Les aléas de la vie sont ainsi faits.
Mais on ne peut s’empêcher de constater que le hasard distribue plus de chance à certains qu’à d’autres, mine de rien. Chez Alex, la nostalgie a plutôt des traits d’angoisse et douleurs. A aucun moment elle ne souhaite revivre sa jeunesse. Elle se souvient. Les jours les plus heureux de son enfance sont ceux passés loin de la maison que ses parents avaient restaurée quand ils sont arrivés dans le New-Jersey lors de vacances d’été. En famille à six, avec ses frères et sœurs, sans ses grands-parents.
Elle ne s’est jamais résignée. A s’en rendre même malade à l’adolescence. Elle a un regret. De ne pas avoir su exprimer son premier mal-être à trois ans à peine. Elle ne connaissait pas encore les mots pour le dire. Et ces maux qu’elle avait subis, ces sœurs et elle allaient les encaisser pendant des années. Elle a parlé pourtant, elles ont décrit les faits et fait comprendre à leur parents leur détresse. Sans jamais obtenir l’intérêt escompté. Elles allaient devoir faire comme si elles n’en étaient pas affectées et comme si ce qui s’était passé n’avait pas de conséquence. A cet âge, comment ne pas croire les parents expliquant que c’était le mieux pour elles ?
Des souvenirs, elle en a et elle écrit. Comme les goûters où l’on discutait en dégustant le thé accompagné d’une madeleine remplacée par un banana-split les dimanches après-midi. Suivaient les parties de dames sur la petite table du salon proposées par sa grand-mère qu’elle gagnait souvent et qu’on aurait pu croire joyeuses, très vite assombries par l’haleine chaude de son grand-père soudain derrière elle qui se penchait dans son cou pour s’émerveiller de son vif entrain et de sa réussite.
Disparaître… Disparaître et ne jamais ré-apparaître, c’est ce dont elle rêve chaque fois que s’assoit son grand-père sur le bord de son lit en enlevant son dentier et, si elle résiste, sachant lui répéter d’une haleine fétide qu’il est un sorcier, qu’il pourrait la tourmenter jusqu’après la mort et qu’il ne faut rien dire à personne.
C’est ma participation aux deuxièmes Plumes chez Emilie pour 2021 avec les mots proposés et notés en gras pour parler du livre que je viens de fermer. Ce livre est tout autre de l’idée que j’avais eu en lisant la quatrième de couverture. Etudiante en droit à Harvard, Alex Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort. Jusqu’au jour où son chemin croise celui d’un tueur emprisonné en Louisiane, Ricky Langley, dont la confession ébranle toutes ses convictions. Pour elle, cela ne fait aucun doute : cet homme doit être exécuté. Bouleversée par cette réaction viscérale, Alex ne va pas tarder à prendre conscience de son origine en découvrant un lien entre son passé, un secret de famille et cette terrible affaire. Elle n’aura alors qu’une obsession : enquêter sur les raisons profondes qui ont conduit Langley à commettre ce crime épouvantable.
Texte sombre comme le livre qui a l’air de l’être aussi ; bien envie de voir demain si ils l’ont à la biblio … Merci !
Le livre n’est pas sombre, elle milite contre la peine de mort. Elle remonte à l’origine des choses et laisse entrevoir par un mot ou une fin de phrase que tout peut faire basculer d’un côté ou d’un autre…
Brrr
Ton dernier paragraphe m’a mis des frissons dans le dos…
J’interprète ou j’imagine…Enfin je suppose et c’est plus noir que rose…
Bises
Certains chapitres de ce livre donnent les larmes aux yeux, c’est vrai, et m’ont inspirés pour ce texte.
Dans ton texte, c’est amené finement et c’est d’autant plus glaçant…
C’est un peu comme ça qu’elle l’amène elle-aussi, qu’elle l’a subi et qui fait si mal.
Je ne connais pas ce roman, mais il doit donner des frissons comme ton texte qui rappelle tout ce que l’on entend de plus en plus souvent. Que d’horreurs dans ce monde ! Je retiens le titre, dans le cas où… Bisous
Elle alterne les chapitres entre la vie (et même l’avant-vie) d’un condamné à mort et sa propre vie qu’elle amène en parallèles. Sa façon est subtile, parce que, comme elle, on oscille toujours entre « pour ou contre » la peine de mort…
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Il y a dans ce texte un vrai sentiment de malaise, ces choses subies et non dites ou non crues, je ne m’attendais pas non plus à ça.
bon week-end.
Exactement. Un malaise mêlé la légèreté de l’enfance…
Bon jour pat,
Un texte dont les souvenirs ne sont pas ceux qui devraient rester dans la mémoire et qui pourtant hantent et se défient du temps et modifient aussi un parcours de vie …
Bonne journée.
Max-Louis
Elle est sans cesse en contradiction avec elle-même. C’est dur et pourtant léger à la fois. Et, en effet, c’est ce qui a fait ce qu’elle est aujourd’hui…
Du deux en un ! C’est une façon originale de parler d’un livre. Bravo !
C’est pourtant ce qu’elle a fait dans son livre, elle aussi. Elle raconte sa vie (et avant-vie) d’un condamné à mort, et de la sienne, qui ont apparemment rien à voir l’une et l’autre…
terrible, oui, froid dans le dos
C’est mine de rien une forme de courage ce qu’elle fait là…
il faut un courage ENORME pour oser témoigner de ces choses-là
Pour elle, son livre est paru après le décès de ses grands-parents…
Terrible texte bien trop d’actualité… mais la parole se libère enfin.
Si seulement le témoignage des uns pouvaient stopper les actes des autres…
« Banana Split, l’abominable homme des neiges » chantait Lio.
😉
Quel texte surprenant, il m’a prise des le début, on en envie d’en savoir plus sur ces gens !! Bravo j’aime !!!
Elle analyse et décortique la vie de chacun, et elle presse exactement sur le bon bouton. Celui qui allume une lumière ou celui qui actionne quelque chose qui fait son effet…