De nouvelles petites cartes textiles

J’ai fabriqué de nouvelles petites cartes textiles. Les infos ne sont pas gaies. Je suis impuissante et me sens minuscule, comme les petits oiseaux venus picorer sur le rebord de la fenêtre. Ils m’ont inspirée ces ouvrages, et rendue moins triste le temps d’un instant. Plus tard, j’ai eu envie de faire apparaitre une larme tombant de leurs yeux, ou de broder un gros cœur rouge sur leur poitrine. Finalement je les ai assemblés d’un fil arc-en-ciel. J’ai simplement envie de tendresse… et j’écris pour vous la suite de ma lecture dont la 1ère partie est ici… la dissemblance entre Aaron et Mehdi de ML… Je voudrais tellement qu’on soit nombreux à la lire…

De nouvelles petites cartes textiles

… Aaron et Mehdi se regardent, ils se jaugent. Puis chacun replonge dans ses pensées.
Aaron ? murmure Mehdi. Pourquoi ne m’appelles-tu jamais par mon prénom ?
Je n’avais pas remarqué.
Chez nous, on raconte que vous ne voulez pas connaître nos prénoms.
Quelle idée étrange ! Et pourquoi ?
Chez nous, on dit qu’apprendre le prénom de quelqu’un, c’est déjà le connaître un peu. Et il est plus difficile de tirer sur quelqu’un que l’on connaît. Ce n’est pas bête comme raisonnement.
Peut-être, mais c’est chez vous qu’on raconte ça, pas chez nous.
En tout cas, moi je sais quel est ton prénom, toi tu n’as toujours pas prononcé le mien.
Tais-toi, tu me fatigues avec tes raisonnements idiots, aussi idiots que toi et tous les tiens.
J’aurais voulu que tu rencontres ma grand-mère.
Ta grand-mère, ton père, tu m’emmerdes avec ta famille, Mehdi.
Tiens, là tu as dit mon prénom. Tu vois, nous apprenons à nous connaître un peu. Ça me fait plaisir.
Ça me fait plaisir de te faire plaisir. Maintenant laisse-moi réfléchir en silence.
Tu ne veux pas savoir pourquoi j’aurais voulu que tu connaisses ma grand-mère ?
Non, je ne le souhaite pas, mais comme tu vas me le dire quand même, parle, après j’aurai peut-être un peu la paix.
C’est toi qui as entamé la conversation, si je ne m’abuse. Et d’abord, à quoi réfléchis-tu de si important ?
A la façon de sortir de cet endroit !
Pourquoi ? on n’est pas si mal ici, je veux bien profiter moi, de ce repos. J’étais fatigué ces derniers temps, tu sais.
Qu’est-ce que je disais, tu es un parfait imbécile, Mehdi, tu te contentes de ton sort.
Et voilà, c’est à cause de ce genre de phrase que j’aurais voulu que tu discutes avec ma grand-mère.
Je ne vois vraiment pas le rapport.
Tu dis que tu te bats pour ton bonheur, mais tu es incapable d’en apprécier un bon moment. Dehors, tu grelottais la nuit, tu suais le jour à en crever, ton estomac était vide, tu ne pouvais même plus déglutir tellement tu avais la gorge sèche. Ici, il ne fait ni froid ni chaud, nous n’avons ni soif ni faim, et tu voudrais sortir ! qui est l’idiot ?
Et qu’est-ce que vient faire ta grand-mère là-dedans ?
Elle t’aurait appris la sagesse !
Ah ! Ah ! Venant de toi, ça me fait bien rire, elle n’a pas dû trouver le temps de t’apprendre sa sagesse.
Laisse ma grand-mère en paix.
Mehdi se lève et vient s’asseoir à côté d’Aaron.
Aaron, tu le sais, toi, pourquoi nous nous haïssons ?
Ça aussi, tu l’as oublié ?
Aaron marque une pause.
Parce que tu es mon ennemi, Mehdi, c’est ainsi.
On ne se connaît pas, on ne s’est jamais rencontré et pourtant, on est ennemis. Ça donne à réfléchir, non ?
Je n’avais pas besoin de te connaître, c’est dans notre histoire. Nos pères se haïssaient déjà.
Drôle d’héritage… Mais tu n’as pas répondu à ma question, Aaron. Peut-être que tu ne connais pas la réponse et que tu as peur d’avouer ton ignorance.
Vas-y, je t’écoute, toi qui es si instruit.
C’était ma grand-mère qui savait tout !
Et revoilà son aïeule ! Mon Dieu, mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour me retrouver ici avec lui ?
Ton Dieu ! Tu sais, ton Dieu et le mien, c’est le même, il change juste de nom quand il franchit la frontière.
De langue aussi, je te ferai remarquer, une sacrée différence pour un seul homme, non ?
Ce n’est pas un homme, c’est Dieu. Moi je vais te le dire, Aaron, pourquoi nous nous haïssons. Nous ne parlons pas la même langue, nous ne portons pas les mêmes habits, nous n’avons pas fréquenté les mêmes écoles, et nous ne disons pas les mêmes prières. Voilà une sacrée liste de différences, bien trop grande pour que nous les hommes, nous nous entendions.
Je me fiche de la langue que tu parles, de l’école où tu as étudié, de la façon dont tu pries, et encore plus des vêtements que tu portes.
Alors pourquoi nous haïssons-nous ?
Ça aussi tu l’as oublié, comme la couleur des yeux de ton père ?
Dis-le-moi si tu t’en souviens. Dis-le-moi, et je te jure sur mon Dieu que je commencerai à réfléchir avec toi à la façon de te faire sortir d’ici !

(à suivre, demain)

Il ne fait pas encore jour quand je pars prendre le bus le matin. A cette saison, il fait bien frais. Et ce matin, il neige en plus de ça. J’attends bien parfois cinq ou dix minutes avant qu’il n’arrive… mais j’ai les cartes dans mon sac, et je les posterai tout à l’heure en arrivant. Je les jetterai dans la grande boite jaune au coin du bâtiment…

17 réflexions sur “De nouvelles petites cartes textiles

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    • Ce matin, je regardais les ballets d’étourneaux dans le ciel enneigé, peut-être parce qu’ils volaient plus bas ou qu’ils paillaient plus fort que d’habitude?! je ne sais pas, en tout cas, je rêvais de pouvoir voler avec eux… Merci de ton coup d’œil ici

  5. Merci….tout simplement ! A demain avec grand plaisir….passe une belle journée….ne pleure pas, il faut de la patience….les hommes finiront par comprendre que nous sommes tous les feuilles d’un même arbre.

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