencer ou introduire.

C’est à autre chose que je pense  d’ailleurs « Sa peau est ambrée et ses cuisses sont musclées » ça commence peut-être mieux, seulement l’histoire dure depuis longtemps. Le vent est passé, les êtres sont bien érodés « des gens aux cheveux blanchis aux yeux opaques de cataracte » et je sens que ça ne fonctionnera pas encore cette fois-ci.

Je prends mes couleurs au bout d’une aiguille enfile mon nouveau dé cuivré et brode des E comme les œufs que j’ai cassés pour le clafoutis et des L comme les ailes des oiseaux qui piaillent dans le jardin pour inviter leurs petits à sortir du nid et à voler.

Ces formes s’accrochent, se suivent et se penchent comme des lettres sur la ligne d’un cahier, comme des notes de musique sur une portée. Des points terminent les phrases, légers s’échappent et flottent, jouent et s’envolent.

Ecrire deux ou trois mots pour dire quelque chose de bien

Pour le devant d’une petite trousse que je viens de terminer sur le modèle de la simplette de KA.

C’était à Saintes faubourg Berthonnière dans les jardins du Monard tout près de la place Blair

C’était à Saintes faubourg Berthonnière dans les jardins du Monard tout près de la place Blair. Le Monard, o l’est plus reun d’nos jours. On le voit plus, l’ont enterré ou canalisé, qui disent. Ch’ai pas z’avio sous l’cala, mais ça ressemble plus à reun. Y’avait d’la belle herbe qui poussait un temps dans ces jardins, c’était un endroit idéal pour y trouver des piballes en bord de Charente à la bonne saison, puis y z’ont mis les biques plusieurs années durant, juste avec un cheun pour les garder. Des niquedouilles qui savaient pas mettre cette parcelle en valeur. C’est vrai que les adouberies n’étaient pas loin, mais quand même. Si belle et grasse, cette herbe, que certains se permettaient de venir avec leur dail, qu’ils avaient fourbi et affûté, pour la couper et l’emporter pour leurs animaux.

C’était à Saintes faubourg Berthonnière dans les jardins du Monard tout près de la place Blair

Et maintenant c’est un palais qu’ils y ont construit. On ne sait pas bien qui sont ceux-là, mais je savais que ce terrain pouvait être rentable. Entouré de hauts murs, parce que c’est privé, of course, et des palisses bordent cet enclos à l’extérieur pour dissuader quiconque de les escalader. On voit entrer quelquefois de belles nanas, habillées de rouge, paraît-il. Et les gens disent qu’ils ont des crocodiles, laissés en liberté, pour garder la propriété. Des cannibales, Beurnocio. C’est y pas triste si c’est vrai. Quoique, quand j’y pense, j’ai vu l’autre jour… ou j’ai rêvé tant on en parle… enfin ça fait bien trois mois maintenant, une mère et sa fille, sautillant à ses côtés. Des visiteurs surement, parce qu’elles ont sonné et attendu avant de passer le beau et grand portail. La dame portait un gros anorak rouge et des chaussures de la même couleur, et la fille avait l’air d’un petit chaperon rouge sans la galette et le pot de beurre. Le rouge, ma foi, c’était la mode de cet hiver! Elles étaient jolies ces deux-là, au teint praliné, et elles portaient des chausses blanches qui leur donnaient belle allure…. ça se dit encore ce mot-là, non? En tout cas, j’ai pas entendu de cris une fois qu’elles ont été à l’intérieur. Les crocos doivent être en plastique, je vous dis, ou drôlement bien apprivoisés.

C’était à Saintes faubourg Berthonnière dans les jardins du Monard tout près de la place Blair

On ne voit pas grand monde sortir de cette maison. Sans doute le font-ils très tard ou trop tôt pour que je sois levée. J’en aurais fait un hôtel, et j’aurais pu y aller encore profiter de e grand jardin. J’imagine les habitants d’un genre triste et austère. Sans sourire et la mine pincée. Vu la taille de la propriété, ils pourraient bien être huit ou dix familles à vivre là, sans se gêner.
Ah j’en entends déjà qui pensent « mais de quoi j’me mêle ». Eh ben oui, j’pense c’que j’veux, voilà, et je l’écris aussi.
Oui, je les imagine ces gens. Ils doivent être bien sapés. Toujours en costards, de tweed à chevrons ou écossais, et bien taillés en plus de ça. Des chemises blanches pour les hommes, avec boutons de manchettes, pourquoi pas, portant cravate ou nœud pap, ça c’est sûr. J’en mets pas ma main à couper, parce que j’en ai encore besoin mais je les vois bien aussi, les jeunes femmes surtout, en martiens telluriques, tu sais, genre Courrèges. Super endimanchés même si c’est pour pique-niquer dans le jardin. Tu vois ?

C’était à Saintes faubourg Berthonnière dans les jardins du Monard tout près de la place Blair

Et, au fait, pourquoi en suis-je venue à te parler de ceux-là ? Ah oui, c’était à Saintes faubourg Berthonnière dans les jardins du Monard tout près de la place Blair. Le Monard, o l’est plus reun d’nos jours. On ne l’voit plus, canalisé, j’te disais, hein! Ben viens on va y aller faire un tour, histoire de marcher un peu et de prendre l’air.

On est sorti, j’ai pris l’air et le vent. Et le soleil, un peu. Mais je ne suis pas allée dans ce faubourg. J’ai rêvé, simplement, à ma grand-mère et son pays. Des amis sont passés à la maison, et les enfants aussi. On a mangé et on a ri. Les jours sont passés et le temps aussi. Mes petits me manquent déjà. Et puis j’ai couru jusqu’ici. L’été est arrivé. C’est la fin du mois de juin. Le premier semestre se termine… Anne avait donné rendez-vous pour l’agenda. Ironie! allez lire les participations des gais lurons.  Je suis essoufflée d’avoir trop ri en découvrant ces idées saugrenues et rigolotes.

 

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Le Fleuriste et les Légumes

Le Fleuriste et les Légumes

Le Fleuriste et les Légumes

Un Homme avoit un parterre de fleurs
Dont il prenoit un foin extrême
Artiftement il mêloit les couleurs.
C’étoit-là fon plaifir fuprême.
L’or & l’azur, lnège & le corail
Y formoient le plus bel émail.
Tout à côté nôtre Fleurifte
Avoit un Potager dans un état fort trifte.
Il y portoit rarement l’arrofoir.
Les Légumes féchoient. C’étoit pitié de voir
La Laituë & l’Ozeille
Se faner, & baiffer l’oreille.
Il arriva qu’un jour
Le Maître du jardin fe promenant autour,
Un Chou des plus têtus, au nom de l’Affiftance,
Se plaignit de fa négligence.
Pourquoi nous oublier ainfi ?
Ne fommes-nous pas plus utiles
Que ces belles Plantes ftériles,
Qui vous caufent tant de fouci ?
Lorfque vôtre fanté fe trouvoit altérée,
Par quel moïen l’avez-vous recouvrée ?
Au Jafmin, à l’Oeillet avez-vous eu recours ?
Ne fut-ce pas à la Chicorée,
Avec mes autres Sœurs, qui vous prêta fecours ?
Vous en eûtes befoin, & vous l’aurez toujours.
Je ne dis rien de mon ufage.
Vous le connoiffez trop. Sans doute il feroit beau
De voir une Tulipe au milieu d’un potage
Au lieu d’un Chou : cela feroit nouveau .
Mais laiffons là le badinage.
N’ai-je pas eu mainte fois l’avantage,
Avec mon frère le Porreau,
De vous racommoder le timbre du cerveau ?
Jufqu’où va vôtre ingratitude ?
Vous n’avez cependant aucune inquiétude
De nos befoins. Vous nous laiffez périr ;
Tandis que nous voïons fleurir
La Jonquille & la Tubéreufe,
Qui n’ont pourtant qu’un vain éclat,
Et dont l’odeur eft dangereufe.
Le Fleurifte fit peu d’état
Du Supliant & de fes remontrances.
Vous avez pour un Chou, dit-il, trop de caquet.
Taifez-vous : c’eft mieux vôtre fait.
A ces mots, il retourne admirer les nuances
De la Tulipe & de l’Oeillet.
Qu’arriva-t-il ? Nôtre Chou fut Prophète ;
Et ce caprice enfin à Monfieur fut fatal.
Des diverfes odeurs le mêlange l’entête.
Il hume du ferein. Monfieur fe trouve mal.
On court au Potager préfenter fa requête,
Pour lui compofer un boüillon :
Mais tout étoit péri, jufques au moindre Ognon.
On cherche donc ailleurs, & l’on fe met en quête :
Mais Monfieur, pendant ce temps-là,
Droit chez Pluton en pofte s’en alla.

Réglons mieux nos plaifirs. L’Homme vraîment habile
Sçait cultiver l’agréable & l’utile.

Cette fable extraite du livre des fables nouvelles mises en vers par Mr Richer et dédiées à Son Altesse Sérénissime Monseigneur Le Prince de Conty avec Privilège du Roy du 18ème siècle.

C’est en regardant mon potager et mes fleurs que j’ai soudain ressenti une honte semblable à celle que Monfieur auroit dû avoir avant de mouroir. Je l’ai recopiée telle qu’elle avec tout l’humour qu’elle procure quand on la prononce tout haut.
Humour en toute liberté pour répondre aux poésies du jeudi chez Asphodèle, aux rencontres d’Amegraphique chez le petit carré jaune de Sabine et les défis du fil DDF#5 pour ce mois de mai.

 

La terre a bien changé

– Tiens donc, la terre a bien changé, se dit l’oiseau en se posant sur une branche qu’il trouve trop souple et glissant à terre qu’il picore et piétine bon train la trouvant bizarre et un peu trop molle.

La terre a bien changé

– Eh là, faudrait pas te gêner ! Arrête de me piquer le bas du dos comme tu le fais, brait l’âne surpris et furieux, secouant la queue pour se ventiler l’endroit meurtri..

La terre a bien changé

– Tiens-toi tranquille et cesse de me crier dessus pour me faire peur, répond le volatile plus surpris que l’autre et heureux de rencontrer quelqu’un, je cherche de la nourriture pour mes enfants.

La terre a bien changé

– Et tu crois peut-être que c’est sur mon cuir que tu vas découvrir des vers et des insectes ! s’écrit l’âne en caracolant et cabriolant. Enlève-toi de là ou vas piquer un autre animal !

– On n’y voit rien à cette heure et les petits piaillent déjà. Il me semble que je ne dors plus depuis quelques jours.

La terre a bien changé

– Regarde dans la paille, fouille et soulève-la un peu, il y aura bien quelques vers qui régaleront toute ta famille.

– Merci, dit une seule fois l’oiseau. Il picora, emplit son bec et partit bien vite avec quelques signes de tête pour l’âne.

La terre a bien changé

– Eh, siffleur !, reviens me voir quand tout ton monde sera rassasié. Je suis seul ici, et tu pourrais me tenir au courant des dernières nouvelles, me raconter combien la campagne se fait belle et que tu dois bien voir de là-haut…

Sur les conseils de la Dame de Louvain, ce sera donc  pour « Agenda ironique – En Avril, suivez le fil » de l’ami Dodo Carnets Paresseux: « Comment jouer ? Facile : on écrit un texte où il est question de fil et de ce que vous voudrez, avec une goutte d’ironie et de temps qui passe. Pas de forme imposée : journal, comptine, conte, fait-divers, lettre, poème, dialogue, conférence… tout est permis ! Il peut être publié en une fois ou en treize épisodes (pour faire plus faudrait en sortir deux ou trois par jour – pourquoi pas ?), illustré ou pas. Longs comment, les textes ? Disons aux alentours de 700 mots – sans trop tirer sur la ficelle – mais bon on est là pour lire, pas pour compter… » Le ou les texte[s] doi[ven]t être publié[s] avant le dimanche 17 avril dans la soirée.

L’escargot et la chenille

L’escargot et la chenille

Un matin de printemps, juste après la rosée
Un escargot persan
Cheminait.
L’escargot, le cœur gros
Pensait à sa belle en querelle :
Escar-Paulette
Balançait.

D’un brin d’herbe à l’autre
Vers un champ d’épeautre
Escar-Paulette la coquette
Se défilait,
La fine mouche
Craignait l’escarmouche.
Elle voulait voir du pays.

L'escargot et la chenille

Une chenille, gentille fille
Vint à passer :
« Compère escargot tu sembles penaud !
— C’est Escar-Paulette qui part en goguette,
Elle m’a ce matin posé un lapin.
— Mon colimaçon,
Tu files un mauvais coton,
Chausse tes escarpins
Brille tes escarboucles
Prends-la par la main
Promets-lui l’Espagne…
Et tu gagnes ! »

C’est ainsi que l’on vit
Bras dessus, bras dessous
L’escargot et sa compagne
Battre la campagne :
« Allez donc mes mignons,
Je file mon cocon »
Dit la chenille gentille,
« Viens mon Escar-Paulette,
Viens mon Espagnolette »
Disait l’escargot
Sur le chemin de Saint-Jacques.

de Hermeline. Fraiche et tendre poésie pour le printemps qui revient, et pour la poésie du jeudi chez Asphodèle.

In Memoriam pour la poésie du jeudi

In Memoriam pour la poésie du jeudi chez Asphodèle

In Memoriam pour la poésie du jeudi

Il s’appelait
Mohammed Sceab

Descendant
d’émirs de nomades
décéda
parce qu’il n’avait plus
de Patrie

Il aima la France
et il changea de prénom

Il fut Marcel
mais n’était pas français
il ne savait plus
vivre
dans la tente des siens
où l’on écoute la cantilène
du Coran
en savourant un café

Et il ne savait pas
délier
le chant
de son abandon

Je l’ai accompagné
avec la maîtresse de l’hôtel
où nous habitions
à Paris
du numéro 5 de la rue des Carmes
allée flétrie et en pente

Il repose
au cimetière d’Ivry
faubourg qui ressemble
toujours
en un jour
à une
foire décomposée

Et peut-être moi seul
sais encore
qu’il a vécu

Traduit d’un poème en italien qu’avait écrit le 30 septembre 1916, Giuseppe Ungaretti, quatre après la mort de l’ami égyptien, qui l’avait accompagné dans son déménagement d’Alexandrie à Paris, en 1912. Ce sont sûrement les actualités de la semaine qui m’ont fait choisir cette jolie page d’écriture, In Memoriam pour la poésie du jeudi chez Asphodèle

Ça c’est le pied

Ça c’est le pied, j’ai fini à temps. Mon oiseau est brodé et j’ai rêvé de paix. Oui j’ai rêvé de paix dans Paris. Dans Paris, il y a une rue…

Ça c'est le pied

dans cette rue, il y a une maison; dans cette maison, il y a un escalier; dans cet escalier, il y a une chambre; dans cette chambre, il y a une table; sur cette table, il y a un tapis; sur ce tapis, il y a une cage; dans cette cage, il y a un nid; dans ce nid, il y a un œuf; dans cet œuf, il y a un oiseau.

Ça c'est le pied

L’oiseau renversa l’œuf; l’œuf renversa le nid; le nid renversa la cage; la cage renversa le tapis; le tapis renversa la table; la table renversa la chambre; la chambre renversa l’escalier; l’escalier renversa la maison; la maison renversa la rue; la rue renversa la ville de Paris.

de Paul Eluard

Ça c'est le pied

Ça c’est le pied, je peux à nouveau dire que je ne veux pas avoir peur, que je veux garder le cœur léger. J’ai choisi un dessin d’oiseau de Geninne pour répondre au défi d’Albine, ici et aux  53 billets en 2015 chez Agoaye en toute liberté.

Le matin compte ses oiseaux et ne retrouve pas son compte

Le matin compte ses oiseaux et ne retrouve pas son compte.
Est-ce un cauchemar ou un mauvais conte? Il manque aujourd’hui trois moineaux, un pinson et quatre colombes. Certains tombent,
d’autres ont volé si haut, la nuit, volé si haut, les étourdis, qu’à l’aube ils n’ont plus trouvé trace de notre terre dans l’espace.
Pourvu qu’une étoile filante les prenne sur sa queue brillante et les ramène !
C’est leurs crayons qu’on a trouvés, j’ai insisté pourtant, je n’ai pas su les faire marcher
et cet oiseau que j’ai brodé ira sûrement les rechercher. Il fait si doux quand les oiseaux chantent pour nous.

Le matin compte ses oiseaux et ne retrouve pas son compte

 

Pour 2015, Albine propose un nouveau défi dont le thème sera L’OISEAU… Vaste programme, ajoute-t-elle. Elle précise et étend le sujet à la nature… la mythologie… la peinture… la sculpture…  avec l’oiseau d’ici et d’ailleurs. Elle parle de variété… même si le choix est peut être difficile… Les techniques à utiliser pourront être la broderie… la peinture… l’application… le patchwork… l’impression du tissu… l’art textile, avec une multitude de possibilités et d’interprétations pour que les petits doigts fassent des merveilles. Elle prévoit que pour Janvier la date est fixée au 25. Les photos seront postées sur les blogs et pour celles qui n’en ont pas, elle se fera un plaisir de les recevoir.

Le matin compte ses oiseaux et ne retrouve pas son compte

 

Cette première participation m’est inspirée par l’oiseau dans les dessins de Geninne, là.

Je continue à écrire et manier le crayon

Je continue à écrire et manier le crayon. Je continue à écrire la suite de dissemblance pour vous et manier le crayon pour finir mon livre textile. Et l’écriture est toujours aussi belle à l’endroit qu’à l’envers… J’ai commencé la copie de cette histoire ici, puis là et et encore

Je continue à écrire et manier le crayon

… Personne ne nous écoutera. Pire, on nous assassinera pour avoir tenu de tels propos. N’as-tu pas compris qu’à chaque fois que nous avons failli faire la paix, ils se sont arrangés pour faire couler le sang et rallumer l’incendie.
Qui ?
De chaque côté du mur règnent les marchands de haine. Ceux qui nous opposent ; ceux qui veulent plus de richesses, de terre, d’eau et de moissons, à leur bénéfice ; ceux qui vivent sans partage ; ceux qui vendent les armes avec lesquelles on s’entre-tue. Ceux qui réinventent la parole de Dieu pour exercer leur suprématie ; ceux encore qui entretiennent l’ignorance par tous les moyens pour asseoir leur pouvoir ; ceux qui envoient des enfants se faire tuer au nom de ce même Dieu, au nom d’un monde meilleur ou d’un paradis. Comme si le meilleur pouvait naître des terres et des rivières rougies du sang des hommes. Leur parole couvre celle des gens de bonne volonté. Ne me demande pas pourquoi, je n’en sais rien. Crois-moi Mehdi, personne ne nous écoutera, et si la mort ne vient pas d’en face, on nous tuera dans notre propre camp.
Alors au lieu de pierres, de fusils et de bombes, c’est de courage qu’il faut s’armer. Maintenant que nous savons la vérité, si nous les laissions faire, si nous renoncions, c’est nous qui serions coupables au jour du jugement dernier. Et si nous nous unissons, nous serons plus forts que ces marchands de haine.
Ils ne nous laisseront pas faire justement pour cela.
Clamer ensemble que puisque Dieu a inventé la différence, en son nom nous devons la respecter, la cultiver, la protéger et l’aimer. Voici ce qu’il faut prêcher. Cette pensée pourrait bouleverser le monde !
Maintenant c’est toi qui exagères, Mehdi !
Dis-moi quel vaccin pourrait sauver autant de vie que notre découverte. Nous aurons peut-être un prix Nobel. Ne reste pas là à rien faire, lève-toi bon sang !
Aaron ne bouge pas, l’air grave, il regarde la porte.
Il doit bien y avoir un moyen de sortir d’ici, reprend-il.
Elle n’a jamais été fermée à clé, il te suffisait d’essayer de l’ouvrir, murmure Mehdi.
Et tu ne m’as rien dit, salopard !
Je t’avais promis une révélation et aussi de t’aider à réfléchir. Je crois avoir tenu parole. Et puis, si je te l’avais avoué tout à l’heure, tu serais parti aussitôt et nous n’aurions pas tenu cette conversation.
Nous n’aurions pas fait connaissance et nous n’aurions eu aucune chance d’avoir ce prix Nobel, n’est-ce pas ? ricane Aaron.
Remercie-moi au lieu de te moquer. La porte est ouverte, tu peux partir maintenant.
Aaron se lève et marche vers la porte, il hésite puis plonge son regard dans celui de Mehdi.
Viens avec moi, seul je n’y arriverai pas. Pendant que je parlerai aux miens, tu devras faire la même chose avec les tiens. Debout Mehdi, allons-y !
… (à suivre, demain)

Je continue à écrire et manier le crayon

Je continue à écrire et manier le crayon. Je continue à écrire et ce sera bientôt la fin de dissemblance pour vous en continuant à manier le crayon pour finir mon livre textile. Et l’écriture, quelle qu’elle soit, sera toujours aussi belle à l’envers qu’à l’endroit…

Utiliser mon crayon

Ce dimanche, j’ai eu envie d’utiliser mon crayon… d’une façon toute particulière… Il fallait que je retourne sur l’endroit, un petit morceau de tissu cousu sur l’envers et que j’avais brodé pour finir mon livre textile. C’est une écriture bien originale qui apparait sur l’envers de ma toile. Incompréhensible et belle à la fois. Et si le monde était comme ça, aussi beau à l’envers qu’à l’endroit… J’écris la suite de ma lecture pour vous… la suite de la discussion entre Aaron et Mehdi de ML dont les premières parties sont ici et

Utiliser mon crayon

… Parce que tu as l’intention de rester peut-être ?
Je n’ai pas encore pris ma décision, mais ne change pas de sujet. C’est vraiment une sale manie que tu as.
Aaron se lève et se met à faire les cent pas le long des quatre murs qui les entourent, et plus il réfléchit à la question de Mehdi, plus il lui semble que ses pas s’allongent comme si la pièce s’agrandissait.
Et toi, tu me dis que tu connais la réponse ? dit-il en pointant un doigt vers Mehdi.
Moi je te dis que toi tu la connais, seulement elle est difficile à avouer.
Aaron dévisage Mehdi.
Et si je te la dis, cette raison, qu’est-ce qui me prouve que tu m’aideras vraiment à sortir d’ici ?
Ce n’est pas ce que je t’ai promis. Je me suis engagé à y réfléchir à tes côtés, et si la marché ne te semble pas équitable, je te promets autre chose : une révélation.
Quelle révélation ?
Mehdi croise les bras et attend qu’Aaron s’exécute.
Bon, tu veux la vérité, je vais te la dire. Mais je te préviens, Mehdi, si tu le répètes à qui que ce soit, je t’arracherai la langue.
Mehdi sourit, amusé par cette menace fragile, comme proférée par un enfant à la recherche d’une contenance.
La vérité, reprend Aaron, c’est que nous vous haïssons parce que nous avons peur de vous.
Pourquoi ? demande Mehdi.
Parce qu’à force de vivre côte à côte, nous nous mélangeons et vous déteignez sur nous. Nous devons protéger ce que nous sommes, et d’où nous venons, voilà la vérité.
Parce que tu sais d’où tu viens, toi ?
Bien sûr, nous sommes une des plus vieilles tribus du monde !
Nous aussi nous sommes une des plus vieilles tribus du monde, peut-être même aussi vieille que le monde. Et à quoi sert toute cette histoire ? à se faire la guerre pour défendre ses origines, quand on n’arrive même pas à se souvenir de la couleur des yeux de son propre père ! A mon tour de te faire un aveu ; chez nous, on vit avec la même trouille si bien, qu’un jour nous avons pris des pierres pour vous les jeter à la figure, pour vous faire disparaître et la peur avec. Vous nous avez tiré dessus, et on a tiré aussi. Mais nous avions moins de balles que vous. Les balles coûtent cher, on n’avait pas l’argent, alors on a fabriqué des bombes de fortunes. On nous les accrochait autour de nos ventres, ces bombes qui ne coûtent pas cher à fabriquer, là où cette peur tenaillait nos entrailles, et on vous les faisait péter à la figure. L’escalade quoi !
Aaron se laisse glisser le long du mur et redessine un rond dans la terre meuble.
Tu ne réponds rien ? demande Mehdi.
Il n’y a pas grand-chose à ajouter. L’escalade comme tu dis. Tu sais Mehdi, il y a une question que je n’ai jamais osé poser à quiconque.
Quelle question ?
De toute manière, à quoi bon ? Je ne vois pas comment toi, tu pourrais connaître la réponse, personne ne la connaît.
Pose-la toujours, on ne sait jamais.
A qui profite cette haine ?
… (à suivre, demain)

Utiliser mon crayon

S’il ne fait pas encore jour quand je pars prendre le bus le matin à cette saison, il fait en tout cas bien frais. Je l’attends bien parfois cinq ou dix minutes avant qu’il n’arrive et je rêve à la lecture qui attend dans mon sac et qui me surprendra… encore aujourd’hui…

Atelier Patchwork – Mon livre textile se termine

Puisque c’était un exercice de l’Atelier Patchwork – Mon livre textile se termine.

Atelier Patchwork - Mon livre textile se termine

Appliquant quelques tissus colorés en suivant les

Techniques abordées à l’atelier,

Confectionnant chaque page au fur et à mesure

Heureusement inspirées d’un dessin de tralala, j’ai couché

Cette fille souriante et rêveuse sur l’herbe

Auprès de son chat qui

Terrorise le vieux

Hibou déplumé …

Atelier Patchwork - Mon livre textile se termine

Encore une histoire de chat, me direz-vous; c’était plutôt la fille qui m’avait inspirée au début, toute en longueur, et l’oiseau avec son air bête…

 

Broderies afghanes

Laure , ma déménageuse préférée, m’a parlé de cette exposition de pure beauté des broderies afghanes exécutées à la main. J’avais participé au Tapis vert à l’initiative de Pascale Goldenberg il y a quelques années déjà.

Broderies afghanes

Le regroupement des villages de Laghmani se situe à environ 60km au nord de Kaboul, dans la plaine de la Shomali. Les habitants de la région sont de petits agriculteurs.

Les 200 brodeuses sont âgées de 12 à 50 ans. La broderie, traditionnelle dans la région de Laghmani avait été abandonnée après 30 années de guerre. les femmes ont réappris ces techniques de broderie main et la jeune génération l’acquière. Selon la qualité, 4 à 8 heures sont nécessaires pour broder un carré de 8cm de côté. Les carrés restent la marque du projet bien que des triangles, des ronds et des rectangles et rubans soient aussi brodés.

Depuis 2004, la collecte a lieu une fois par trimestre. Les brodeuses sont systématiquement payées, l’association prenant le risque de ne pas les vendre en Europe. Grâce à leur salaire, les femmes aident de façon conséquente leur famille, certaines ayant acquis une indépendance financière totale. Notre projet soutient aussi tous les mois 24 parrainages d’enfants de brodeuses, des brodeuses en difficulté, ainsi que toute brodeuse ou fille de brodeuse étudiante.

La pierre angulaire du projet: la broderie est en elle-même achevée,cependant il est encore nécessaire qu’une personne européenne y pose son regard, l’acquière et se mette à l’ouvrage, pour qu’avec ses goûts (de couleurs et de tissus) et sa technique personnelle (confection, patchwork, broderie, bijou), elle réalise autour de ce carré brodé un objet accompli, un produit fini qui sera « témoin de la rencontre de deux cultures ».

Pour plus d’infos, vous pouvez consulter le site de la DAI (Association allemande responsable, ici) ou le site FB de Guldusi, ici

La ronde des coquillages

Pour la ronde des coquillages chez Lylouanne, j’ai choisi un joli poème Rocaille de Zax

Le soleil se rit
Profusion des sens
Couleurs et essences
De l’homme tout petit
Qui porte un coquillage
A son infirme oreille
Et, raillante merveille
Entend jouir la plage

La ronde des coquillages

et j’illustre ce billet de cet ouvrage que je me suis amusée à broder cet été.

La ronde des coquillages

Je n’oublie pas ce lien tout particulier qui a retenu mon attention tant pour l’objet de stumpwork magnifique que pour le nom du site qui m’a fait sourire

 

Au loin la mer turquoise

Au loin la mer turquoise, faiblement agitée,
Ombragée de palmiers, frémissants sous le vent.
De grands pins somptueux, aux parfums enivrants,
D’oliviers centenaires, par le temps façonnés.

Au loin la mer turquoise

Le chant de la cigale, veut au loin me bercer,
Une douce torpeur s’installe paisiblement,
Sous le soleil d’azur, le corps est languissant,
Il fait bon s’allonger, fermer les yeux, rêver.

Au loin la mer turquoise

Le temps est suspendu, calme et majestueux,
Magiques sont ces instants, au goût si savoureux,
Relevés, pimentés, par le brise marine.

Insidieusement, la mémoire s’enrichit,
Se meuble de douceurs, de pensées féminines.
Irréparablement, le temps passe et s’enfuit.

Au loin la mer turquoise

 

Au loin la mer turquoise, faiblement agitée,
Ombragée de palmiers, frémissants sous le vent.
De grands pins somptueux, aux parfums enivrants,
D’oliviers centenaires, par le temps façonnés.

Le chant de la cigale, veut au loin vous bercer,
Une douce torpeur s’installe paisiblement,
Sous le soleil d’azur, le corps est languissant,
Il fait bon s’allonger, fermer les yeux, rêver.

Au loin la mer turquoise

Le temps est suspendu, calme et majestueux,
Magiques sont ces instants, au goût si savoureux,
Relevés, pimentés, par le brise marine.

Insidieusement, la mémoire s’enrichit,
Se meuble de douceurs, de pensées féminines.
Irréparablement, le temps passe et s’enfuit.

de Pierre-Etienne FERRIER. Broderie inspirée de la Ronde du Mois Chez Lylouanne.