Rat de Noël et Souris pour la fin de mon histoire

Rat de Noël et Souris pour la fin de mon histoire

… Mémé devait partir. Sa petite valise était prête, elle fourra son éventail dedans et alla faire ses adieux à ses amies. Elles la savaient fatiguée et s’attendaient à la voir partir avant Noël sans connaître la date exacte. Puis Mémé est allée voir l’agriculteur pour lui vendre sa maison, s’il la voulait toujours. Vous pensez bien, qu’il la voulait! Aussitôt qu’elle fut partie, il courut à la petite maison.
Savez-vous la première chose qu’il a faite? C’est de sauter par la fenêtre de la chambre, pardi. Celle de l’automne. Sa passion, c’était les pommes. Du boudin aux pommes. Et des tartes. Il pourrait goûter aux marguilis aussi…

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Il a sauté une fois, deux fois, trois fois…Rien! Pas d’automne! Il tombait toujours dans le jardin enneigé au pied de la maison, là où la neige avait fondu en une grosse flaque tant il avait sauté. Il a essayé toutes les fenêtres, rien! C’était un homme têtu, il a sauté, sauté, il ne s’est arrêté qu’à la nuit tombée. Il s’est dit que demain il réussirait. Ce que faisaient les vieilles folles, il le ferait bien lui aussi. Et le jour suivant il a sauté, sauté, sauté. Il ne s’arrêta que pour manger et dormir. Il s’était levé à cinq heures du matin, et jusqu’à minuit, il sauta. Le deuxième jour, il ne s’est même plus arrêté pour manger ni dormir. Il transpirait. Il s’énervait. Le troisième jour, il est tombé sans connaissance sous la fenêtre…

C’est le facteur qui le trouva. Heureusement, il avait toujours dans sa poche un flacon de liqueur de marguilis que Mémé lui avait donné. C’était pour le réconforter quand il était fatigué de pousser son vélo dans les montées. Un flacon bien pratique, je l’avoue, car il restait toujours plein, même quand on avait bu. Il versa donc un peu de liqueur entre les lèvres de l’autre qui se réanima de suite. Et l’autre s’animait très fort en poussant des cris:
– Tout ce qu’elles ont raconté, c’était des histoires! Regarde où ça m’a mené, de les avoir crues! J’en ai assez, Je m’en vais. Je ne resterai pas un jour de plus dans cette maudite maison. Si tu la veux, je te la vends… à moitié prix.
Le facteur surpris et content accepta. Il allait se marier en fin de semaine et la petite maison lui plaisait beaucoup. Il y serait heureux avec sa bien-aimée.

Le dimanche avant Noël, sa bien-aimée lui dit soudain:
– Et si on sautait par la fenêtre? Nous n’avons jamais essayé!
– Tu sais bien que ça ne marche pas, a répondu le facteur.
– Rien qu’une fois! a demandé la bien-aimée.
Il ne faisait pas bien chaud, et la neige n’avait pas cessé de tomber ces jours derniers. Un épais tapis blanc recouvrait le jardin.
Ils ont sauté, l’un après l’autre… hop et hop! ça y était. Ils étaient dans l’été!
Et le facteur comprit. Ce n’était pas assez de passer par la fenêtre. Il fallait aussi avoir un cœur simple et ouvert vers les autres.

Aux dernières nouvelles, le facteur et sa bien-aimée sont très heureux dans leur petite maison si bien située. Les trois amies ont une santé de fer – le facteur leur apporte parfois en cachette des marguilis. De temps en temps, elles se disent l’une à l’autre:
– Tu te souviens, quand Mémé était là, comme on s’amusait? On garde de bien bons souvenirs passés ensemble. Quel dommage qu’elle soit partie.
La vie est comme ça. Elle va et vient, elle passe avec de tendres rencontres parfois. Si elle restait immobile, la vie ne serait pas la vie.

D’après une histoire racontée autrement un soir du 19 septembre 2005 par Laurence LAMIABLE. C’est ma participation au challenge « Il était une fois Noël » lancé par Chicky Poo, Samarian et petit-Speculos pour passer ce mois de décembre dans la joie, la gaieté et la lumière par nos lectures et nos histoires.

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