Le temps qui passe

« L’horloge ne mesure pas seulement le temps qui passe, mais également la durée d’un ennui et l’impatience d’une attente. » Cette dernière phrase lue me fit lever la tête.
Allez savoir pourquoi ?! je pensai à ma grand-mère qui me disait que la sarriette d’été était préférable à la sarriette d’hiver pour la fabrication de saucisses en raison de son arôme plus doux et plus délicat, et qui ajoutait que, malgré tout, quelque soit la saison ou le temps la cuisine était toujours appréciée si elle était faite avec amour.
A propos de temps, je regardai les murs de la salle. Pas de pendule.
Je ne porte plus de montre depuis belle lurette et mon téléphone était resté dans le cagibi où j’avais laissé quelques affaires avant d’entrer ici. Mais là, j’en étais sûre, je savais que je lisais depuis un moment déjà.
Ma main caressa le dessus de chaise sur laquelle j’étais assise depuis que l’autre m’avait quittée.
Je remarquai que sa toile était rêche, j’aurais préféré tâter du velours, ç’aurait été plus doux et plus chaud.
Je réalisai alors que le zéphyr que je percevais depuis que j’étais dans cette pièce venait d’un léger frémissement de la climatisation installée au dessus du matériel et son faible tremblement devenait une fixation.
Et puis mon regard se posa plus précisément sur cet énorme matériel utilisé pour ce contrôle habituel qui occupait pratiquement tout l’espace. La couleur des vitres m’intriguait soudain. Etait-ce du givre ? Misère, pensai-je alors, nous voilà bien si les frimas s’installent à l intérieur ! Je me levai pour vérifier, et me rassis aussitôt. J’avais froid.

J’étais seule et torse nu, mais elle m’avait dit que ça ne serait pas long et que j’avais bien fait de prendre un livre. D’accord, mais quand même !
Un torrent de mauvaises pensées faisait flot dans ma tête à me fendre le cœur et me faire presque fondre en larmes quand subitement une nouvelle personne apparut sur le seuil de la porte d’en face : Ah, vous êtes toujours là !? Je vais voir, on vous a sûrement oubliée !

Pour répondre à Brigetoun pour l’Agenda Ironique de Mars, car elle disait que pour ce mois-ci le thème était attente, avec utilisation des mots frémissement, zéphyr, frimas, velours, fendre, torrent, seuil et sarriette.

Et pour donner de la couleur et chaleur à cet article, voici ici.

34 réflexions sur “Le temps qui passe

  1. Bonjour ! C’est fou comme tu as bien décrit la chose. Froid dans la pièce, froid dans notre corps. L’attente. Penser à autre chose…
    Bises

  2. une attente qui ressemble souvent à de l’angoisse ! et la délicatesse de la phrase « on a dû vous oublier » ne rassure pas, mais le défi est relevé !

  3. Je pensais avoir déjà mis un commentaire chez toi…
    mais je vois que non !
    Où s’est-il perdu ???

    Je disais que je me reconnaissais dans cette « attente » frisonnante
    au milieu d’un environnement sans chaleur,
    froid comme le givre…
    Je déteste ces moments !

  4. Bravo patchcath, défi relevé avec brio. Tu es complètement dans le thème et tes mots sont intégrés avec un rare bonheur !

  5. comme c’est tellement ça cette attente entre le moment où les clichés sont faits et celui où le radiologue vient donner le résultat … un temps hors du temps où l’on ne peut s’empêcher de penser que notre vie, nos habitudes peuvent s’effondrer !

  6. Bon jour Pat,
    Un regard d’un regard d’une personne âgée dans un établissement qui les accueille. Un texte qui porte un questionnement et une souffrance sur ce temps et ce qu’il en reste…
    Remarque : « J’étais seule et torse nu » c’est étonnant … 🙂
    Bonne journée.
    Max-Louis

    • Merci de tes mots Max-Louis 😉 c’est à chaque fois pareil à chaque mammographie pour chaque femme après 50ans. Y a bien de quoi ! me direz-vous. Et c’est un énorme cadeau que le médecin nous fait quand il annonce « Rien » ❤

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.