Pour ce 7ème épisode du grand chantier initié par la Mère Castor, il était sur le chemin du retour.
La canne à la main, il avait quitté le sentier ; des rangées de pavés traversaient la rue, il piétinait le morse à présent.
Toute la journée, il avait broyé des pierres pour en faire du ciment, ses habits étaient imprégnés de l’odeur du mort-plain.
Pour revenir de la mortellerie, il avait traversé les vergers et le sous-bois, le mort-bois y était épais.
Ce soir il rapportait quelques fruits et un gros bouquet de mortine sous son bras; de bien belles fleurs sauvages sans mosaïque, qu’il avait ramassées là!
La nuit tombait, c’était la période de morte-eau ; il apercevait quelques veilleuses au loin, semblant flotter comme des mort-gages et les bâtiments paraissaient colorés d’un brun de mélasse ou de moscouade et un air frais aux senteurs de moschifère caressait son visage.
Bientôt il arriverait dans la rue des artisans, il entendait déjà le bruit du va-et-vient du métier des fabricants de tulle et le tap-tap dans l’atelier des parcheminiers dont les peaux tendues, couvertes de mouches, masquaient les fenêtres. Pour l’heure, il longeait une étendue d’eau d’où quelques poissons bondissaient pour happer les insectes,
tout près, sous une charpente de marine, à l’ombre d’un moucharabieh de fleurs et de feuilles, des hommes jouaient aux cartes; à l’écarté, peut-être !
Il tâta sa poche, et reconnut la partie saillante de son couteau, il y avait aussi un mouchoir et une petite pièce…