M’essuyer les mains et les masser exagérément, réajuster mes lunettes avant de prendre mon ouvrage, prendre un livre et passer la paume de la main sur la couverture comme une caresse, jeter un œil sur l’horloge et sourire d’entendre son tic-tac sont des petits gestes naturels, des habitudes que je fais sans y penser vraiment, des tics diront certains, des actions douces de la vie.
Autrefois chaque son avait sa propre signification et son importance. Lorsque le marteau d’un forgeron retentissait sur le métal, il chantait « je forge, je forge, boum, boum, boum ! » Lorsque le rabot d’un menuisier grinçait, il s’encourageait au travail en répétant sans cesse « un grincement par ci, un grincement par là, ils sont tous pour toi ! » et lorsque les roues d’un moulin tournaient, elles murmuraient « que Dieu nous garde, clapotis, clapotas, que Dieu nous garde, clac, clac ! » Lorsque la tricoteuse croisent ses aiguilles, elles se disent « tiqueti tiqueta, passe le fil et croise là » et quand la couturière se met à l’ouvrage, on entend « pique pique aïe aïe aïe mets ton dé et ça ira »
Écouter le vent dans les branches nues de l’hiver, entendre les oiseaux piailler devant la maison tous contents d’avoir trouvé les miettes que je leur ai laissées, ce sont des sons familiers de ma vie. Ouvrir mes oreilles pour essayer de les comprendre est devenue une habitude, une action douce de la vie presque naturelle… et c’est comme ça que je les ai surpris raconter leur histoire…
Un jour, les oiseaux décidèrent d’élire leur roi, parce qu’ils ne voulaient plus vivre sans maître.
C’est ce que j’ai cru comprendre, car je les ai bien entendu ensuite.
Les oiseaux voulurent se consulter avant de prendre leur décision et un beau matin du mois de mai, ils quittèrent leurs forêts et leurs champs pour tous se rassembler.
Un petit oiseau n’était pas d’accord, car il vivait librement et voulait continuer ainsi. C’était le vanneau. Il voletait tout affolé et gazouillait « où dois-je voler, où dois-je m’en aller ? » Finalement il décida de vivre à l’écart, s’installa au bord d’un marécage isolé et ne rejoignit plus jamais les autres.
Il y avait l’aigle, le pinson, le hibou et la caille, l’alouette et le moineau, le coucou et la huppe bref tous ceux qui existaient… La poule d’eau qui ignorait tout de l’élection prévue se trouva là par hasard et fut toute surprise par tant de monde. Elle se mit à caqueter « quoi ?quoi ? » Le coq la rassura en criant « c’est le grand rassemblement ! » lui expliquant ce qui se préparait en se vantant quelque peu « ils ont invité les héros, et moi-aussi ! ».
Un tout petit oiseau arriva en sautillant à la grande réunion et se mêla aux autres. Il n’avait pas encore de nom… (à suivre)
Je vous raconterai la suite demain…
Poser mon ouvrage et réajuster mes lunettes avant de le prendre sur mes genoux pour lui chanter une chanson ou lui lire une histoire sont des petits gestes naturels, des actions douces de ma vie comme poser mes lèvres sur sa tête pour un bisou pour répondre aux 53 billets en 2015 chez Agoaye et pour le challenge de #3xNoël organisé par Chicky Poo, Petit Spéculoos et Samarian en toute liberté.