C’est vrai qu’elle est curieuse, et je la regarde faire.

Ivre de joie de me revoir sûrement, comme tous les soirs, elle plonge la main à l’intérieur de mon sac et ressort mon petit flacon de solution hydro alcoolique. Elle mime le geste de s’en mettre et masse ses mains qui font le bruit de papier froissé en commentant qu’elle préfère ça au savon car elle déteste la mousse et surtout le gaspillage de l’eau. C’est vrai qu’elle est curieuse et je trouve ça comique. Elle fouille un peu plus et fait soudain une grimace. Elle extirpe une aiguille qu’elle a coincée entre son pouce et l’index et qu’elle me tend, puis suce le bout de son doigt piqué. Pendant que je range l’épingle dans sa boite à couture, je la vois retourner subitement mon sac et le vider entièrement sur la table pour plus de sécurité sans doute et ne pas se refaire piquer. Un stylo et ma bourse en tombent et quelques feuilles de mon petit carnet s’éparpillent. C’est vrai qu’il est plus léger maintenant. J’éclate de rire et elle rit aussi. Puis elle se met à écrire, ou plutôt dessiner car il faut dire que ça ne ressemble plus vraiment à rien maintenant… et me demande subitement si je suis passée chez la lingère chercher son armure. Je dois la regarder avec un drôle d’air, car elle remet à rire. Et là elle m’annonce qu’elle boirait bien du champagne pour fêter son envol de demain. Grand Dieu, à quoi pense-t-elle donc réellement à cet instant !? Dites, elle est curieuse, non ? Ou est-ce le fait de vivre dans ma bulle qui fait que les autres me semblent bizarres ?
Savon champagne ivre écrire intérieur envol lingère léger éclater sécurité coincer mousse air aiguille armure étaient les mots récoltés pour les premières Plumes de mai chez Emilie.
