« Tous aux abris »
Ce n’est pas par mesure de sécurité que ces messages sont diffusés dans nos rues depuis plus d’un an et demi. Nous n’y sommes pas encore trop habitués, mais plus rien ne nous surprend vraiment.
« Kot ». Le petit doigt de Lou est tendu vers l’œil rouge scintillant d’un nouveau petit engin qui nous survole. C’est un drone de couleur noire en forme de tour Eiffel à un seul étage qu’ils ont envoyé cette fois-ci. Une sorte de petit nichoir qui transporte non seulement le coutumier haut-parleur nasillard mais qui protège également une caméra sous son ventre en mode enregistrement à en voir ce petit bouton qui clignote. Nous ne nous étonnons plus de rien, et agissons en mode d’extrême vigilance.
Je suis sur la terrasse avec les enfants. Je porte rapidement mes yeux au fond du jardin sans bouger la tête. Mémé est sortie ramasser quelques jeunes pousses pour préparer une salade à midi. Elle lève la tête. Nos regards se croisent. A l’instant même, elle connaît ma pensée et moi la sienne. Tous nos moindres mouvements vont être épiés maintenant.
On ne se parle plus beaucoup, on répond seulement aux questions des plus jeunes avec très peu de mots. Un semblant de vie en somme car tous nos mots sont écoutés, mémorisés et comptés depuis quelques temps. On l’a su quand on nous a parlé des cabanes bâties à la périphérie. On y loge actuellement les fortes têtes, les grandes gueules qui ont trop causer sans se méfier ou juste parce qu’ils ont cru bon de dire n’avoir peur de rien. On les savait forts, mais d’autres aujourd’hui ont l’autorité. Jusqu’où vont-ils aller dans leur inventivité ?
L’aïeule n’est pas sans ressource non plus dans sa créativité. Je perçois un clin d’œil subtil derrière ses lunettes. J’attrape les petits par le bras pour rentrer dans la maison, car il faut obéir. Les plus grands l’ont fait sans broncher. Obéir vite et savoir courir aussi quand leurs messages se font entendre. On l’a compris très vite, car certaines personnes portent encore la marque des coups suite à un manque de rapidité ou un zèle accentué de lenteur trop excessive. Courir où que l’on soit, et se claquemurer. Mémé n’aime pas que j’emploie ce verbe-là. Je le pense, uniquement. On se préserve. Dans nos paroles et dans nos gestes. Elle parle de se cocooner. Je la vois baisser la tête et prendre l’attitude d’un coureur. Elle a su garder sa douceur et le goût de rire, c’est tout ce qui nous reste et c’est magnifique dans notre vie aujourd’hui.
En réponse aux Plumes 5.20 pour les petits cahiers d’Emilie avec les mots proposés (sécurité, jardin, créativité, nichoir, kot, cocooner, protéger, courir, claquemurer, pensée, cabane, bras, bon), peut-être inspirée de mes lectures et ça peut être une suite à mon texte d’hier.
Une ambiance dystopique réussie. J’aime le positivisme de l’aïeul, qui offre un peu de légèreté au récit. Bravo Patchcath
Même si la situation est grave, de l’optimisme fait du bien 😉 Ma lecture du moment collait bien à l’atmosphère sombre de ce moment présent. On va tenter de garder le sourire malgré tout, et compter sur les bienfaits de ce confinement respecté de tous.
Le futur PatchCath ?
Et dire que ça nous pend au nez pour de vrai…
Bon, rions tant qu’il est encore temps. Ton récit de fiction, bien ficelé, m’a bien fait rire 😆
bonne semaine
e-bises d’O.
Gardons le sourire dans notre vie et dans nos mots 😉
Essayons, PatiVore
e-bises
😉
La suite, la suite !!!!
Pourquoi pas !? 😉 Merci Lydia
Oh mince! Elle fait froid dans le dos cette histoire…
Surtout qu’on en est pas loin avec cet état sanitaire d’urgence…
Bises
Dis donc, ma belle, l’idée ne viendrait-elle pas de toi ? « Tous aux abris » disais-tu, alors j’ai inventé avec les idées du moment 😉 Belle semaine
😀 😀 😀
Oh mais ça fait une excellente lecture 😉
Lundi le thème de la collecte sera « Tous aux jardins » (mais pas publics)
Ah ! c’est chouette que tu proposes un RV ce lundi 😉 Merci ma belle
Que tout cela est sombre et pesant… Faites qu’on n’en arrive là !
Mais non, Marla, dans notre confinement, on a quand même de l’eau, de l’électricité, le droit de faire nos courses d’alimentation, le beau temps qui s’attarde comme s’il compatissait 😉 dans ce livre, c’est vraiment horrible, quand on a connu une autre vie avant…
Je pensais au « jour d’après, » possible… Pas a l’ici et maintenant…
Ah oui 😦 il faut penser à tout cela… et la réaction de certains me rend triste et en colère
Garder le goût de rire. Voilà ce qu’il faut à tout prix garder. Et l’envie du contact avec les autres, les moyens modernes nous permettent de le faire très facilement. Nos aïeux n’avaient pas cette chance.
Ta mémé a un petit air espiègle qui me plaît beaucoup.
Bisous. Bon week-end.
😉 Bonne semaine et confit ne ment
Ta réponse sonne bien dans le pays où le bien manger est roi. Je garde les boites de confit de canard pour les jours de disettes. Pas encore d’actualité. Ouf !
Pour les jours de fêtes, veux-tu dire, non !? Ou quand je me serai bien dépensée, car ça n’est pas trop d’actualité en ces temps 😉
Chacun chez soi et nous serons à l’abri. Certains ne le comprennent pas encore 😡😡😡
En effet, et je ne comprends pas très bien certaines réactions, ça me rend à la fois triste et en colère
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triste dystopie! on ne voudrait jamais en arriver là!
Je lis au jardin au soleil… 😉 pour voir la vie en rose
Dystopie dites-vous ? mais pas du tout, c’est le quotidien ! Les drônes nous surveillent déjà !
Dans ce livre, c’est bien pire 😉 Avec l’actu, cette lecture et ces mots proposés voilà ce que j’ai pondu 😉 en parlant de ça je pense à œufs… Tiens je vais m’en faire un gâteau, ce sera une douceur de plus