Au loin, elle entend un chien aboyer. Elle pose son ouvrage à côté d’elle sur le banc où elle a passé l’après-midi et se lève. D’un geste habituel, elle apporte sa main en visière sur son front pour se protéger du soleil et mieux voir. Son regard parcourt l’horizon de l’ubac aux pentes éclairées et verdoyantes. Elle ne voit rien. Son regard revient sur les pentes de l’envers un peu plus sombres, et là, bien plus près d’elle au bout du chemin, le berger avance, précédé de ses moutons. Elle sourit et admire cette onde laineuse que font les dos des animaux en marchant. Ils bêlent, mais elle ne voit toujours pas le chien, il aboie pourtant, et soudain il apparaît, noir au milieu des bêtes blanches. Il se range aux côtés de son maître pendant que l’autre fait entrer son troupeau dans l’enclos. A cette saison et à cette heure, c’est le retour à la bergerie, elle aurait du y penser. Le jour baisse, le temps est passé sans qu’elle ne s’en rende compte et il ne fait plus très chaud. Elle réajuste son châle, prend son panier et s’apprête à rentrer. Mais elle voit l’homme se tourner vers elle et venir à sa rencontre, il marche bon train. Ses yeux ont une fluidité particulière. Alors quand il arrive, sans un mot, elle l’invite à l’intérieur de sa maison. Elle avance vers la cheminée et essaie de calmer son cœur qui battait déjà la chamade, elle dépose son ouvrage sur la table en passant, prend une bûche pour raviver le feu avant qu’il ne s’éteigne, puis essuie la poussière de bois sur ses mains dans son tablier en se retournant vers son hôte. Il est assis à la table et l’attend, il a rempli deux verres d’une orangeade faite maison, elle lui sourit. Il a toujours ces clartés pâles dans le regard, mais il est moins grave et admire les deux chaussettes dépareillées dans le panier qu’elle a terminées. « C’est pour ton petit » lui dit-elle.
Pour répondre à Des mots une histoire chez Olivia Bellington, avec les mots proposés de la semaine…
Tout tourne autour d’une belle histoire pastorale, et elle est ravissante. Les mots ont été bien insérés.
Bravo !
Plus près de moi, c’est une histoire de laine, mais c’est vrai que les moutons, le berger, le chien gardien ne sont pas très loin, et je voulais y penser 😉 Merci Bizak
C’est une belle histoire, j’aime les détails, les images et l’atmosphère de cette scène de vie.
C’est pas toujours très facile de mettre des détails 😉 Parfois mon texte est très court juste une « sauce de petits mots pour lier » et que le plat soit bon. Un peu comme en cuisine !
Oh, cette fin, parfaite de circonstance, et toute en pudeur. ❤
Il y a toujours une telle douceur dans tes textes…
Il y a de la douceur dans tes mots 😉 Merci Olivia ❤
Pingback: Tant de silence – Olivia Billington
C’était une belle collection de mots 😉 Merci
Très jolie histoire d’amour en pointillés…
J’aime beaucoup le regard de cet homme.
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Il y a des regards qui attirent le nôtre sans savoir vraiment pourquoi , inqualifiables 😉 et je trouvais que ce mot s’adaptait bien. Merci Célestine •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Quelle tendresse dans ce texte, cela m’émeut ! J’ai vécu la scène comme au ralenti et j’imagine ce petit avec ses chaussettes dépareillées …
Merci pour ce joli moment
Cécile
C’est juste un clin d’œil à la journée de la trisomie 21, fixée le 21 mars 😉 et marquée par le port de gants ou chaussettes différentes.