Six mots, douzième histoire pour un mois doux

Six mots, douzième histoire pour un mois doux.

Pas l’ombre d’un doute, je savais que je ne sortirais pas indemne de ce rendez-vous, mais, croyez-moi, lui aussi allait garder quelque souvenir. Il était venu pour manger, ça se lisait sur sa mine, et voyant mon cappuccino, seul sur la petite table ronde, il s’est ravisé et s’assit sur l’autre siège un peu nerveux quand même, je le vis à ses mains. J’avais choisi le coin bar des tables étroites et sans nappe. Cependant j’étais soulagée qu’ il soit venu. L’entrevue serait courte, je le savais. Je me sentais presque détendue quand le barman arriva, et perçus, à cet instant seulement la musique de fond diffusée légèrement. Je portai la tasse à mes lèvres et le laissai passer sa commande.

Six mots, douzième histoire pour un mois doux. C’est ma participation à des mots, une histoire chez Olivia avec les mots proposés de la récolte 12 et sûrement inspirée de ma lecture du moment. Je vous invite même à cliquer et écouter.

J’écoute les infos et je tends l’oreille

J’écoute les infos et je tends l’oreille. Les politiques s’en mêlent enfin, mon esprit s’emballe et mes mots s’emmêlent.

PMA (procréation médicalement assistée) et GPA (gestion pour autrui), y réfléchira-t-on un jour correctement ?Si la loi pour le mariage pour tous est officielle, on aurait pu penser que les lois sur ces nouvelles unions allaient suivre… pour établir des droits et des devoirs. Sinon, pour faire des enfants, nous avons notre côté animal, mais composer une famille dépend du cœur de chacun, d’une tradition, d’une culture, de règles établies et respectées.

J’ai eu la chance de grandir en famille avec mes parents et mes sœurs, et j’ai pu en construire une avec mon compagnon et mes enfants que j’ai portés et mis au monde sans difficulté. Je comprends très bien que mes voisins, mes amis, mes collègues souhaitent avoir une famille eux-aussi, ou fassent le choix de ne pas en avoir. Je ne me suis pas posée toutes sortes de questions à l’époque, et mes enfants ont grandi. Certains sont parents, d’autres ne le seront peut-être pas. Est-ce que c’est vraiment un choix ou un don de la vie ? A-t-on des enfants pour soi, ou pour eux ? ou les deux à la fois, peut-être ?.C’est donc un désir et un choix, à la fois, et la nature qui décide. Et puis bien vite, on s’aperçoit que nos voisins, nos amis, nos collègues ont ou ont eu des enfants. Est-ce par GPA ou PMA ?

Pardon de tout ce blabla. Est-ce que ça dérange si les enfants de nos voisins, de nos amis, de nos collègues ont été adoptés ou nés à la suite de PMA ou GPA ? Qu’importe.

Qui serait dérangé s’il n’est pas concerné. Je suis simplement désolée de ne pas m’être posé la question d’être donneuse d’ovules ou ovocytes. Je ne me sentais pas concernée sans doute. S’ils en avaient eu besoin, ce n’est pas grâce à moi que leurs enfants sont nés. Si la loi l’avait permis, aurais-je été donneur pour une PMA ? Aurais-je cherché à les connaître ? Auraient-ils voulu me connaître, ou mon nom seulement ? Quels droits et quels devoirs de l’un vis à vis de l’autre ?

Et pour une GPA, c’est un peu plus compliqué, parce que ce n’est pas comme un don du sang, on est impliqué physiquement et ça prend plus de temps. Est-ce que ça nous implique psychiquement ? Aurais-je prêté mon ventre pour celle qui me l’aurait demandé ? Ayant déjà eu trois enfants pour notre famille, la ou les GPA auraient-elles été des grossesses suivantes ou intercalées à celles de notre famille. Ou aurions-nous fait le choix d’avoir nos trois enfants ? On peut se poser les mêmes questions que pour la PMA sur le nom, les droits, les devoirs vis à vis de l’enfant à naître, et d’autres aussi. Est-ce que la mère porteuse sera reconnue comme une femme ayant accouché du point de vue médicale ? Y aura-t-il un âge minimal et maximal pour porter pour autrui ? Devra-t-elle être déjà mère ? Pourra-t-elle faire seule ce choix (c-a-d sans le consentement de son conjoint, s’il y a) ? En tous cas, GPA ou PMA maintenant, ce sera sans moi, mais il faut y réfléchir pour les plus jeunes.

J’ai déposé ces mots comme ils me sont venus, j’aurais sans doute mille autres questions. Si la loi n’est pas claire et établie, chacun peut y voir l’occasion de se faire du fric, comme pour la drogue et la prostitution. Je ne suis pas directement concernée, je voudrais juste que nos petits et nos enfants de demain ne soient pas porteurs ou donneurs ou parents un jour contre de l’argent au risque de se briser la santé juste parce qu’une loi n’existe pas dans notre pays et qu’on aura choisi de ne pas y réfléchir un peu plus que nos amis voisins.

Et je ne parlerai pas de Dieu dans tout ça, car on sait qu’il nous a fait à son image, et que ce sont des hommes qui se sont désignés comme étant ses porte-paroles.

Pour celles qui ne viendraient ici que pour les explications de ces gants tricotés au point mousse à deux aiguilles, elles sont ici.