Des mots et des plumes au poil

Des mots et des plumes au poil

C’était avec beaucoup de plaisir qu’elle s’allongeait sur sa méridienne chaque après-midi face à la fenêtre, magnifique ventail à la transparence inégalable ouvert sur un merveilleux jardin.

Aujourd’hui, Lavinia était venue lui tailler la causette. A cet instant, elle vantait et fignolait sur la manière de porter ses spartiates qu’elle portait avec grâce, certes et qu’elle avait achetées lors d’un séjour estival italien.

Elle les lavait avec grand soin et s’étalait sur des détails. Puis avisait l’autre, toujours prête à traquer et débusquer les contre-façons, et dénoncer telle ou tel supercherie ou simulacre de la sorte.

Jamais à court de sujet, elle décrivait déjà comment les levantins tanisaient avec talent leur vin blanc qu’elle avait pu déguster dans de magnifiques tâte-vins.

Les mots valsaient dans sa bouche trop animée si bien que de la salive vaselinait au coin de ses lèvres.

Annetta la regardait, l’écoutait et taisait la douleur de sa récente césarienne, trop émue par cette nouvelle natalité. Son esprit anéanti par cette flopée de mots mielleux s’enlisait de vilaines pensées que ce radotage sans intérêt n’évitait en rien. Elle sentait qu’elle n’allait pas être hypocrite plus longtemps car elle ne pouvait plus camoufler cette énorme envie de rire qui lui vrillait l’intestin.

Avec beaucoup de plaisir j’ai mêlé des mots et des plumes au poil aux mots de la récolte 36 chez Olivia ( méridienne, césarienne, douleur, fignoler, causette, spartiate, plaisir ) aux mots de la collecte du 10 sur les petits cahiers d’Emilie ( supercherie, hypocrite, mielleux, camoufler, simulacre, radotage, transparence, taire, traquer ) et l’anagramme de Saint Valentin ( valsaient, nativité, anéanti, levantins, vaselinaient, salive, intestin tanisaient, ventail, étalait, vilaine, talent, sentait, taisait, instant, italien, estival, lavait, vantait ) chez Violette.

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31 réflexions sur “Des mots et des plumes au poil

  1. attention aux spartiates de contrefaçon ! Au bout du compte, ça peut coûter plus cher qu’une paire de Gucci ! Pour le coup, elle en baverait encore plus, et ce serait franchement dégoûtant ! 😀 Bisous

  2. Pingback: LES TEXTES DES PLUMES CHEZ EMILIE 3.20 | LES PETITS CAHIERS D'EMILIE

  3. Pingback: Un nouveau début – Olivia Billington

  4. Personnellement je trouve que « Les mots valsaient dans sa bouche trop animée si bien que de la salive vaselinait au coin de ses lèvres » décrit à merveille ma prof de Sciences Nat que j’avais en terminale !! Une fort belle image à jamais gravée dans ma mémoire. Ah, ces émouvants petits paquets d’écume perlant aux coins de ses tristes babines… Emue, je te dis !

    • Ah ces profs ! il y a ceux qui nous ont laissé de bons souvenirs et les autres avec leurs défauts… ce ne doit pas être facile d’être prof parfait ! 😉 Merci de tes mots Medceline

  5. La pauvre ! Ton texte me rappelle les longs moments de solitude que j’ai vécus dans mon bureau de poste, lorsque certains clients venaient me raconter encore et encore les mêmes anecdotes… Une seule échappatoire dans ces moments-là : laisser son esprit vagabonder ! J’aime les mots de la fin et ce rire prêt à sortir pour peu qu’on lui lâche la bride. Belle et douce soirée !

  6. Surréaliste au pôssible ! Bref, j’adore le genre, et en redemande.
    La vrille du mois n’a jamais été d’aussi bonne qualité !
    Tout à fait dans le sillage de Breton, Aragon, Soupault, Crevel, Desnos, Eluard, Péret, Ernst et Picabia.
    Merci Patchcath !

    Voici un extrait des Champs magnétiques, le premier article de la revue «Littérature », et qui a été écrit par écriture automatique :

    « Prisonniers des gouttes d’eau, nous ne sommes que des animaux perpétuels. Nous courons dans les villes sans bruits et les affiches enchantées ne nous touchent plus. À quoi bon ces grands enthousiasmes fragiles, ces sauts de joie desséchés ? Nous ne savons plus rien que les astres morts ; nous regardons les visages ; et nous soupirons de plaisir. Notre bouche est plus sèche que les plages perdues ; nos yeux tournent sans but, sans espoir. Il n’y a plus que ces cafés où nous nous réunissons pour boire ces boissons fraîches, ces alcools délayés et les tables sont plus poisseuses que ces trottoirs où sont tombées nos ombres mortes de la veille. » ! Alors, ça vous tente ?

    https://short-edition.com/fr/classique/courant/surrealisme

    • Oh merci de tes mots Jo 😉 Comblée et émue je suis, mais modeste je vais restée. J’avais écrit tous ces mots sur une feuille et les phrases se sont vrillées toutes seules au bout de mon stylo, je n’ai eu qu’à les ordonner un peu et à abandonner mon aiguille, mon fil et mes points pendant un court moment 😉

      • Et oh combien tu peux t’en féliciter, sans gargarisme aucun, car bien évidemment, tout ce qui nous est donné par notre stylo-slash-clavier ne nous appartient pas tout à fait vraiment.
        En tout cas, je te remercie infiniment pour ce magnifique présent que je découvris sur ma semaine des quatre jeudis, au titre de  » mathématiquement scriptural « . Arthur Rimbaud sut m’éclairer mieux que quiconque, et cela grâce à ton intermédiaire. Infiniment merci. 🙂

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