Mes aiguilles à tricoter
L’or est notre couleur préférée et nous fait penser au soleil.
Elle a choisi d’en mettre juste un peu mêlé à la couleur du ciel.
Ses deux mains nous serrent et nous croisent quand le fil court sur son index droit.
Comme au combat de sabres, on entend le cliquetis du métal froid
Harmonique, harpaillant le fil plusieurs fois pour terminer le rang.
A toute vitesse, les mailles courent sur l’une et dégringolent sur l’autre.
Un jeté par ci, un trou-trou par là, les nœuds s’étirent et se vautrent
Sur le rythme endiablé des vagues et de point mousse, s’étalant
Sur nos deux bras à la fois.
On ne le dirait pas, mais nous vivons de ce mouvement
Ne résistons pas très longtemps
Sans ouvrage sur les épaules
Dans sa boite où elle nous range, on étouffe, on meure
Et nous l’appelons, nous tempêtons en jumelles sœurs.
Malgré tout ça elle ne nous répond pas toujours
Avec les autres aussi, son ouvrage est en cours.
Ravie en tout cas aujourd’hui
C’est avec nous qu’elle rêve, qu’elle crée et qu’elle sourit
En décidant tout de go de tricoter une paire pour ce petit
Assortie à ses yeux, du moins c’est ce qu’elle dit
Une paire, c’est pas beaucoup, enfin c’est notre avis.
Mes aiguilles à tricoter, je les aime. Ce sont des outils utiles et indispensables. Ils font ma vie, comme mes aiguilles à coudre, mes ciseaux et mon dé. Je raccommode et rafistole. Comme mes lunettes et les livres. Je vois, j’admire et je souris. Comme des casseroles, des assiettes et mes couverts. Je vis quoi, et j’aime ça. Mes outils aussi vivent et parlent. Leurs mots sont en vers, leurs phrases en acrostiche et ma prose en alexandrins quelquefois, car ici elle nous dit de les laisser parler de nous.
Trop cute 😍
😉
Maille a l’envers sur maille à l’endroit, le poème se tricote comme une laine douce ; vivent les aiguilles qui rendent ça possible !
C’était surtout difficile de garder le rythme et le nombre de pieds, parce que quand je tricote, je parle, lis ou écoute de la musique, le rythme s’accélère sur mes aiguilles et dans mes mains, vois-tu? 😉
On sent, à les lire, que cet amour est réciproque !
Oui, elles me sont utiles à une vie de douceur 😉
Rhhhôôô ! Elles sont mignonnes ces aiguilles ! Elle ont des positions fermement prononcées. Je les trouve pleines de joie de vivre et de volonté d’être en activité.
J’en ai beaucoup, et c’est un peu la foire quelquefois 😉
Pingback: De l’objectivité de l’objet, suite (quand les urnes parlent) | Carnets Paresseux
Beaux mouvements vécus par ces objets, aiguilles à tricoter que j’ai maniées longtemps, mais plus aujourd’hui. si j’avais noté en mètres le nombre de pelotes, je pense que cela équivaudrait au tour de la Terre, et même plus…
J’ai appris un nouveau mot: harpailler.
Merci de ce récit, bien tricoté.
et les kilomètres défaits aussi sont nombreux, enfin pour moi 😉
Pingback: L’agenda ironique de Juin – Les votes! – Les narines des crayons
On les sent pleines de vie ces aiguilles
A la fois douces et solides comme du fil de soie
Certaines ont souffert sous la pression de mes doigts. Avec cette chaleur, je suis malheureuse, je ne peux pas les faire travailler 😉
Pingback: Agenda Ironique de Juin- Les textes! – Les narines des crayons
Quel joli texte qui vous correspond si bien, chère Patchcath, et qui rend compte de gestes simples et beaux, d’une répétition de mouvements qui rythment les battements de cœur ou le chœur de la vie. Bravo pour cette participation à l’agenda.
Oui Anne, tu peux parler de chœur de la vie, car il y a de plus en plus de petits cœurs dans ma vie. Ils me la rendent belle et tendre, et j’essaie de la rendre douce et chaude 😉
Oh ! C’est épique ! 😀
Pic et pic et colegram am stram gram
Ces 2 baguettes de rien du tout nous relient à tous ceux qui avant nous faisaient aller leurs doigts agiles pour faire advenir des objets bien or-dinaires. C’est une satisfaction à nulle autre pareille. Fabriquer pour que la vie soit douce et réchauffe des petits pétons. Quoi d’autres ?
Plein de bises.
Elles nous offrent beaucoup de douceur et pendant qu’elles s’activent, nous laissent le temps pour penser à ceux qu’on aime 😉
C’est trop joli, cette poésie des aiguilles qui cliquète doucement au rythme des mailles à l’endroit, à l’envers 🙂
Je tricote aussi…Mais mes aiguilles à moi doivent bien soupirer car cela fait un moment qu’elles sont la boite à ouvrage…Par compassion peut-être les ressortirai-je bientôt!
Merci pour cette participation douce et délicate!
Tu sais, ce qu’on écrit ici n’est pas toujours la pure vérité, je regarde souvent mes laines et préfère prendre un livre pour profiter du soleil au jardin. Je suis comme ça, tant pis 😉
J’adore ! Les vers, alexandrins ou pas, l’acrostiche, les mots tout simplement qui disent fort joliment une vie qui me parle …
Beau lundi !
Un jour ne se passe pas sans que je touche mes laines et mes fils. Je suis accro, je l’avoue 😉