On est en 1831 et Mary aura bientôt 16 ans.
Dans son journal, elle nous décrit la dernière année qu’elle vient de vivre. Réaliste, elle se dépêche d’écrire avec ses mots et son franc parler.
Si elle partageait une vie difficile de labeur et de misère dans la campagne anglaise entre ses trois grandes sœurs, un père dur, une mère insensible et son grand-père tendre, elle nous raconte combien sa vie a changé quand elle fut placée au service de la famille du pasteur.
Si elle a pu découvrir la douceur auprès d’une femme fragile, elle sera dévouée et fera preuve d’obéissance.
Si elle apprend rapidement à lire et à écrire auprès du pasteur, elle doit accepter d’être humiliée et avilie… jusqu’à ce que sa vie bascule tragiquement.
C’est sans doute la couverture de ce roman en format poche qui a attirée mon attention. « La couleur du lait »… Je l’ai mis dans mon sac pour le lire, comme les autres, dans le bus.
Mary a tout juste quinze ans au début de la première saison. Elle écrit tout ce qu’elle pense, comme elle le pense. Le style est spécial, mais c’est elle qui écrit et elle en est fière. Sans majuscule, elle note ce qu’elle vit, ce qu’elle voit et ce que lui disent les autres aussi, tel quel, mis bout à bout.
Je lis vite, au rythme de ses mots. Mais le trajet est court ce jour-là, et je dois descendre.
Mary vient d’une famille pauvre où le fait de savoir lire et écrire n’a pas vraiment d’intérêt.
Elle est la petite dernière d’une fratrie de quatre filles. Elle a une patte folle et les cheveux couleur de lait.
Elle n’est jamais allée beaucoup plus loin que la ferme où elle a grandi et la terre qui l’entoure.
Elle doit travailler du matin au soir sans exprimer de sa fatigue.
Elle se méfie d’un père menaçant et parfois brutal qui ne pense qu’au rendement.
Elle connaît peu d’amour dans sa famille, sauf avec son grand-père paternel avec qui il partage des moments tendres.
Il est paralysé et fataliste, et vit avec eux, sous le même toit. Dans la remise aux pommes, il l’attend chaque jour.
Ces instants touchants de leur vie quotidienne l’aident à garder sa bonne humeur.
Pleine de bonté, elle n’a pas la langue dans sa poche et dit tout ce qu’elle pense sans prendre de gants, même quand son aïeul essaie de lui faire comprendre que tout n’est bon à dire.
Leur quotidien va changer quand son père va décider de vendre ses services au pasteur pour s’occuper d’une épouse malade. Elle devient donc domestique. Si elle comprend les richesses de l’instruction et espère sûrement qu’elle pourrait avoir une meilleure condition, elle reste elle-même et la vie de la ferme lui manque.
J’ai lu ce livre durant mes trajets. Pas de façon continue. Certains jours, mes voisins de voyage ressentaient le besoin de m’adresser la parole et je me sentais obligée de ne pas ouvrir ce roman. S’ils avaient su…
Les voyages où je pouvais lire me paraissaient courts. Ces moments de lecture m’étaient précieux, ou simplement la douce compagnie de Mary ?
Pleine de fraîcheur et de vivacité dans les cent cinquante premières pages, elle change petit à petit dans l’empressement de ces tas de choses qu’elle veut dire et sous l’écriture habile de son auteur.
C’est pour répondre à l’Agenda Ironique de Février 2017 chez JoBougon que je vous parle de ce livre de Nell Leyshon.
J’ai fini ce petit roman et l’ai posé tout près de moi.
J’ai choisi mes tissus et cousu les pages de mon livre textile tout en pensant à Mary.
En fait c’est elle que j’ai voulu garder tout près de moi.
Pas de mots sur mon livre, que des points. Des visages souriants et des cheveux aux couleurs de cendres.
Notez « La couleur du lait » dans votre PAL. Juste parce que Mary est attachante, et que je voudrais que vous la rencontriez.
Mais je ressens encore le malaise qui m’a envahit dans les trente dernières pages.
Moi aussi je l’ai lu et j’avais posté.
http://christinegio.canalblog.com/archives/2015/01/31/31436569.html
Voilà toute la magie d’un blog : pouvoir partager avec légèreté.
Belle journée.
ça m’a pris aux tripes, quand même, mais l’écriture est géniale,
je lirai un autre titre de cette auteur
J’étais tellement dans l’idée que le livre n’existait pas, que j’ai été super contente de comprendre que finalement c’est un vrai livre que l’on peut lire. Chouette alors !
¸¸.•*¨*• ☆
He oui Célestine, je venais de reposer ce livre et le sujet tombait à pic 😉
Un petit air de XIXème siècle façon Brontê ou Austen…
Belles réussite.
Mo
Oui, c’est un peu ça, avec une écriture tout à fait différente. j’ai vraiment aimé… cette fille.
Toujours cette tendresse et cette douceur dans tes billets.
Bises
Bien sûr, sinon je ne poste rien. Merci Emilie
Tu sais donner au lecteur l’envie de lire l’histoire de Mary 🙂
J’ai essayé, elle est tellement attachante.
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Ces trente dernières pages éveillent la curiosité. Qu’ont-elles donc de si terribles qu’elles soient évoquées à demi-mots sans trop en dire ?
Cela donne envie de rencontrer Mary quoiqu’il en soit.
Merci Patchcath pour cette belle découverte.
C’est une richesse pour Mary d’avoir pu apprendre à lire et écrire et nous laisser ce fabuleux témoignage, mais une tristesse pour nous de lire ce journal jusqu’au bout.
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Les pages brodées de ton livre s’amoncellent comme tes phrases qui évoquent cette Mary. Charmante façon de donner envie de lire « La couleur du lait. » Merci
Merci Jacou, c’est pour un petit exercice en groupe. J’ai lu plusieurs livre et je n’ai cousu que 6pages! J’espère lire d’autres livres de cette auteur très bientôt.
Entre ce que tu nous dis du livre et les photos de ton livre textile, je salive 🙂 Je crois que je vais acheter le livre. Belle journée.
Merci, Ma Tulipe. Il est passé dans d’autres mains, et il plait bien 😉
J’avais beaucoup apprécié aussi la façon de raconter de cette jeune fille ….
Les trente dernières pages sont en effet marquantes …
Bisess Patchcath 🙂
Je me souviens que j’étais à la fois pressée de lire et j’avais l’impression de freiner ma lecture tant je redoutais de savoir… 😉