Il était une fois un des plus sulfureux ensorceleur de tous les temps qui fabriqua un bien curieux miroir magique. Ce sera mon histoire pour les plumes 17 d’Asphodèle.
C’était un bien méchant sorcier à l’esprit vénéneux, le diable en personne. Il façonna cette plaque, un jour où il était de fort bonne humeur. Cette psyché était très particulière. Quand le Bien et la Beauté se réfléchissait à l’intérieur, ils se réduisaient à presque rien, et tout ce qui était mauvais, apparaissait nettement et empirait sans délicatesse.
Les plus beaux bouquets de fleurs y semblaient moches comme de vieux légumes cuits et les plus jolies personnes dans leur contemplation y devenaient laides à faire peur, ou bien n’avaient qu’une tête et pas de corps. Les visages étaient déformés à en être méconnaissables. La moindre tache de rousseur devenait une affreuse tâche rouge recouvrant tout le visage. Les meubles aussi changeaient de forme et d’aspect, comme le piano prenant l’image d’une poubelle. Le diable trouvait ça très amusant.
Lorsqu’une pensée bonne et pieuse traversait l’esprit d’un homme, la glace ricanait à faire peur et le sorcier riait de sa prodigieuse invention.
Tous ceux qui allaient à l’école des sorciers racontaient à la ronde que c’était un miracle qu’il avait accompli là. Ils disaient que pour la première fois, on voyait comment la nature et les êtres étaient réellement, même si le reflet était éphémère. Ils couraient de tous côtés avec leur miroir et bientôt il n’y eut pas un pays, pas une personne qui n’eussent été déformés là-dedans.
Alors, ces apprentis sorciers voulurent voler dans la lumière du ciel, pour ravir le moindre reflet des anges et se moquer d’eux. Plus ils volaient haut avec le miroir, plus ils ricanaient. C’est à peine s’ils pouvaient le tenir mais ils volèrent de plus en plus haut pour être de plus en plus près de Dieu et de ses déesses. C’est alors que le miroir se mit à trembler si fort dans leurs mains qu’il leur échappa et tomba dans une chute vertigineuse sur la terre. Il se brisa en mille milliards de millions de morceaux dans un fracas épouvantable, et devint encore plus dangereux qu’avant. Certains morceaux n’étant pas plus gros qu’une goutte de rosée ruisselèrent par delà les monts et les vallées.
Le plus petit morceau avait conservé le même pouvoir que le miroir tout entier.
Si par malheur quelqu’un en recevait dans l’œil, le pauvre accidenté voyait les choses tout de travers ou bien ne voyait que le côté sombre et nocturne des choses. Quelques personnes eurent la malchance qu’un petit éclat leur sautât dans le cœur qui devint aussi dur qu’un bloc de glace. D’autres morceaux étaient, au contraire, si grands qu’on les employait pour faire des vitres, mais il ne faisait pas bon dans ce cas regarder ses amis à travers elles. D’autres petits bouts servirent à faire des lunettes, et là tout allait encore plus mal et aucune chose n’avait sa vraie couleur. Si quelqu’un les mettait pour bien voir et juger de la justesse des choses, le Malin riait d’un rire horrible et à s’en faire éclater le ventre.
Et il me semblait que cela allait durer bien longtemps…
Voici un résumé du premier chapitre de la reine des neiges d’Andersen. C’est ce que la mère raconte comme histoires dans l’Atelier durant ce mois de décembre pour que les journées semblent moins dures et soient plus gaies.