Agenda onirique

La fée vrillée !? bien sûr que j’en ai rêvée pour l’agenda onirique.

J’avais encore jamais été au phare à mentir. Il a fallu quand même que le mistral souffle très fort pour que le vent m’emporte jusqu’ici. Je suis tombé là comme un cheveu sur la soupe (enfin, façon de parler parce que je n’avais toujours rien trouvé à me mettre sous la dent). Après avoir longé la route des bruyères (ce devait être ça puisqu’il y en avait plein au bord du chemin) j’étais maintenant arrivé sur la route du beau repère. Je l’ai su quand j’ai vu l’animal qui tourna devant moi. J’avais ralenti et m’abritais sous les arcades pour que le blizzard ne me pousse pas au hasard plus avant. A un cheveu, nos chemins se seraient croisés. Il ne m’avait pas vu, ni senti. Heureusement, le flot de l’air avait subitement changé de sens et soufflait de face. Il me précédait, dodelinait de l’arrière-train et rasait les murs de son flanc. La bête était énorme de carrure imposante. Les cheveux d’ange de son pelage dansaient sur son dos à cette heure de la nuit sous les réverbères ou les rayons de lune, mais le démon l’habitait bien, c’est mon cousin garou qui m’en avait causé. « Gare à toi s’il te voit ». J’ai gardé la distance et elle nous a séparés ce soir-là définitivement.

Le temps passait et le mistral soufflait encore très fort. Il retournait les ombrelles et parapluies suivant les saisons, emportait les chapeaux de ceux dont les mains n’étaient pas assez rapides pour les retenir. A ne pas bouger et se laisser faire beaucoup étaient chauves maintenant et restaient baba en regardant leur bibi courir à terre pendant que d’autres riaient. Ces autres, nouveaux sans doute et encore lestes, se réfugiaient prestement sous les auvents ou les balcons et restaient coiffés ou à peu près bien peignés. Certains comme moi, un peu décoiffés, zigzaguions ou avancions à rebrousse poil. Il s’en ait fallu d’un cheveu que je reprenne le char à vent.

Cependant on ne peut pas toujours l’éviter, quand la bise fut venue, j’ai revu mon cousin. Toujours de bon poil, le garou, et droit dans ses bottes, il est quelquefois tatillon à vouloir trop de précisions et prêt à couper les cheveux en quatre sur la tête des autres, car lui n’a plus que quelques poils sur le caillou mais il suffit de le caresser dans le bon sens du poil (enfin sur ce qu’il en reste). Vous allez trouver que mon histoire n’a ni queue ni tête, est un peu tirée par les cheveux, et vous aurez raison. C’est que je n’ai pas une vie toute tracée et une seule voie à prendre, moi, des tas de pattes d’oies s’ouvrent devant moi, mais je n’en vois pas souvent (des oies, pardi ! ben oui, parties). Je vis au fil de l’eau et au gré du vent, et ce gré m’a porté ici aujourd’hui.

J’ai sauté dans le char, me suis accroché dans les virages jusqu’à ce qu’un soubresaut me jette chez mon cousin garou près du phare à mentir et nous avons causé. J’ai pu constater qu’il a un sacré poil dans la main, l’énergumène. Vous me direz que c’est normal vu l’animal et son âge, mais c’est presque une queue de vache comme aurait dit ma grand-mère. Seulement la mère-grand aujourd’hui est morte, mangée par le loup, le chasseur n’a pu récupérer que le red hat, car les humains avaient séjourné trop longtemps dans le ventre du monstre et avaient disparus dissous par les sucs gastriques. Le loup lui s’en est remis, en santé et plein la panse. Par contre ça, on ne le dit pas aux enfants, on a laissé le Père O grimer le conte. Au fait ce n’est pas de ça qu’on a causé avec mon cousin garou. Juste de l’air du temps et du vent sur terre qui fait s’envoler les objets et les mets et qui lui apporte parfois son repas tout prêt tout près, souvent juste devant lui et il vit ravi de ce que le vent ravit pour lui. Ce jour-là on a fait les fous, je lui ai un peu forcé la patte pour qu’il se bouge un peu plus et on a sauté à droite et à gauche de plus en plus vite pour tout attraper en vol et être servis. Tout ça tombait pile poil, car ce matin-là, quand je suis arrivé sous la pluie battante, je n’avais plus un poil de sec, ça nous a séchés et nourris en même temps.

Le zeph souffle encore et toujours, alors je suis resté et on s’est refait du poil neuf et du feu dans le poêle. On a continué à faire les sots et des sauts à droite à gauche et tant que ça dure, on n’est pas près à se faire des cheveux blancs. Quand même, le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté.

« Ferme tes yeux pour rêver et fais vriller » m’a dit février. Absolument, j’ai fait vriller pour à l’agenda onirique chez Ecri’turbulente avec quelques contraintes dues à Eugène et Groucho.

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14 réflexions sur “Agenda onirique

    • C’est que j’ai passé la nuit à conter (puis après, bien sûr, compter) les moutons, alors il fallait bien un loup pour que ça se termine 😉 Merci de tes jeux de mots

  1. Un p’tit vol au vent et un loup goulu, c’est tout Grimm qui nous éclaire sous son p’tit coin d’parapluie.
    Tu as du t’amuser comme une gamine à écrire cette participation à l’agenda de février, quelle superbe et quel panache.

  2. Pingback: L’agenda ironique… même pas en rêve ? – Écri'turbulente

  3. J’ai fait un shampoing doux à ma tignasse pour contrecarrer les épis qui s’y installent pendant la nuit. Je n’aurais jamais pensé que faire la sotte en exécutant des sauts m’aurait épargné la corvée. La corvée, parce que l’eau du cumulus avait oublié de se réchauffer. Juste ce matin ! Le souffle du zéph n’y était pour rien, la porte de la buanderie était bel et bien fermée ! Bonne journée. Pleine d’inspiration et de belles choses.

  4. Bon jour,
    Effectivement, c’est un poil déroutant, mais un rêvé l’est d’autant poil au dents 🙂
    Il y a des jeux de mots et celui-ci étrange :  » le Père O grimer le conte. » mais il se reconnaît et puis ce « phare à mentir » tout à fait inattendu …
    Bref cet ensemble d’un pas en avant à un autre d’une baguette de fée n’est pas vrillée pour ce texte hors des sentiers battus … 🙂
    Max-Louis

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