Donner à manger

En allant donner à manger aux poules j’ai posé le talon sur une fiente…

et en levant le bras pour retenir mon chapeau imperméable qui allait s’envoler, j’ai accroché la manche de mon gilet sur le haut du grillage. Et de fait je ne pus éviter une grosse fiente de l’autre pied. Je suis énervée et surtout déçue. Le ciel est à l’orage ce matin, les éclairs et le tonnerre y vont de bon cœur. Les poules réfugiées dans leur cabane n’ont même pas remarqué les belles épluchures colorées que je leur ai apportées. Tiens il faudra rattraper cette maille avant que ça ne fasse un gros trou…

C’est peut-être l’émerveillement pour ceux qui attendaient la pluie depuis longtemps et pour les autres qui aiment juste entendre ces barouf et ces flic-floc, mais il ne faudrait pas mettre tous les œufs dans le même panier, moi je n’aime pas ce temps de chien, ça perturbe mon humeur. A propos d’œufs, il y en aura pas beaucoup si ce peu de luminosité perdure, les poules vont dormir longtemps…

Et dire que la nuit était si belle avec une lune bien ronde et si claire qui avait l’air de veiller sur nous. Avec l’absence de soleil, c’est fichu, ça va être l’obscurité pour la journée entière. Ah il nous a bien pigeonnés celui d’en haut. On va devoir rester à l’intérieur maintenant, le froid de canard va se faire sentir avec toute cette humidité et ce vent violent. Je sais que ça ne sert à rien de ruer dans les brancards mais le dire me fait du bien. Râleuse, moi !? Euh non pas trop…

Et puis après la pluie, le beau temps est revenu, j’ai retrouvé le sourire, mon pull n’aura pas de gros trou. Les poules ont chanté après avoir pondu, elles ont fouillé, farfouillé, picoré et gobé les vers, mais elles ne font toujours pas de poésie.

Perturbée, moi !? non, c’est juste pour répondre à des mots, une histoire chez Olivia avec les mots récoltés lundi dernier.

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Et décorer le sapin

Ce matin les employés municipaux allaient mettre en place et décorer le sapin dans la rue principale…

Ce jour-là, nous sommes allés faire les magasins, maman et moi. Derniers achats de Noël. J’aimais qu’elle passe du temps avec moi. J’aimais être avec elle.
Dès que nous sommes rentrés à la maison, nous avons décoré le sapin. Elle m’a soulevé dans les airs pour que j’aille placer une étoile en haut de l’arbre. Ensuite, je m’en souviens très bien, nous avons préparé un gâteau au chocolat. Elle avait pris quelques jours de congé pour s’occuper de moi pendant les vacances.
Plus tard, nous avons joué à un jeu stupide dont j’ai oublié le nom.
Et puis papa est rentré.
Il avait un visage que je n’oublierai jamais. Il m’a ordonné d’aller dans ma chambre et j’ai obéi. Peut-être que je n’aurais pas dû. Si j’étais resté, il n’aurait pas pu…
Depuis ma chambre à l’étage, j’ai entendu des cris. Papa hurlait sur maman. Je ne comprenais pas pourquoi.
Après les cris, le bruit des coups.
Jusqu’au silence.
Mortel.

Autre extrait de la nouvelle « dans les bras des étoiles » de Karine Giebel