Deux belles maîtresses
Y a des histoires d’amour que l’on dit impossibles
Et seul le temps les couvre de leurs ruptures terribles
J’ai eu deux belles maîtresses, pendant plus de huit mois
Elles étaient sans paresse, et elles n’aimaient que moi
Toujours l’une derrière l’autre sans jamais se fâcher
Elles étaient deux apôtres à mes pieds, enlacées.
Je les ai connues à Auch, elles sortaient d’une boîte
L’une était à ma gauche et l’autre mal à droite.
Elles avaient grand plaisir à se faire marcher.
A se faire courir, à se faire sauter.
Aussi, je n’ai pu croire à leurs virginités
Lorsque le soir venu, je les ai pénétrées.
Ça s’est fait sans un cri, tout juste un peu serré
Et quand j’en suis sorti, j’ai pu prendre mon pied.
Elles ne m’ont pas quitté malgré toutes les souffrances
Que je leur ai données souvent par ignorance.
Les coups sur les trottoirs, les attentes dans les gares
Et ces déchets de chiens, qu’elles prenaient pour un rien.
Et si je suis ici, devant vous tout penaud
C’est que votre vernis a quitté votre peau
Pardonnez-moi, mes belles, mais je dois vous laisser
Là dans cette ruelle, toutes nues, sans lacets.
Vous avez trop vieilli, vous n’êtes plus très sûres
Vous que j’ai tant chéries, vous mes vieilles chaussures.
de Gilles Butin
paru dans Short-édition
Voici les miennes, tricotées avec des aiguilles n°10 sur 20m et 18rgs mousse et 14rgs jersey puis 6rgs de diminutions….
je ne m’en suis pas encore séparée, peut-être parce qu’il n’y a ni vernis et ni coup dans les trottoirs!