S’asseoir sur une margelle et profiter du soleil. Étendre ses plumes et apprécier la chaleur. Fermer les yeux trop éblouis par la lumière.
Oui, mais… On dirait bien que les impératifs du monde contemporain coupent court au plaisir de bien vivre.
Quel est ce désir décadent de l’immédiateté qui dévore la planète de nos jours ?
On communique plus. Mais avec qui, grand dieu ? On consomme plus. Oui, et plutôt, à tort et à travers. Le délai n’existe plus, on est pressé. Pressés de tous côtés. La prolifération de mails augmente le poids des boites… virtuelles certes, mais c’est un outil indispensable aujourd’hui. On stresse. Les autres n’y voient rien puisque c’est virtuel.
Comment rester serein, quand il faut faire du tri, ne pas répondre au hasard, cueillir la bonne info sans gober le poisson ? Ne pas se noyer, supporter cette masse et garder les épaules droites. Les esprits sombrent, seule reste la couleur de la matière… grise.
Comment voir la vie en rose, quand on sait que ce sera pareil le lendemain ? Il y a de quoi perdre son latin.
Dis, pourquoi ne pas s’asseoir sur une margelle et profiter du soleil ? Je ferme les yeux… entourée soudain par des lucioles en formes de triangles, reflets des écrans au soleil que les gens tiennent dans leurs mains en marchant.
C’est Emilie, dans ses cahiers, qui suggère d’étendre ses plumes et apprécier la chaleur, avec quelques mots imposés et beaucoup de liberté.