Je ne l’avais pas vu se rapprocher de mes ouvrages. Rat de Noël. Il est sorti de mon livre et a, bien sûr, perdu la page. Il est sur mes tissus et je crois qu’il admire les couleurs. Je vois bien ses oreilles se dresser vers ma bouche. Il s’installe en boule sous mon menton et se déplace au fur et à mesure que je tourne la tête, tantôt à droite, tantôt à gauche. Entendrait-il ce que je raconte?
« Il y avait dans ce village, une petite maison avec une porte vitrée et quatre fenêtres, une sur chaque côté. Longtemps elle était restée inhabitée. Et puis un jour peu avant Noël, on a vu arriver un camion d’où deux déménageurs costauds sont descendus. Une petite dame les suivait, ils l’appelaient « Mémé ». Il faisait très froid et Mémé fut très vite installée dans sa nouvelle maison.
Quand elle est allée faire ses commissions au village, on lui a demandé: » Alors, Mémé, vous plaisez-vous, dans votre maison? « Elle répondait à tous: » Oui, je l’adore. Elle est tellement bien située ». Les gens ne voyaient pas en quoi cette maison était mieux placée que les autres, mais puisque Mémé était contente, c’était le principal.
Dans ce village, il y avait trois autres grands-mères: une grande, une moyenne et une petite quoique moins petite que Mémé. Un après-midi, elles vinrent l’inviter à faire une partie de cartes. Pas de chance. Mémé n’avait jamais appris a jouer, même pas à la bataille ni au menteur. Elle s’embrouillait et confondait les rois et les valets. Ce qu’elle aimait, c’était se promener. Alors malgré la neige, ces mamies lui ont proposé d’aller marcher ensemble dans la forêt, elles iraient par les chemins dégagés. Mais, à leur surprise, Mémé leur répondit:
– C’est moi qui vous montrerai de nouveaux chemins, si vous le voulez bien. Ma maison est si bien située que la fenêtre de la salle à manger donne sur le printemps, celle du salon sur l’été, celle de la chambre sur l’automne et celle de la cuisine sur l’hiver. La porte est pour la saison de tout le monde. Venez voir.
Les petites mères se sont approchées d’une fenêtre, d’une autre, d’une troisième et elles n’ont vu ni printemps, ni été, ni rien d’autre que le petit jardin gelé de tous les jours.
– Bien sûr, a expliqué Mémé, il faut d’abord passer par la fenêtre, il faut que vous sautiez.
Sauter par la fenêtre! Jamais elles n’oseront! Elles trouvaient que ça leur donnerait mauvais genre et surtout que ce n’était pas commode avec leurs jupes.
La plus grande qui était futée et un peu méfiante dit:
– Excusez-nous, aujourd’hui nous ne pouvons pas. Mais si vous allez dans l’été et que vous puissiez nous rapporter une poignée de cerises, ça nous ferait bien plaisir.
– Je sais où en trouver, dit Mémé. Mais si les oiseaux ont tout mangé, je vous cueillerai des marguilis, c’est délicieux.
En rentrant, elles jacassaient toutes les trois, comme des pies et se demandaient ce qu’il fallait en penser. D’après la grande, Mémé devait avoir la tête un peu dérangée. Ça ne tenait pas debout, ce qu’elle racontait! La moyenne disait qu’on ne sait jamais et qu’on verrait bien demain. Et la petite n’arrêtait pas de répéter qu’elle la trouvait très gentille, Mémé, très gentille, mais vraiment très gentille! Si bien que la grande un peu agacée lui a répliqué qu’elle donnait sa confiance bien vite et qu’à son avis, les cerises, elle n’était pas près d’en manger! Et les marguilis, qu’est-ce que c’était que ça, des marguilis? Est-ce que quelqu’un en avait jamais entendu parler?
Pourtant, le lendemain, dans son tablier, Mémé leur a apporté une poignée de cerises à chacune.
Elles l’ont bien remerciée et la grande a encore demandé:
-Quand vous irez dans le printemps, si ça ne vous dérange pas trop, un bouquet de violettes nous ferait bien plaisir! » …
Il vous faudra attendre demain pour lire la suite. Ne sachant toujours pas ce qu’est un RAT et un PAL, j’ai pourtant posé la question, c’est ma participation au challenge « Il était une fois Noël » lancé par Chicky Poo, Samarian et petit-Speculoos pour que nous passions un mois de décembre dans la douceur par nos lectures et dans la préparation de nos cadeaux avec nos RATs.