C’était un soir doux et triste comme un soir après l’orage où les nuages d’un gris laiteux éteignent toute espérance de soleil.
J’ai jeté un regard par la fenêtre, le vague à l’âme. Les feuilles semblaient pendre des arbres, toutes neuves pourtant mais comme endolories. Alors j’ai ouvert mes malles. Des malles où reposent mes pelotes. J’en touche une, je sais que c’est la seule de ce coloris-là. C’est un cadeau d’une de mes mignonnes quand elle était encore enfant. Le ciel insensiblement s’enfumait de tons sombres et exquis au fur et à mesure que la nuit tombait.
Les autres pelotes sont pour la plupart toutes uniques et orphelines. Des petits cadeaux de fête des mères, pour beaucoup. Je souris. Je vais faire de leurs petits présents un gilet bien chaud. Et ce mois-ci, ne dit-on pas « en avril ne te découvre pas d’un fil »? Ce sera un mariage de couleurs vives et de fils soyeux pour la fraicheur des jours de printemps et des soirs d’été sur un modèle original.
C’est une alternance de quatre rangs d’une pelote et deux ou trois mètres d’une autre, comme la vie sait le faire avec les jours ensoleillés qui suivent les jours de pluie. Commencement au milieu du dos, sans avoir trop bien mesuré et évalué les dimensions. Alors jai défait et recommencé, deux fois. Mon ouvrage est presque fini à cette heure. Le soir s’annonce au blondissement de la lumière.
Par la fenêtre entrouverte, mon regard se porte vers la ligne invisible et mystérieuse où les nuages et les monts de l’horizon se confondent. Des corbeaux crient haut dans le ciel en direction des grands arbres. Je sens la caresse du vent infatigable ici. Le temps s’attarde. J’ai pris l’aiguille à coudre maintenant pour bâtir grossièrement le gilet et l’enfiler. L’effet est joli. Je le finirai de deux coutures le long des manches et des épaules, un tour de cou et quelques boutons sur le devant.
Un petit texte qui s’inscrit bien « Agenda ironique – En Avril, suivez le fil » de l’ami Dodo Carnets Paresseux.
Gros plan sur une bien jolie passion.
Merci 😉
Très joli, ce gilet d’avril, porteur de tous ces fils d’avril.
Je vais le mettre, le vent est encore super froid ces temps-ci
qui dira la mélancolie des pelotes peletonnées dans les placards, et leur joie de ressortir et de se réassortir ? Patchcath, bien sûr.
Que c’est flatteur!
Je crois que j’ai quelques pelotes qui traînent que je t’enverrais bien pour que tu en fasses des textes !
Que ces mots sont doux!
Doux, tout doux…et chaleureux…
Comme les photos…
J’aime le tricot…et ton texte !
😉
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Ca me fait pensé a du végétal, ces gros plans de tricots (je ne sais pas si c’est comme ca qu’on dit).
😉
un melting pot de pelotes qui me botte….
bisessss
😉
Ta mélancolie à ressortir ces vieilles pelotes est palpable et pour en tricoter un rayon, tu connais ! 😀
Te lire me fait bien plaisir, je vois que tu vas donc un peu mieux. 😉
très jolie réalisation
merci pour le partage
bisous
Je ne vais pas tarder à rédiger les explications, car pas difficile à faire, et vraiment très original. 😉
Très touchant ce réveil de pelotes endormies …
Elles sont mises en valeur emmaillées les unes aux autres 😉