Le réveillon de Noël

Pour le réveillon de Noël, il savait que ce serait une nuit d’insomnie. Il avait posé une bûche dans la cheminée, et appréciait sa chaleur et ce chauffage. Il avait choisit de rester chez lui et de travailler. Il se sentait plein de courage et avait refusé les invitations. Depuis un moment pourtant, il fixait l’orange de la flamme et le reste de la pièce lui paraissait verdâtre. Les bruits de la fête dans le quartier, les paroles plus fortes que d’habitude chez les voisins et la pensée que tout le monde s’amuse le firent sortir de sa torpeur et changer d’avis. Il se leva et regarda un instant les illuminations de la rue en suivant des yeux la fuite des flocons de neige devant les phares des voitures. Il se fit préparer un bon repas, le temps de partir dans la ville à la recherche d’une petite femme pour passer la soirée et la nuit. Il ne la voulait pas quelconque bien sûr, ni à la démesure de ses attentes. Il la voulait grassouillette et la trouva, inéluctablement. Belle comme un enfant. Emballée de la tête aux pieds d’une mantille et d’un grand manteau blancs. La quintessence. Ils dînèrent d’agapes et d’ortolans. Son cœur et sa tête étaient emplis d’un sentiment de réussite et de victoire…

Ce sera ma participation aux Plumes 38 chez Asphodèle avec la première liste de mots proposés, mais puisque mon histoire n’est pas terminée, voici une suite…

Le réveillon de Noël

… Il se réjouit quand sa belle quitta son emballage immaculé. Elle portait un magnifique caraco rouge qui l’embobinait comme une papillote. Son émerveillement était immense. Ils vidèrent un balthazar du meilleur vin du pays, et mangèrent comme des cannibales, sans échanger beaucoup de mots, de crainte que la quintessence ne disparaisse. Cette soirée se passa pour le mieux jusqu’au moment où son étoile s’effondre en se tordant de douleur. Les voisins du quartier accoururent et après examen, tous constatèrent que la dame allait accoucher. Après quelques heures de fatigue, elle lui offrit un joli bébé en guise d’étrennes. Sur ordres du docteur, elle resta couchée plusieurs semaines pour se remettre de sa maternité. Il fut contraint à lui préparer des inhalations chaque soir et la supporter à ronfler chaque nuit pour qu’elle retrouve un quelconque apaisement. Il pensa même la chasser de chez lui, une fois qu’elle serait rétablie. Mais suite aux réflexions du voisinage, il dut donner son nom au bébé et l’accepter à vie. Et pour couronner le tout, la mère était amoureuse de lui. Son désir s’était éteint quand elle était devenue maigre.

C’est une autre participation aux Plumes 38 chez Asphodèle avec la seconde liste de mots proposés, je vous souhaite de bonnes et belles fêtes de fin d’année, les petits gâteaux sont terminés (je veux dire qu’il sont tous mangés) et certains ouvrages attendent encore quelques coutures…

D’après Maupassant