Courrier particulier

Il est temps d’envoyer nos vœux de fin d’année… Ça me fait penser à ce courrier particulier qui a été envoyé il y a bientôt cent ans.

Courrier

« Tranchées-Palace, le 14 décembre 1914
Chers parents,
Il se passe des faits à la guerre que vous ne croiriez pas ; moi-même, je ne l’aurais pas cru si je ne l’avais pas vu ; la guerre semble autre chose, eh bien, elle est sabotée. Avant-hier (et cela a duré deux jours dans les tranchées que le 90ème occupe en ce moment) Français et Allemands se sont serré la main ; incroyable, je vous le dis ! Pas moi j’en aurais eu du regret.
Voilà comment est arrivé : le 12 au matin, les Boches arborent un drapeau blanc et gueulent : « Kamarades, Kamarades, rendez-vous. »
Ils nous demandent de nous rendre « pour la frime ». Nous, de notre côté, on leur en dit autant ; personne n’accepte. Ils sortent alors de leurs tranchées, sans armes, rien du tout, officier en tête ; nous en faisons autant et cela a été une visite d’une tranchée à l’autre, échange de cigares, cigarettes, et à cent mètres d’autres se tiraient dessus ; je vous assure, si nous ne sommes pas propres, eux sont rudement sales, dégoûtants ils sont, et je crois qu’ils en ont marre eux aussi.
Mais depuis, cela a changé : on ne communique plus ; je vous relate ce petit fait, mais n’en dîtes rien à personne, nous ne devons pas en parler à d’autres soldats.
Je vous embrasse bien fort tous les trois.

Votre fils, Gervais »
C’est une lettre que les parents de Gervais ont reçu aux environs de Noël. C’était un jeune homme calme, tendre et gai quand il partit sur le front. Il mourra à vingt et un an, tué pour la France en mai 1915.

C’est aussi ma participation au challenge « Il était une fois Noël » lancé par Chicky Poo, Samarian et petit-Speculos pour passer ce mois de décembre dans la joie à partager des courriers sympathiques et inattendus.

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